La dégradation de l'environnement reste la deuxième préoccupation des Français
Malgré le contexte de crise sanitaire, les menaces sur l'environnement restent parmi les sujets qui inquiètent le plus les Français. Selon la synthèse d’une enquête réalisée pour l'Ademe par le Credoc publiée ce 18 octobre, 81% des Français souhaitent que les pouvoirs publics déploient des moyens en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique similaires à ceux de la lutte contre le Covid-19. Les citoyens interrogés expriment aussi des attentes fortes envers les pouvoirs publics en termes de services publics, de relocalisation et d’action environnementale.
Sur fond de crise sanitaire, la dégradation de l'environnement reste le deuxième sujet de préoccupation des Français, derrière la violence et l’insécurité selon la synthèse d’une enquête réalisée pour l’Ademe par le Credoc* publiée ce 18 octobre. Malgré un léger recul (3 points par rapport à janvier 2020), 28% des personnes interrogées plaçaient, début 2021, les menaces sur l'environnement dans leurs deux préoccupations principales parmi une liste de 11 sujets. La thématique environnementale arrive dans cette enquête devant l’immigration ou le chômage. En outre, le réchauffement climatique est la principale inquiétude sur le plan environnemental. "Depuis dix ans, les catastrophes naturelles occupent une place croissante parmi les préoccupations environnementales (+15 points depuis 2007), avec la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, commente l'Ademe. L’année 2020 a par exemple été la plus sèche jamais enregistrée par Météo France. Un nombre record de tempêtes dans l’Atlantique a également été atteint."
Demande d'"action forte" de la part des pouvoirs publics
Face au réchauffement climatique, les Français interrogés plébiscitent une action forte et sans concession de la part des pouvoirs publics : 81% d’entre eux souhaitent que les mêmes moyens soient déployés pour la lutte contre le réchauffement climatique que pour la lutte contre le Covid-19. Dans les domaines d’action prioritaires pour l’Etat à la sortie de la crise, le renforcement des services publics arrive en tête, devant la relocalisation de certaines productions et la réduction de l’impact de l’homme sur la planète. Si le constat de la nécessité d’agir rapidement est largement partagé, la manière dont ces politiques doivent être conduites l'est beaucoup moins. La question de l’arbitrage entre règles collectives et protection des libertés individuelles divise davantage en matière de protection de l'environnement que dans le domaine de la santé. Si 48% des Français approuvent l’idée selon laquelle des règles collectives doivent être mises en place pour limiter les comportements individuels nocifs pour l’environnement, même si c’est aux dépens de certaines libertés individuelles, ils sont aussi nombreux à estimer que la préservation des libertés individuelles doit prévaloir sur la défense d’enjeux collectifs liés à l’environnement.
Oui à la fiscalité carbone sous certaines conditions
En matière de fiscalité, ils se disent en attente d'un système plus juste. En janvier 2021, près des 3/4 des citoyens avaient ainsi l’impression d’être perdants, entre ce qu’ils versent aux administrations publiques (impôts, taxes ou cotisations sociales) et ce qu’ils reçoivent en retour. Pour une meilleure redistribution, 29% préconisent une taxation accrue des hauts revenus, tandis qu’une proportion identique propose que l’impôt sur le revenu soit élargi à toute la population ; 24% envisagent de leur côté la suppression des niches fiscales alors que seulement 17% s’opposent à toute nouvelle charge fiscale et préconisent plutôt une diminution des impôts et des taxes (pourcentage en baisse) ; 53% seraient prêts à payer plus d’impôts pour certains domaines d’action publique, en premier lieu pour la santé (22%) et en second lieu pour l’environnement (15%). Face à un sentiment d’insécurité croissant, les Français interrogés réclament un "Etat fort" et un renforcement des politiques publiques et sociales afin d’anticiper ou de protéger au mieux les populations et de limiter les risques éventuels (sanitaires, économiques ou environnementaux).
Selon l'enquête, le soutien à une taxe spécifique sur les énergies fossiles ou "taxe carbone" reste stable : en janvier 2021, 22% de la population accepterait spontanément de payer une telle taxe. En cumulant les personnes favorables à la mesure sans condition et celles prêtes à changer d’avis sous condition (39%), 61% de la population pourrait l’accepter. Mais les citoyens émettent plusieurs conditions pour cela. Les principales sont que l’utilisation des recettes serve à financer des mesures en faveur de la transition, que la taxe carbone soit compensée par la baisse d’autres impôts et que la redistribution soit destinée aux catégories modestes et moyennes.
Des services publics plus forts et moins d'inégalités
Enfin, 73% des citoyens souhaitent voir la société se transformer et évoluer vers de nouveaux horizons. Un chiffre en progression après trois ans de recul. Parmi les personnes interrogées, 40% s’expriment en faveur de réformes progressives, 33% pour des changements radicaux. Sur leurs souhaits de "société idéale", ils se prononcent pour des services publics plus forts (80% estiment qu'il faudrait leur consacrer plus de moyens), moins d’inégalités (73% seraient favorables à ce que les écarts de revenus soient moins importants et 69% veulent une redistribution plus importante), plus de démocratie (72% voudraient que les citoyens soient davantage impliqués dans les décisions qui concernent la collectivité), et un accent mis sur l‘écologie - 72% sont en faveur d’une règlementation imposée sur la consommation afin de maîtriser l’impact de nos modes de vie sur l’environnement et 69% se prononcent pour une société qui soutiendrait exclusivement les activités économiques qui préservent l’environnement et la cohésion sociale et qui pénaliserait celles qui nuisent à l’environnement.)
*Enquête de janvier 2021 réalisée en ligne auprès d'un échantillon de 3.000 individus représentatifs de la population âgée de 15 ans et plus, résidant en France métropolitaine, en Corse et dans les DROM.