A la campagne, le trajet domicile-travail a augmenté de moitié en vingt ans
Les trajets domicile-travail ont augmenté de moitié en vingt ans en zone rurale, d'après l'étude de l'Insee publiée le 25 mai 2023. Un phénomène dû à la périurbanisation et à la concentration des emplois dans les pôles. L'emploi augmente moins vite dans l'espace rural tandis que la population active y croit deux fois plus vite que dans l'urbain.
En zones rurales, le trajet domicile-travail a augmenté de moitié en vingt ans, les habitants effectuant chaque jour près de 320 millions de kilomètres aller et retour contre 200 millions en 1999. Dans une étude publiée le 25 mai 2023, l'Insee indique ainsi que la distance médiane entre le domicile et le travail pour les actifs ruraux s'établit à 13 km en 2019, soit 4 kilomètres de plus qu'en 1999, contre 2,3 kilomètres pour l'ensemble des actifs en emploi. Cette augmentation est due à la périurbanisation et à la concentration de l'emploi dans les pôles urbains. "En effet, l'emploi augmente moins vite dans l'espace rural que dans l'espace urbain entre 1999 et 2019 (+10% contre +16%), précise l'Insee, dans le même temps, la population active en emploi croît deux fois plus vite dans le rural que dans l'urbain (+21% contre +11%), notamment dans les zones périurbaines". Et l'augmentation du trajet est surtout portée par les actifs résidant dans l'espace rural et travaillant dans une zone urbaine. Elle va de pair avec la baisse du nombre de personnes qui vivent et travaillent dans la même commune. Un phénomène particulièrement observé dans l'ensemble du rural, et de manière plus accentuée encore dans les bourgs ruraux non périurbains que dans ceux périurbains. "Les actifs occupés habitant dans un bourg rural non périurbain sont d'ailleurs les plus concernés par l'allongement de la distance domicile-travail (+5 km en vingt ans), souligne l'étude, même si ce sont eux qui effectuent dans l'ensemble les plus courts trajets parmi les ruraux, du fait d'une plus grande part d'actifs qui restent travailler dans leur commune de résidence".
Des trajets en fort allongement dans le grand Sud-Ouest
A noter, les trajets domicile-travail se sont fortement allongés pour les actifs ruraux à proximité du grand Sud-Ouest, en particulier dans les départements du Gers (+7 km), du Tarn-et-Garonne (+6 km) et des Pyrénées-Orientales (+5 km). L'étude explique que pour ces territoires, la part d'actifs en emploi restant travailler dans leur commune rurale de résidence a tendance à diminuer (-15 points en vingt ans), avec le repli de l'emploi agricole. Un allongement qui s'observe aussi près de Bordeaux (+8 km en Gironde), à la suite d'une baisse importante du nombre d'actifs ruraux girondins en emploi vivant et travaillant dans la même commune. A l'inverse, en Corse, la distance domicile-travail n'a augmenté que de 2 km en vingt ans alors qu'elle était la deuxième plus élevée en France métropolitaine hors Ile-de-France pour les actifs en emploi résidant dans le rural (9 km). Le nombre d'actifs ruraux en emploi résidant et travaillant dans la même commune diminue mais moins qu'ailleurs.
Assez logiquement, la distance médiane s'allonge notamment pour les cadres qui effectuent de plus longs déplacements que la moyenne (18 km en 2019 contre 13 km vingt ans avant), et particulièrement ceux qui habitent dans les bourgs ruraux non périurbains, les professions intermédiaires et les ouvriers hors agricoles. "En revanche, la distance médiane est stable pour les agriculteurs et ouvriers agricoles : 2 km pour la moitié d'entre eux, en 2019 comme en 1999", insiste l'Insee.
Ces données posent la question du coût du transport, des émissions de gaz à effet de serre et de l'offre de transports en commun puisque les trajets sont la plupart du temps effectués en voiture. Elles amènent à revisiter les enjeux liés à la relocalisation de l'emploi dans l'espace rural. "Cependant depuis le début de la crise sanitaire, la fréquence des trajets a pu diminuer à la faveur du développement du télétravail", indique positivement l'Insee.