La Bretagne adopte des orientations pour adapter ses littoraux à l'érosion côtière
Le conseil régional de Bretagne a adopté ce 16 février un document d'orientations pour adapter les secteurs littoraux à l'érosion côtière. Premier du genre à cette échelle, il vise à aider les collectivités à prendre en compte dans leur politiques locales d'aménagement et d'urbanisme les études scientifiques les plus récentes menées sur l'élévation du niveau de la mer et les risques de submersion.
Le conseil régional de Bretagne a adopté ce 16 février un "document d’orientations pour la gestion du trait de côte" qui vise à préciser l’ambition et les actions conjointes de la région et de l’État en la matière. Le document rappelle qu'"en 300 ans, le marégraphe du port de Brest a permis de constater que le niveau de la mer a augmenté de 30 cm (soit un mm/an en moyenne)". Avec un réchauffement climatique de +3°C à la fin du siècle, la hausse de la mer pourrait atteindre un mètre sur la même période.
127.000 habitants exposés à un risque de submersion marine
"Plus de 80 édifices protégés au titre des monuments historiques sont menacés par l'élévation du niveau de la mer en Bretagne" mais aussi 41.000 logements, 42.000 emplois et plus de 100.000 hectares de terres agricoles, soit 4,3% du total, relève notamment le document adopté. Ce dernier met en exergue le cas de la ville de Carnac (Morbihan), célèbre pour ses alignements de menhirs, qui compte plus de 70% de résidences secondaires et où "2.000 bâtiments sont menacés par l'érosion et/ou la submersion marine à l'horizon 2100". Avec l'urbanisation continue de la bande côtière, le document met en garde contre les possibles "pertes humaines" et "des dégâts et des coûts économiques et sociaux de plus en plus importants au fil du temps".
Alors que près de 127.000 personnes résident dans des zones basses littorales exposées à un risque de submersion marine, dont 25.000 à Saint-Malo, l'objectif principal de ce document, le premier adopté par une région, est d'aider les collectivités et communes littorales à prendre en compte dans leur politiques locales d'aménagement et d'urbanisme les études scientifiques les plus récentes menées sur l'élévation du niveau de la mer et les risques de submersion.
Aide aux communes
Les communes volontaires (93 actuellement, selon les décrets d'application de la loi Climat et Résilience du 29 avril 2022 et du 31 juillet 2023) sont invitées à réaliser avant trois ans des cartes d'érosion à 30 ans et à 100 ans, puis à intégrer ces résultats dans leur plan local d'urbanisme (PLU) avec un règlement "très restrictif". Tout en favorisant la concertation avec les habitants, elles pourraient également "préempter des biens dans la zone d'érosion à 30 ans".
"La région apporte une aide d'ingénierie, de compétences, et on demande aux communes de rechercher des solutions locales", adaptées à la configuration des lieux, explique Daniel Cueff, vice-président Mer et Littoral au conseil régional. D'une grande diversité (48% de falaises rocheuses mais 24% de côtes sableuses), ces 4.900 km de côtes constituent "une dentelle bretonne spécifique, plus complexe à appréhender, à observer et à gérer" que dans d'autres régions métropolitaines. Cela explique la diversité de solutions envisagées selon les territoires et les enjeux, notamment économiques, présentés par les différents sites : "se protéger", "s'adapter", "renaturer et, si nécessaire, relocaliser" voire "laisser faire la nature", comme laisser revenir la mer sur des polders agricoles.