La barre des 1.000 réseaux de chaleur a été franchie en 2023

Selon l’enquête annuelle sur les réseaux de chaleur et de froid (EARCF) publiée ce 7 novembre, la France a franchi la barre symbolique des 1.000 réseaux de chaleur en 2023 (+6% par rapport à 2022), avec 2.685 bâtiments supplémentaires raccordés. Principalement situés en zone urbaine dense, ils desservent près de 50.000 sites pour un total de 26,1 TWh de chaleur livrée aux utilisateurs finaux (hors pertes de distribution et livraisons à d’autres réseaux de chaleur). Ils proposent un bouquet énergétique dominé par les énergies renouvelables (48% de leur consommation en 2023) et le gaz naturel (33%), y compris le biométhane injecté sur le réseau.

Le développement des réseaux de chaleur s'est poursuivi en 2023 en France, avec le franchissement de la barre symbolique des 1.000 réseaux (+6% par rapport à 2022) et le raccordement de 2.685 bâtiments supplémentaires, selon l'enquête annuelle  publiée ce 7 novembre. "En trois années, plus de 1.300 km de réseaux de chaleur ont été installés, soit une hausse de 21% du linéaire total", indique dans l'édito de l'étude Yann Rolland, président de Fedene Réseaux de chaleur et de froid, partenaire avec Amorce de cette enquête pilotée par le SDES (service statistiques des ministères du Partenariat avec les territoires, de la Transition écologique et du Logement). Le cap des 50.000 logements raccordés a aussi été dépassé l'an passé.

Stabilité des livraisons de chaleur en 2023

Les réseaux de chaleur, qui s'étendent sur 7.515 kilomètres, ont fourni en 2023 26,4 TWh de chaleur - sensiblement la même quantité qu'en 2022 -, soit l'équivalent de la consommation de chaleur d'environ 2,9 millions de logements. "Cette stabilité des livraisons de chaleur, alors que le nombre de bâtiments raccordés augmente s'explique par un hiver particulièrement doux et la poursuite des efforts de sobriété des consommateurs", commente Yann Rolland. Corrigées des variations climatiques et comportementales, les livraisons de chaleur auraient augmenté de 6% entre 2022 et 2023. Selon le président de la Fedene, la montée en puissance de la filière au cours de cette période est avérée si on la compare aux baisses de consommations globales des énergies dans le secteur résidentiel (-6,3% pour le gaz et -2,5% pour l'électricité).

Le secteur résidentiel est le principal bénéficiaire de la chaleur produite par les réseaux de chaleur avec 11,7 TWh de chaleur commercialisée livrée en 2023, suivi par le secteur tertiaire avec 11 TWh. Le secteur industriel achète 0,8 TWh de chaleur auprès des réseaux, tandis que les secteurs de l'énergie et de l'agriculture se partagent à eux deux 2,5 TWh.

Souvent gérés par des collectivités locales, les réseaux de chaleur sont principalement concentrés dans les grandes villes rappelle le SDES dans son résumé de l'enquête . Ces systèmes sont particulièrement présents en Île-de-France (9,7 GW de puissance thermique), en Auvergne-Rhône-Alpes (3 GW), et dans le Grand Est (2,4 GW).

Des réseaux alimentés à près de 50% par les énergies renouvelables 

Le bouquet énergétique des réseaux est dominé par les énergies renouvelables (EnR) - 48% de la consommation des réseaux en 2023 - et le gaz naturel (33 %), y compris le biométhane injecté sur le réseau. Au sein des énergies renouvelables, la biomasse est le premier combustible utilisé (25 % de la consommation des réseaux). Par rapport à 2022, la consommation d’énergies renouvelables est stable (-0,8%). "Les énergies de récupération sont en baisse (-3,9%) alors que la consommation de gaz naturel (+8,3%) et des chaudières électriques (+20,3%) progresse, en lien avec une détente des prix", relève le SDES.

"Depuis 2010, la production de chaleur à partir d’énergies renouvelables a plus que triplé et celle à partir d’énergies de récupération a progressé de 58%, commente-t-il. Cette croissance des combustibles renouvelables et de récupération s’est accompagnée d’un recul du gaz naturel (-22%) tandis que le charbon (10% de la consommation totale en 2010) et le fioul et GPL (10% de la consommation totale en 2010) ne sont désormais quasiment plus utilisés".

Des réseaux de froid encore trop peu développés

En 2023, 43 réseaux de froid alimentent plus de 1.600 bâtiments sur le territoire français (plus de 5% de raccordements en un an). Mais "c’est encore trop peu, souligne le président de la Fedene. Leur développement devra s’accélérer pour produire 2 TWh de froid renouvelable supplémentaires en dix ans".

Les efforts de verdissement et d'extension des réseaux de chaleur doivent aussi être poursuivis pour atteindre les objectifs ambitieux de la prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) actuellement soumise à consultation : 68 TWh de chaleur livrée dont 75% à partir d'énergies renouvelables et de récupération (ENR&R) - soit 51 TWh - en 2030 puis jusqu'à 90 TWh dont 80% à partir d'ENR&R (72TWh) en 2035.