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Jusqu'à 17 réacteurs nucléaires pourraient être fermés en 2025, selon Nicolas Hulot

Interviewé sur RTL ce 10 juillet, le ministre de la Transition écologique et solidaire a cité le chiffre de 17 réacteurs nucléaires à fermer pour tenir l'objectif de réduction de 75% à 50% de la part de l'atome dans la production d'électricité à l'horizon 2025 inscrit dans la loi de transition énergétique. Mais de nombreux experts jugent cette échéance difficile à tenir. 

Peu disert sur la question du nucléaire lors de la présentation du Plan climat du gouvernement le 6 juillet (lire notre article ci-dessous), Nicolas Hulot a été plus précis au cours de son intervention à la matinale de RTL ce 10 juillet, à propos de la mise en œuvre de la loi de transition énergétique qui vise à ramener de 75% à 50% la part de l'atome dans la production d'électricité à l'horizon 2025. "Chacun peut comprendre que pour tenir cet objectif, on va fermer un certain nombre de réacteurs (...), laissez-moi planifier les choses, ce sera peut-être jusqu'à 17 réacteurs, il faut qu'on regarde", a déclaré le ministre de la Transition écologique et solidaire.
"Chaque réacteur a une situation économique, sociale et même de sécurité très différente", a souligné, Nicolas Hulot, qui veut "planifier" la transition vers une production d'électricité plus diversifiée et mener les fermetures de manière "non symbolique" et "non dogmatique".

Nombreuses inconnues

Le chiffre avancé par le ministre n’est pas nouveau. Dans son rapport de février 2016, la Cour des comptes avait notamment estimé que l’objectif de réduction de la part du nucléaire figurant dans la loi de transition énergétique entraînait la fermeture de 17 à 20 réacteurs. Reste que ce chantier comporte encore de multiples inconnues.
De nombreux experts jugent ainsi l'échéance de 2025 difficile à tenir. Les trois-quarts des 58 réacteurs français atteindront leurs 40 ans d'ici à 2027. La prolongation de leur durée de vie au-delà est suspendue à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui devrait se prononcer "plutôt en 2019" sur la question, a rappelé ce lundi à l'AFP une porte-parole de l'Autorité. Pour EDF, une telle prolongation permettrait de préparer plus sereinement le remplacement de son parc, mais cela impliquerait 48 milliards d'euros d'investissements sur la période 2014-2025 dans le "grand carénage", programme de maintenance lourde des centrales.
Difficilement actée dans les derniers jours du quinquennat de François Hollande, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne du parc nucléaire français, ne devrait intervenir qu'au moment de la mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche), prévue pour l'instant en 2019. Mais cette fermeture est d'ores et déjà vivement contestée par des élus régionaux et les syndicats d'EDF. De quoi augurer d'autres difficultés en cas de fermetures supplémentaires.

Défis technologiques

Alors que les capacités de production d'électricité à partir du charbon et du fioul sont en baisse, le développement des énergies renouvelables (éolien, solaire) est aussi confronté à différents défis technologiques, notamment en matière de stockage d'énergie. "La plus grosse difficulté c'est l'intermittence", souligne François-Marie Bréon, chercheur au laboratoire des Sciences du climat et de l'environnement interrogé par l'AFP. L'éolien et le solaire "sont des énergies fatales - qui arrivent quand les conditions météorologiques sont favorables - donc on est obligé d'avoir autre chose" en complément, pour prendre le relais, détaille-t-il. Face aux risques d'approvisionnement énergétique, la France serait donc amenée, selon cet expert, à utiliser des centrales thermiques au gaz, émettrices de CO2. Dans ce cas de figure, elle pourrait avoir des difficultés à tenir ses engagements de réduction d'émission de gaz à effet de serre, son ambition étant d'atteindre en 2030 une diminution de 40% par rapport au niveau de 1990.