Jean Bassères veut que soit tranchée la question de décentralisation de Pôle emploi
À l’occasion de ses vœux à la presse le 23 janvier, le directeur général de Pôle emploi a détaillé les principales orientations de la convention tripartite qui lie son institution à l’État et à l’Unedic pour la période 2019/2022. Outre sa contribution au renforcement de l’IAE, figurent au programme de 2020 les modalités de l’abondement au CPF et l’amélioration des relations avec les régions en matière de formation.
Si la feuille de route de Pôle emploi pour les trois prochaines années – fixée par la convention signée fin 2019 avec l’Etat et l’Unedic – est chargée, elle ne vise qu’un seul objectif : accélérer le retour à l’emploi durable des chômeurs. Pour ce faire, tous les leviers seront utilisés. "L’enjeu, a indiqué Jean Bassères lors de ses vœux à la presse le jeudi 23 janvier, est d’utiliser tous les dispositifs existants et nouveaux afin que la reprise économique bénéficie au plus grand nombre et surtout aux personnes les plus éloignées de l’emploi". Le directeur général de Pôle emploi se fixe des objectifs ambitieux : accroître de 130.000 personnes (70.000 en 2019) le nombre de bénéficiaires de l’accompagnement global, c’est-à-dire à la fois par Pôle emploi et les services sociaux ; développer les emplois francs, dont le bilan est jusqu’à présent mitigé, grâce à la généralisation depuis le 1er janvier 2020 à tous les quartiers de la politique de la ville ; renforcer la sortie des parcours emploi compétences ; et en matière de formation, rebondir sur les PIC (plans d’investissement dans les compétences) grâce aux pactes régionaux. En 2019, Pôle emploi a bénéficié d’une enveloppe de 450 millions du PIC.
La discussion plutôt que le procès d’intention
Des ajustements devront cependant être opérés. C’est d’ailleurs dans ce sens et afin d’améliorer la collaboration Pôle emploi/régions, que le Premier ministre a proposé à quelques régions (leur nom sera bientôt annoncé) d’expérimenter un dispositif qui consistera à créer une instance dans laquelle on discutera de "sujets très opérationnels". Parmi ces derniers figure notamment celui de la sous-utilisation des places de formation créées par les régions, sous-utilisation dont la faute est attribuée à Pôle emploi. "Les conseillers Pôle emploi dirigent-ils les personnes vers les formations que nous achetons ?", interroge le directeur, "je ne crois pas, mais plutôt que de faire des procès d’intention, que l’on en discute concrètement et que l’on essaie d’en trouver les raisons". Mais Jean Bassères souhaite que "les politiques des régions soient associés à ces discussions, car il s’agit de sujets qui dépassent les dimensions techniques". Quant à la question de savoir s’il faut ou pas décentraliser Pôle emploi, ce dernier convient qu’il faudrait que cette délicate question "soit tranchée". Il s’agira aussi d’améliorer la collaboration avec les nouveaux opérateurs de compétences pour mieux travailler sur les besoins spécifiques de chaque secteur.
IAE : sortir des relations administratives
Quant à l’abondement du compte personnel de formation (CPF) qui sera possible à partir d’avril 2020, Pôle emploi travaille sur les conditions pour le faciliter. "Nous accorderons une aide individuelle si nous estimons qu’elle est compatible avec un retour à l’emploi", assure Jean Bassères. "C’est avec l’aide individuelle que nous envisageons d’assurer le complément du CPF", assurant qu’il "n’a pas de sujet budgétaire avec la formation".
Autre priorité pour 2020 : l’insertion par l’activité économique (IAE). Très associé aux travaux visant à la renforcer, Pôle emploi s’engage à orienter davantage les demandeurs d’emploi dans cette voie afin notamment de participer à l’ambition du Conseil pour l’inclusion dans l’emploi que ce secteur puisse recruter 100.000 bénéficiaires supplémentaires d’ici à 2022. Ainsi, les relations avec les réseaux de l’IAE vont être renforcées pour, notamment, fluidifier l’entrée dans le dispositif et mieux accompagner les bénéficiaires en sortie. "Les relations avec les acteurs de l’IAE étaient très administratives, reconnaît Jean Bassères. Il fallait que les personnes embauchées par ces structures soient agrées par Pôle emploi. Avec le Conseil pour l’inclusion dans l’emploi, nous avons convenu de sortir de cette logique administrative en abandonnant la notion d’agrément pour aller vers davantage de collaboration." Reste à déterminer au niveau d’un écosystème local "comment favoriser les liens entre nos agences qui doivent bien identifier les personnes, et les structures de l’IAE pour bien gérer la sortie de l’IAE vers un emploi".
Alternance chômage/activité : une nouvelle prestation
Enfin, parmi les nouveautés de 2020 et en lien avec la mise en œuvre des nouvelles règles de l’assurance chômage à compter du 1er avril 2020, Pôle emploi proposera une nouvelle prestation à destination des demandeurs d’emploi qui alternent périodes de chômage et d’activité. L’objectif est d’arriver à un retour à l’emploi durable dans les 5 mois à partir du début de la prestation. Confiée à des opérateurs privés en cours de sélection dans chaque région, celle-ci doit permettre d’identifier les raisons de l’alternance (mauvaise technique de recherche d’emploi ? pas de recherche sur d’autres secteurs ?).