Investissements locaux dans l'UE : des lignes de fracture toujours saillantes
Publiée ce 8 avril, l'enquête* 2025 de la Banque européenne d'investissement sur l'état des investissements locaux dans les infrastructures dans l'UE témoigne de la persistance de lignes de fracture saillantes entre les 27. Ces dernières traversent parfois les États eux-mêmes : l'étude montre ainsi qu'en France, la croissance moyenne du PIB entre 2021 et 2023 atteignait plus de 5% en Languedoc-Roussillon, en Corse et en Champagne-Ardenne alors qu'elle était inférieure à 2% en Limousin et en Auvergne (l'outre-mer n'étant pas représenté). Mais pour l'essentiel l'étude se concentre sur une échelle plus large.
Elle met singulièrement en exergue l'augmentation "à un rythme record" de l'investissement public depuis 2023, sous l'impulsion des différents plans de relance. Cela a été particulièrement le cas dans l'Europe du sud : l'Italie et l'Espagne, davantage touchées par le Covid, ont grandement bénéficié de la manne européenne. Elle observe encore que cet investissement public est plus que jamais porté par l'investissement public local, lequel représente les deux tiers de l'augmentation constatée. Il a même connu en 2023 "sa plus forte augmentation depuis des décennies", et continuait d'augmenter en 2024. Il représente jusqu'à 80% du total des investissements publics dans l'Europe de l'ouest et du nord, alors qu'il est moins prononcé (environ 40%) dans une Europe centrale et orientale "plus centralisée".
S'agissant des freins à l'investissement, viennent en tête le manque de fonds, la bureaucratie et l'incertitude réglementaire. Là-encore, les disparités sont vives. Côté financier, le recours à l'emprunt est plus développé à l'ouest et au nord, alors que les collectivités d'Europe centrale, orientale et méridionale ont davantage recours aux subventions. Ainsi, "alors qu'environ la moitié seulement des collectivités d'Europe du Nord et de l'Ouest [interrogées] prévoient d'avoir recours à des instruments financés par l'UE, ce chiffre est de près de 9 sur 10 en Europe centrale et orientale", est-il pointé. Pour autant, l'enquête indique dans le même temps que 83% des municipalités interrogées prévoient de s'appuyer sur des subventions européennes pour financer leurs investissements, et 74% sur des transferts nationaux, résultat qui mériterait d'être affiné pour les collectivités françaises.
Par ailleurs, pour les collectivités interrogées, le principal défi auquel elles estiment être confrontées tient au vieillissement de la population, suivi de peu par les effets du changement climatique – deux préoccupations là encore plus fortement ressenties par les collectivités d'Europe centrale et orientale.
* Étude conduite auprès de 1.002 municipalités entre juin et septembre 2024, dont 100 françaises.