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Interview croisée : quand Villages Vivants rencontre la Banque des Territoires

Au début du mois d’octobre, la Banque des Territoires a participé à la levée de fonds de 1,8 M€ réalisée par la SCA Foncière solidaire Villages Vivants. A cette occasion, nous avons rencontré Raphaël Boutin Kuhlmann, co-gérant de Villages Vivants, Philippe Legris et Erik Bulckaert de la Banque des Territoires qui accompagnent Villages Vivants depuis sa création. Nous sommes revenus avec eux sur la genèse et le développement de Villages Vivants ainsi que sur l’implication de la Banque des Territoires auprès de cet acteur de terrain qui contribue activement à l’installation et au développement d’entreprises de l'ESS en zone rurale.

Erik Bulckaert

Directeur territorial de la direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes de la Banque des Territoires


 

Raphaël Boutin Kuhlmann

Co-gérant de Villages Vivants et responsable Pôle urbanisme et immobilier coopératif


 

Philippe Legris 

Expert investisseur du département cohésion sociale et territoriale de la direction de l’investissement de la Banque des Territoires


 

Quand et comment est né Villages Vivants ?

 

>> Erik Bulckaert : C’est en 2015 que l’association Villages Vivants voit le jour dans la Drôme, territoire rural où l’agriculture occupe une place prépondérante, et où l’Economie sociale et solidaire y est omniprésente. C’est un endroit où il y a vraiment un terreau et un écosystème d’entreprises qui réfléchissent beaucoup à leur impact, à la fois sur l’environnement, l’emploi et sur le partage.

>> Raphaël Boutin Kuhlmann : En fait, Villages Vivants est né d’un double constat. Tout d’abord, celui que, effectivement, il y a un foisonnement important de projets à impact notamment dans les territoires ruraux où se développent des tiers lieux, des ateliers partagés, des épiceries associatives. Ces projets souffrent bien souvent d’un défaut d’accompagnement pour se développer et rencontrent des difficultés à réunir les investissements nécessaires à leur installation dans des locaux adaptés à leur besoin. Et puis, en parallèle, on fait le constat que des boutiques ferment et que les centres-villes se désertifient. Nous nous sommes donc demandés comment faire pour que le problème des locaux vacants se transforme en opportunité pour ces projets à impact et permette de ramener de l’activité dans les centres-villes. C’est de cette idée qu’est né Villages Vivants avec son modèle original qui combine une coopérative et une foncière.

Villages Vivants voit le jour dans la Drôme, territoire rural où l’agriculture occupe une place prépondérante, et où l’Economie sociale et solidaire y est omniprésente.

Erik Bulckaert

Comment fonctionne Village Vivants ?

 

>> Raphaël Boutin Kuhlmann : L’objectif de Villages Vivants est de faire revenir la vie dans les villages pour faire revenir les commerces. C’est pourquoi, nous mettons tous les acteurs de la ville autour de la table car, un des axes forts de Villages Vivants, c’est de rompre avec cette idée de la revitalisation commerciale uniquement. Donc les activités qui nous intéressent sont celles qui créent du lien comme les tiers lieux, les épiceries associatives, les cafés culturels. Ce ne sont pas toujours des commerces a proprement parlé, mais ils vont créer des points de rencontres et de l’activité dans les centres-bourgs et donc contribuer au retour des commerces.

Pour atteindre cet objectif, l’activité de Villages Vivants se structure autour de trois métiers : l’accompagnement des porteurs de projets et l’accompagnement des collectivités avec lesquelles nous pouvons travailler à l’émergence de stratégie de revitalisation. Ces deux types d’accompagnement sont portés par notre coopérative. Et, puis, il y a notre foncière qui peut être mobilisée dans le cadre d’un projet que nous accompagnons pour acheter, louer et rénover des locaux et ensuite les mettre à la disposition de ces activités de l’ESS. La foncière, c’est ce qui fait l’originalité de Villages Vivants et lui donne toute sa légitimité. En effet, c’est elle qui nous permet une action concrète dans le territoire.

C’est donc une offre globale que nous proposons uniquement à des projets de l’économie sociale et solidaire. Cette dimension est fondamentale. Nous n’installons que ces projets-là dans nos murs. C’est un critère à part entière.

La foncière, c’est ce qui fait l’originalité de Villages Vivants et lui donne toute sa légitimité. En effet, c’est elle qui nous permet une action concrète dans le territoire.

Raphaël Boutin Kuhlmann

Comment et pourquoi la Banque des Territoires a-t-elle participé au développement de Villages Vivants ?

 

>> Erik Bulckaert : Avec les zones de revitalisation rurale et la volonté de s’attacher à tous les territoires, y compris ruraux, c’est tout naturellement que la Banque des Territoires s’est positionnée sur ce sujet, qui apparait aujourd’hui comme un enjeu de pleine actualité. C’était un peu dans notre code génétique.

>> Raphaël Boutin Kuhlmann : Pour nous, il était essentiel que la Banque des Territoires soit à nos côtés et elle l’a été dès le début de l’aventure Villages Vivants puisqu’elle nous a accordé une aide qui nous a permis de financer un programme de deux ans de recherche et développement. C’est comme cela que nous avons pu embaucher, acheter des outils, aller chercher des expertises pour monter notre foncière. Nos échanges avec Philippe et Erik ont été très constructifs, riches professionnellement et humainement. Leur expertise nous a beaucoup aidés dans la structuration de notre projet. On a dû franchir beaucoup d’étapes, mais être soutenu par la Banque des Territoires, c’est une sorte de label ultra puissant qui donne de la légitimité auprès des autres acteurs et financeurs du secteur.

>> Philippe Legris : Après ces deux années d’aide à la structuration des modèles juridique et financier, la Banque des Territoires s’est intéressée à la foncière de manière très opérationnelle et a souhaité y investir pour contribuer au renforcement de son action. C’est pour cela qu’en octobre 2020, nous avons participé à une levée de fonds de 1,8 M€, qui permettra l’acquisition de 5 à 7 commerces par Villages Vivants.

On a dû franchir beaucoup d’étapes, mais être soutenu par la Banque des Territoires, c’est une sorte de label ultra puissant qui donne de la légitimité auprès des autres acteurs et financeurs du secteur.

Raphaël Boutin Kuhlmann

Quels sont les projets à venir pour Villages Vivants ?

 

>> Philippe Legris : A la Banque des Territoires, ce qui nous intéresse, au-delà de soutenir le développement d’une entreprise de l’ESS, c’est également de l’accompagner dans son changement d’échelle, ce qui est le cas avec Villages Vivants. En effet, si la coopérative traite déjà des opérations de redynamisation des centre-bourgs sur Auvergne-Rhône-Alpes, la foncière Villages Vivants a vocation à se développer au niveau national avec l’ouverture d’agences territoriales.

>> Raphaël Boutin Kuhlmann : Effectivement, nous sommes en pleine étude de faisabilité pour l’ouverture d’une antenne sur le massif central. En 2021, nous entamerons la phase laboratoire pour une ouverture, si tout va bien, en 2022. Une belle perspective et surtout de beaux projets solidaires à développer dans un nouveau territoire !

A la Banque des Territoires, ce qui nous intéresse, au-delà de soutenir le développement d’une entreprise de l’ESS, c’est également de l’accompagner dans son changement d’échelle, ce qui est le cas avec Villages Vivants.

Philippe Legris

Villages Vivants lauréat des Grands Prix de la finance solidaire

A l'occasion de la 11e édition des Grands Prix de la finance solidaire, Villages Vivants a reçu, le 2 novembre,  le "Prix France" qui récompense les entreprises solidaires qui apportent des solutions aux problématiques sociales et environnementales sur le territoire national.

Les Grands Prix de la finance solidaire, organisés par Finansol et le journal Le Monde, ont pour objectif de valoriser des projets solidaires qui contribuent chaque jour à la transition écologique et solidaire, et qui ont bénéficié du soutien de la finance solidaire pour se lancer ou se développer.