Internats d’excellence : 54 projets labellisés et financés
Pour moderniser les internats d’excellence et les rendre plus attractifs, le gouvernement financera, dans le cadre du plan de relance, 54 projets de création ou de réhabilitation de places. Les noms des établissements labellisés et financés, notamment sur la base d’un projet pédagogique, ont été dévoilés ce 26 mars 2021. D’autres labellisations suivront, avec l’objectif de garantir une qualité d’accueil et d’offre éducative dans 240 collèges et lycées d’ici 2022.
Le gouvernement s’efforce depuis plusieurs années déjà de relancer les internats d’excellence (voir notre article du 1er juillet 2019) et a publié pour cela en novembre dernier un appel à projets auprès des académies et des collectivités. Avec un objectif fixé par le président de la République : avoir au moins un internat d’excellence par département d’ici 2022 (voir notre article du 8 septembre 2020). En déplacement dans la Manche ce 26 mars 2021, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, et Nathalie Elimas, secrétaire d’État en charge de l’Éducation prioritaire, ont annoncé les résultats de cet appel à projets financé à hauteur de 50 millions d’euros par le plan de relance. Le Premier ministre Jean Castex, qui devait s’y rendre, a dû y renoncer au profit d’une réunion sur les nouvelles restrictions sanitaires dans 19 départements.
Présenté comme l’un des leviers de la politique gouvernementale en faveur de l’égalité des chances, l’internat d’excellence vise à recruter des élèves motivés, en particulier ceux qui ne disposent pas chez eux d’un environnement de travail favorable, pour leur offrir, selon Nathalie Elimas citée dans le dossier de presse diffusé ce jour, "un rythme propice aux apprentissages, un encadrement et un soutien renforcés, une expérience unique du collectif".
54 "internats d’excellence" vont créer 1.500 places et en réhabiliter 3.000
Visant à la fois à créer et réhabiliter des places d’internat et à rendre plus attractive et lisible l’offre de scolarité en internat d’excellence, via l’attribution d’un label, l’appel à projets prévoit l’attribution d’une subvention de 50% des dépenses d’investissement aux collectivités dont le projet a été retenu (les dépenses de fonctionnement, dont le personnel, sont donc exclues). Sélectionnés par le gouvernement avec Régions de France et l’Assemblée des départements de France, des projets relatifs à 54 établissements, dont 19 collèges et 35 lycées, ont ainsi été labellisés "internats d’excellence" ce jour. Ils permettront d’ouvrir près de 1.500 places nouvelles et de réhabiliter quelque 3.000 places. Implantés dans 46 départements, ces établissements se trouvent par exemple à Guillestre (Hautes-Alpes), Corte (Haute-Corse), Castres (Tarn), Brive-La-Gaillarde (Corrèze), Vannes (Morbihan), La Trinité (Martinique), Argenteuil (Val-d’Oise) ou encore Brécey, dans la Manche, où ces annonces ont eu lieu.
D’autres labellisations suivront, la campagne étant ouverte jusqu’au 30 avril, mais les prochains projets annoncés ne seront pas financés par le plan de relance, selon l’entourage du Premier ministre. Ce dernier indique que 70 dossiers avaient été déposés pour cette première vague. L’objectif est d’accueillir d’ici 2022-2023 13.000 élèves dans 240 établissements labellisés, dont 100 "internats d’excellence" au sens strict, 100 "résidences à thèmes" et 40 "internats des campus pro" – différentes catégories qui n’apparaissent pas dans le dossier de presse mais qui sont détaillées sur le site de l’Éducation nationale.
Rendre les internats plus attractifs et viser la mixité sociale
A la rentrée scolaire 2020, 45 internats d’excellence ancienne génération proposaient 7.400 places, selon Matignon. Tous ces établissements ont déjà candidaté ou sont invités à déposer un projet pour l’obtention du label destiné à garantir "une offre éducative et scolaire qui vise l’excellence". Le gouvernement espère que ces internats d’excellence, améliorés tant dans leur bâti que dans la proposition éducative, ne peineront pas à recruter des élèves, alors qu’un problème de vacance se pose actuellement pour une partie des établissements.
Il s’agit pour cela de rendre les internats à la fois abordables financièrement et attractifs. Les tarifs sont fixés par les régions et départements gestionnaires des lycées et collèges, qui peuvent attribuer des aides à certaines familles – notamment, pour les régions, des aides à la mobilité pour permettre à l’élève de rentrer dans sa famille le weekend.
Le gouvernement prévoit d’attribuer une "prime à l’internat" aux élèves boursiers et de mobiliser les fonds sociaux. La mixité sociale est ainsi présentée comme étant "au cœur" du dispositif, destiné à réunir les élèves moins par milieu que par centre d’intérêt ou "passion", chaque internat proposant des projets collectifs sur une ou plusieurs thématiques particulières. Selon Matignon et le ministère de l’Éducation nationale, les internats pourraient recruter au-delà de leur académie, du fait de ces offres éducatives spécifiques.
"A l’internat de Brécey, le sport est mis à l’honneur avec deux sections sportives : football et équitation", a indiqué Nathalie Elimas sur Twitter. Classes à horaires aménagés pour la pratique de la musique, de la danse ou du théâtre, internats proposant des séjours de perfectionnement linguistique, projets liés au développement durable ou au numérique… Selon le dossier de presse, chaque établissement devra proposer une "coloration" particulière, gage de "lisibilité" et d’excellence. Une coloration "participative", par exemple, pour le lycée André Malraux de Béthune (Pas-de-Calais), dont le projet éducatif est fondé sur la contribution active des élèves et des acteurs du territoire. Plus généralement, les projets éducatifs et pédagogiques de ces internats doivent être issus d’un partenariat local, pour qu’ils deviennent "levier" pour leur territoire d’implantation, qu’il soit rural ou urbain.