Index égalité professionnelle : les collectivités concernées à leur tour

Les collectivités territoriales les plus importantes devront publier d'ici fin septembre leurs données sur les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes qu'elles emploient. Deux décrets viennent de fixer les modalités du dispositif.

Le Centre national de la fonction publique territoriale et les régions, les départements, ainsi que les communes et les établissements publics de coopération intercommunale de plus de 40.000 habitants et gérant au moins 50 agents permanents devront publier au plus tard le 30 septembre 2024 leurs données (concernant l'année 2023) sur les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes qu'ils emploient. Cinq ans après le début de son déploiement dans le secteur privé, l'index de l'égalité professionnelle va s'appliquer dans la fonction publique territoriale, et ce sur la base de deux décrets parus au Journal officiel du 14 juillet.

Selon ces projets de textes, l'index sera fondé sur quatre indicateurs permettant de renseigner un barème de 100 points. Le principal indicateur mesurera l'écart global de rémunération moyenne entre les femmes et les hommes, au sein de filières et catégories hiérarchiques équivalentes (50 points). L'écart de rémunération moyenne sera à définir également - mais avec une pondération limitée à 15 points - pour les contractuels recrutés sur emploi permanent. Ensuite, devront être définis l'écart de taux d’avancement de grade entre les femmes et les hommes (25 points) et le nombre d’agents publics du sexe sous-représenté parmi les dix agents publics ayant perçu les plus hautes rémunérations (10 points). Si leurs effectifs ne sont pas suffisants, les collectivités pourront définir un index à partir de 2 ou 3 indicateurs.

Une collectivité qui obtiendra un score inférieur à 75 points devra fixer et publier "des objectifs de progression" de chacun des indicateurs. L'employeur disposera d'un délai de trois ans pour atteindre cette cible. Si au terme de ce délai, il n'y sera pas parvenu, il se verra appliquer une pénalité financière fixée entre 0,1% et 1% de la rémunération brute annuelle globale de l'ensemble des personnels. Mais le préfet pourra réduire le montant de la pénalité de moitié, au regard notamment des circonstances.

"De nombreuses limites"

Dans le secteur privé, l'index égalité professionnelle (dit index "Pénicaud", du nom de la ministre qui a initié sa création) présente des résultats en demi-teinte. Il "a permis une meilleure prise de conscience des inégalités salariales" et "mis en lumière certaines de leurs causes", mais il a montré "de nombreuses limites", constatait en mars dernier le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (voir le bilan). En particulier, l'index "s'est limité au principe d'une égalité de rémunération à 'postes équivalents' et n'a pas intégré la sous-valorisation systématique des métiers féminisés", regrettait le HCE.

À l'instar de l'index qui a été créé pour le secteur privé, celui qui va voir le jour dans les collectivités locales sera assez complexe à mettre en œuvre, redoutaient pour leur part, en avril, certains représentants syndicaux au sein du conseil supérieur de la fonction publique territoriale (voir notre article).

En 2023, le salaire moyen des hommes employés dans la fonction publique territoriale est, à temps de travail équivalent, supérieur de 8,8% à celui des femmes du même secteur (soit +243 euros bruts mensuels pour les hommes), selon l'observatoire de la masse salariale de la fonction publique territoriale, créé par l'éditeur de logiciels Adelyce. Mais à temps de travail, âges et cadre d'emplois équivalents, l’écart se réduit pour atteindre 124 euros bruts mensuels (5,2%).

Références : décret n° 2024-801 du 13 juillet 2024 relatif à la mesure et à la réduction des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes dans la fonction publique territoriale; décret n° 2024-802 du 13 juillet 2024 relatif aux modalités de calcul des indicateurs relatifs à la mesure et à la réduction des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes dans la fonction publique territoriale.

› Égalité salariale : des collectivités pionnières

Certaines collectivités territoriales n'ont pas attendu l'arrivée de l'index égalité pour initier des démarches en faveur de l'égalité des rémunérations entre les femmes et les hommes qu'elles emploient, comme le révèle une récente étude de trois élèves administrateurs territoriaux pour l'observatoire de la Mutuelle nationale territoriale (MNT). Parmi les 20 grandes collectivités et intercommunalités à fiscalité propre qu'ils ont interrogées, "un grand nombre" ont réalisé des études comparatives fines des rémunérations entre agents, afin d’opérer des correctifs en cas d’écarts constatés entre les femmes et les hommes. Une nécessité, car si le statut prévoit des grilles indiciaires non différenciées entre les hommes et les femmes, la structuration des filières impacte fortement les niveaux de rémunération.

Une plus grande égalité dans les organisations de travail se fait au bénéfice de "tous", souligne l'étude, qui fait de cette dernière un axe majeur des politiques d'amélioration de la qualité de vie au travail.

 

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