Inclusion dans l’emploi : Thibaut Guilluy veut agir sur tous les leviers
Développement de l’insertion par l’activité économique (IAE), inclusion des personnes en situation de handicap, mise en place du service public de l’insertion, lors d’une visioconférence organisée le 29 mai avec des journalistes de l’Ajis, Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’inclusion dans l’emploi, a fait le point sur les dossiers dont il a la charge, à commencer par la mise en œuvre du service public de l’insertion. Il mise aussi sur la reconquête des économies locales.
Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’inclusion dans l’emploi et à l’engagement des entreprises depuis le 18 mars dernier, a repris le pilotage du service public de l’insertion à la sortie du confinement, le 12 mai. Lors d’une visioconférence organisée vendredi 29 mai par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), il est revenu sur les grands principes de ce qu’il désigne par “SPIE” (service public de l’insertion et de l’emploi). "Il y a d’abord la question de l’exhaustivité : aujourd’hui que ce soit auprès des jeunes, des bénéficiaires du RSA, des personnes en situation de handicap… nous sommes très loin de proposer un accompagnement à 100% des personnes qui le nécessiteraient. Le deuxième principe est celui de la continuité des parcours et l’accompagnement global : il faut sortir de la logique de silos et se concentrer sur l’usager", a-t-il plaidé en citant l’exemple d’une personne en insertion suivie, elle et sa famille, par 19 intervenants sociaux différents. "Il faut un diagnostic plus partagé à l’entrée du SPIE, travailler sur une logique de parcours afin qu’il y ait plus de continuité dans l’accompagnement."
Mesures coercitives… si nécessaire
Le haut-commissaire a par ailleurs précisé que les outils et les conditions de la mise en œuvre du SPIE se mettaient en place de façon progressive, en s’appuyant sur des expérimentations dans 14 territoires (bassins de vie, départements…), avant de créer les conditions de sa généralisation.
S’agissant de la mise en œuvre du pacte d’ambition pour l’activité économique lancé en septembre 2019 (et qu’il a rédigé sous sa casquette de président du Conseil de l’inclusion dans l’emploi), Thibaut Guilluy a souligné la nécessité de "muscler le jeu" pour atteindre les objectifs (passer de 140.000 à 240.000 emplois dans le secteur de l’insertion, de 40.000 à 80.000 parcours vers l’emploi…). "Les pratiques inclusives doivent devenir une évidence au sein des grandes entreprises", a-t-il défendu, en n’excluant pas des mesures coercitives si nécessaire. "Nous sommes en train de faire un travail approfondi en interrogeant des chefs d’entreprises, des institutions, des associations pour préparer des propositions et savoir jusqu’où mettre le curseur entre les obligations et les mesures d’incitation."
Dépasser la logique de quotas
Une réflexion est également menée, a poursuivi l’ancien dirigeant du groupe ARES, pour voir comment dépasser la simple logique de quotas : "Pour l’obligation d’emploi des personnes en situation de handicap, que fait-on au-delà des 6% ? Comment encourage-t-on une société inclusive ?" Idem sur les clauses sociales dans les marchés publics, "il faut les renforcer car elles représentent un levier monumental et favorisent en outre l’ancrage territorial". Le projet de loi attendu pour mettre en place ces mesures sera lui présenté début septembre, a indiqué le haut-commissaire.
Autres sujets : le dispositif "territoire zéro chômeur de longue durée" - à propos duquel Thibaut Guilluy a confirmé que la loi permettant son extension à de nouveaux territoires serait adoptée d’ici la fin de l’année 2020 - ou encore le bilan de la contribution des acteurs de l’IAE dans l’opération "résilience". Celle-ci a été lancée le 25 mars dernier sous la houlette de la direction générale de l’Armement afin de développer le soutien aux populations et l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie de Covid-19.
Acteurs de l’insertion et du handicap : 22 millions de masques produits
Dans ce cadre, des entreprises d’insertion ou d’emploi de personnes handicapées ont été mobilisées pour produire des masques, en coopération avec des PME spécialisées dans le textile. "Au départ l’ambition était d’en fabriquer 2 millions, à fin juin nous en aurons produit 22 millions", s’est félicité Thibaut Guilluy. Une manière aussi de prouver avec force les atouts des acteurs de l’insertion et du handicap : "Dans le plan de relance, on ne nous met plus seulement dans la case sociale, mais aussi dans la case économique et transformation sociétale."
L’ambition du haut-commissaire est désormais de pérenniser ces démarches à d’autres secteurs et de lever les freins permettant de "repartir à la reconquête de ces économies locales qui fabriquent de l’emploi et résoudre in fine la question de l’inclusion".