Guingamp fait de la culture un apprentissage fondamental (22)

Guingamp suit une démarche volontariste : donner accès à tous les jeunes, de 3 à 18 ans, à l'art et à la culture, sous toutes ses formes. Si la ville a la chance de disposer des équipements pour cela, tout repose aussi sur l'entente au sein de la communauté éducative locale, élargie aux acteurs culturels.

La ville centre de Guingamp compte presque autant de jeunes élèves et étudiants (6.000) que d'habitants (7.000). La commune dispose en effet de nombreux établissements scolaires publics et privés (écoles, collèges, lycées), fréquentés par des jeunes de Guingamp mais aussi par ceux de communes aux alentours. S'ajoutent à ces établissements l'antenne de l'université catholique de l'Ouest avec ses 800 étudiants, et depuis la rentrée de septembre 2021, des formations dispensées par l'Institut national supérieur de l'éducation artistique et culturelle (Inseac) en Master 1 et Bac +1. Cette dernière implantation n’est pas le fruit du hasard, pour qui connaît un peu l'ouverture de la ville à ces pratiques.

Tous les jeunes sont concernés

Depuis 2010, une politique culturelle, axée sur la médiation, est menée. L’objectif : faire en sorte que tous les jeunes accèdent à une éducation artistique et culturelle. Une démarche renforcée depuis 2018, grâce à l'expérimentation « 100 % EAC » (voir encadré).

Pour le maire, Philippe Le Goff, et la directrice des affaires culturelles, Céline Larrière, « le 100 % EAC est une ambition forte. Chaque jeune scolarisé sur notre commune doit pouvoir accéder à un projet d’éducation artistique et culturel déployé soit par nos propres équipements - le théâtre du Champ au Roy-scène de territoire, la médiathèque, l’école d’arts plastiques… - soit par des associations et des acteurs privés fortement mobilisés sur ces questions de l’EAC, tels que le centre d’art GwinZegal, le cinéma Les Korrigans, le centre culturel breton Ti ar Vro Gwengamp, ou encore la compagnie de danse professionnelle Grégoire & co. L’idée est en somme, de fédérer l’ensemble des acteurs du territoire dans toutes leurs composantes pour consacrer la transmission et répondre à ce formidable défi qu’est le 100 % EAC. »

En pratique, chaque enfant a l'occasion de vivre une expérience artistique et culturelle sur le temps scolaire. Chaque saison, chaque élève peut ainsi visiter une exposition au centre d'art, aller voir un spectacle au théâtre, un film au cinéma et fréquenter régulièrement la médiathèque. Faire vivre les 3 piliers de la charte de l'éducation artistique et culturelle, tel est l'enjeu pour toutes les équipes mobilisées : rencontrer les artistes et les œuvres, s'initier à une pratique artistique, acquérir des connaissances théoriques qui se nourrissent par la pratique. L'EAC emprunte des chemins à chaque fois différents et réinventés avec les artistes et les enseignants associés. D'une simple action ponctuelle, l'EAC peut aussi se déployer sur un temps long, grâce à des projets plus approfondis, tels que les résidences d'artistes en milieu scolaire. Ainsi, cette saison, le théâtre du Champ au Roy déploiera six projets de résidence dans les écoles, collèges et lycées partenaires, permettant à chaque fois d'associer une ou deux classes au processus de création d'une compagnie artistique invitée. Comme avec cette compagnie bordelaise, le collectif OS'O qui s’est installé cet automne au collège Jacques Prévert : répétitions publiques, ateliers théâtre et ateliers philo, puis découverte de leur nouveau spectacle destiné aux ados et créé à Guingamp : « Qui a cru Kenneth Arnold ? »

Une réflexion collective

La recherche des actions menées, leur préparation, leur animation, leur inscription dans le parcours des élèves, tout se travaille avec la communauté éducative. Créer cette communauté est sans doute la principale difficulté de la démarche. Cela ne se fait pas tout seul. « Elle doit vivre au quotidien, on n'impose jamais rien aux enseignants. On imagine la programmation du théâtre afin qu'il y ait une diversité de spectacles qui s'adressent aux élèves de 3 à 18 ans. On coconstruit les projets de résidence avec les chefs d'établissements et leurs équipes enseignantes », explique la directrice. Le dialogue est « régulier ». Les projets s'élaborent avec les enseignants également, pour qu'ils ne s’ajoutent pas aux programmes mais soient en cohérence. « Dès novembre, on commence à travailler sur les projets de l’année suivante ». Si le théâtre est l'une des chevilles ouvrières de l'EAC, les acteurs sont nombreux à faire vivre cette politique au quotidien : la médiathèque, le centre d'art GwinZegal, le cinéma… Des acteurs d'envergure régionale fortement impliqués sur la ville comme le Frac (fonds régional d'art contemporain) Bretagne ou encore l'Orchestre national de Bretagne participent également au projet. La proximité de ces acteurs, dans une petite ville, est un facteur aidant…

Les clés de réussite

L'inscription dans la durée, la transversalité, l'implication des partenaires sont les trois clés de la réussite sur le long terme, selon Céline Larrière. Aux partenaires éducatifs et culturels, s'ajoutent le rectorat, la Direction académique, la Direction régionale des affaires culturelles Bretagne (en appui financier mais aussi technique sur le montage des projets), le conseil départemental (en charge des collèges), le conseil régional (en charge des lycées). Le réseau s'est élargi au pôle social de la ville, qui pilote entre autres, le programme de réussite éducative, et aux familles et parents d'élèves via des ateliers de pratiques artistiques sur les temps libres et périscolaires. Si certains établissements scolaires s'impliquent plus difficilement ou ponctuellement, « le déploiement du 100 % EAC a besoin d'un effet boule de neige », patiente la directrice.

Évaluation en question

C'est la grande question ! Comment mesurer les impacts d'une telle politique ? La démarche intéresse. Pour ce qu'elle apporte aux jeunes dans leurs apprentissages, au travers de leur épanouissement, du développement de leur sens critique, de leur appétence pour les propositions culturelles, de leur autonomie ou encore de leur ouverture d'esprit. L’équipe d'enseignants-chercheurs du Cnam-Inseac a démarré à la rentrée une étude, sur une cohorte d'enfants, suivie sur dix ans. Rendez-vous donc dans dix ans.

Quant à la transférabilité, Céline Larrière en est convaincue, cette politique peut se déployer partout. « Ce ne sont pas les équipements qui comptent pour mener un tel projet, mais l'imagination, or il y a plein de moyens de faire vivre l'éducation artistique et culturelle. »

100 % EAC

Guingamp s'est portée naturellement candidate à l'expérimentation du label 100 % Éducation artistique et culturelle, lancée en 2018, avec une dizaine d'autres villes en France. La direction régionale des affaires culturelles (DRAC) accompagne de manière volontariste le financement des projets déployés sur la commune. D’autres financements proviennent du conseil régional Bretagne, du conseil départemental des Côtes-d’Armor et du ministère de l’Éducation nationale (via l'engagement des établissements scolaires et du rectorat de Rennes).

Commune de Guingamp

Nombre d'habitants :

7000
1, place du Champ au Roy- BP 50 543
22205 Guingamp cedex

Philippe Le Goff

Maire

Céline Larrière

Directrice du pôle culture – patrimoine

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