Guadeloupe : nouveau recours en justice d'usagers pour dénoncer les problèmes d'accès à l'eau
Plus de 200 usagers du Syndicat intercommunal d'Alimentation en eau et assainissement de la Guadeloupe (Siaeag) ont déposé ce 15 juin un référé devant le tribunal administratif de Basse-Terre pour dénoncer le problème de l'accès à l'eau potable dans l'archipel. Le syndicat, qui gère en régie la production et la distribution d'eau, connaît en effet des difficultés récurrentes, avec de nombreuses coupures et des problèmes de gestion de l'assainissement (lire notre article).
Les habitants concernés par les problèmes d'approvisionnement en eau se sont d'abord mobilisés autour d'une page Facebook, "Balance ton Siaeag". Puis une association a été créée en avril. Les 207 usagers à l'origine du recours, épaulés par l'association pour le contrat mondial de l'eau et le front républicain d'intervention contre la corruption, ont décidé d'engager "une action collective", en espérant "accélérer le rétablissement du service d'eau potable et le versement d'une indemnité forfaitaire", indique un communiqué conjoint des trois associations. "Cela permettra de faire reconnaître par la justice qu'il y a un vrai problème, même si nous sommes conscients que cela ne résoudra pas le problème dans son ensemble", confie Emmanuel Bréchot, habitant de Saint-François, membre de l'association. Selon des expertises, les problèmes d'eau potable et d'assainissement en Guadeloupe nécessiteraient quelque 900 millions d'euros pour être résorbés.
"Nous regardons d'un bon oeil la réquisition préfectorale qui a eu lieu durant le confinement, on sent même qu'il y a un mieux", explique Emmanuel Bréchot. Fin avril, le préfet de région a réquisitionné pour trois mois, régies, agents, opérateurs et entreprises de l'eau pour traquer quelques milliers de fuites. Avec un objectif : rétablir des tours d'eau fiables qui permettent d'alimenter à tour de rôle tous les quartiers concernés par des coupures d'eau, encore aggravées en période de sècheresse.
Cette réquisition vient en sus du plan d'action prioritaire, voté par l'ensemble des élus de l'île en 2018 et qui met sur la table 71 millions d'euros pour des travaux d'urgence, en attendant la constitution d'une régie unique promise par les élus locaux, mais qui tarde à aboutir. Au point de pousser le président de région Ary Chalus à annoncer une demande d'habilitation sur la question, si aucun accord n'est trouvé avant le 30 juin.