Grâce à ses centres de préparation aux Jeux, Bordeaux vit déjà à l'heure olympique
Pour attirer les délégations françaises et étrangères d'ici aux Jeux de 2024, Bordeaux compte sur ses six centres de préparation olympique. Une façon pour la ville de mettre en valeur des équipements de qualité et de se rapprocher des communes voisines afin de promouvoir le territoire.
Un peu à l'écart du bouillonnant centre-ville de Bordeaux, le paisible quartier de Caudéran a connu ces dernières semaines un petit changement de décor. Devant la vénérable villa Primrose, club de tennis aux 125 printemps, sur la façade du stade Bel-Air, écrin de la section hockey sur gazon du même club, multiple championne de France, ou au fronton de la salle Guy-Laupies du club athlétique municipal, haut lieu de l'escrime internationale, de larges panneaux arborent fièrement la formule "Ici vivent les Jeux". Sur quelques centaines de mètres à peine, ces inscriptions sont autant d'invitations adressées aux sportifs du monde entier : les sites de Caudéran ont en effet reçu le label "centre de préparation aux Jeux" (CPJ) et devraient attirer, d'ici l'été 2024, de nombreuses délégations françaises et étrangères.
À Bordeaux, ces sites ne sont pas isolés, loin de là. Quand le comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) a sollicité les communes de France pour devenir CPJ, la ville a retenu six de ses très nombreuses installations sportives : outre les trois équipements caudéranais, le vélodrome de Bordeaux-Lac, la salle d'armes André-Labatut et le skate-park des Chartrons, situé sur les bords de Garonne, lieu de promenade privilégié des Bordelais, complètent la liste.
Pour Olivier Martin, chargé de mission en développement sportif à la ville, "ce choix exprime d'abord la volonté de mettre en avant la qualité de nos installations, car les délégations sont très exigeantes. Sur le vélodrome, par exemple, certaines viennent chercher la plus grande performance". On se souvient alors que cette piste mythique a vu tomber pas moins de six records de l'heure au début des années 1990.
Engagement des clubs locaux
Si la qualité des équipements sportifs bordelais n'est donc plus à démontrer, les atouts de la capitale girondine pour satisfaire au cahier des charges du Cojo et séduire, demain, les délégations sportives du monde entier étaient divers. On pense à la possibilité d'accueillir des sportifs valides comme handisport en escrime et en cyclisme, mais aussi à la liaison TVG qui met Paris à seulement deux heures de Bordeaux, ou encore à l'offre globale, travaillée en partenariat avec l'office du tourisme de la ville, pour assurer l'hébergement, la restauration et les loisirs des sportifs visiteurs.
Mais l'atout-maître a été l'engagement des clubs locaux. "On a vraiment travaillé ensemble, explique Olivier Martin. Tous les clubs étaient partants et sont vraiment parties prenantes. Cela permet de les promouvoir, de valoriser leur site et d'accueillir des sportifs de très haut niveau. Il y a un intérêt pour tout le monde." L'exemple le plus emblématique est sans doute celui de la section tennis de la villa Primrose. Bénéficiaire d'un bail emphytéotique qui le rend maître d'un vaste domaine où se côtoient deux mille membres sur quelque dix-sept courts, dont quinze en terre battue, le club, déjà organisateur d'un tournoi professionnel international chaque printemps, pouvait vivre jusqu'en 2024 sans les Jeux. Pourtant, il a choisi de nouer un partenariat avec la ville pour faire partie de la fête.
Se démarquer de la concurrence
Malgré ces atouts et une labellisation CPJ fièrement affichée, les sites bordelais ne sont pourtant qu'au début de leur aventure. À l'aube de l'année 2023, l'heure est venue de passer à l'étape suivante : convaincre les délégations françaises et étrangères de les choisir alors que mille autres sites répartis sur 98 départements se posent comme autant de concurrents dans le roboratif catalogue des CPJ proposé par le Cojo.
Pour promouvoir ses sites, la ville de Bordeaux s'est associée avec les autres communes de la métropole et du département de la Gironde possédant des CPJ. Une plaquette imprimée, élaborée en collaboration avec les fédérations internationales de chaque discipline, est attendue pour le mois de janvier. Elle sera complétée d'une vidéo de valorisation des différentes installations. Parallèlement à ces outils de promotion classiques, les clubs, encore eux, vont se faire les relais de l'offre bordelaise à l'occasion des compétitions internationales auxquelles ils vont prochainement participer. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même…
L'ambition est d'attirer sur les bords de la Garonne de larges délégations comportant des athlètes de plusieurs disciplines, mais également de plus petites, parfois composées d'un athlète et de son entraîneur, cas de figure qui donnera aux clubs locaux l'occasion de fournir aux visiteurs des partenaires d'entraînement de haut niveau toujours très recherchés. Les délégations pourront venir très en amont des Jeux pour s'acclimater – comme cela fut le cas en cyclisme, puisque deux des meilleures équipes au monde, la Grande-Bretagne et l'Australie, ont déjà pris leurs marques au vélodrome dès l'été 2022. Mais l'objectif est aussi de recevoir des délégations jusqu'à la veille des Jeux, qui débuteront le 26 juillet 2024.
Un investissement "dérisoire"
Face à ce qui devrait s'avérer un formidable outil de promotion et d'animation de la ville, puisque des conventions seront conclues avec les délégations pour créer des moments de partage avec les habitants, la municipalité s'en tire très bien financièrement. "La ville est dans l'accompagnement et ne met de moyens financiers autres que le coût assez dérisoire de la promotion, mutualisé avec les autres communes concernées et le comité départemental olympique et sportif", commente Olivier Martin, dont une partie de l'emploi du temps est fléché vers cette mission.
Quant aux équipements, déjà aux normes internationales, ils n'ont pas nécessité d'investissements particuliers. Les CPJ profiteront toutefois d'installations toutes neuves puisque de récents travaux ont permis de rénover entièrement le skate-park et de rendre accessible la salle d'escrime Guy-Laupies.
À l'heure où l'on peut s'interroger sur le futur héritage des Jeux olympiques, la ville de Bordeaux propose une direction possible. "Nous voulons montrer aux Bordelais qu'ils ont des équipements de qualité", pointe Olivier Martin. Autrement dit : "Poussez la porte des stades et des salles et faites du sport !"