Gironde Habitat expérimente l’autoconsommation collective sur l’une de ses résidences à Bordeaux (33)
La résidence "Les Souffleurs", propriété de l’office public d’habitat Gironde Habitat, accueille une opération pilote d’autoconsommation collective. Techniquement tout fonctionne, mais le volet administratif demeure complexe. Seul un changement des pratiques de consommation permettra d’en maximiser les bénéfices pour les locataires.
Livrée en 2016 par Gironde Habitat selon la norme énergétique BBC Effinergie, la résidence "Les Souffleurs" a été équipée dès l’origine de 240 m2 de panneaux solaires, soit une capacité photovoltaïque largement inférieure à la consommation prévisionnelle des 60 logements du bâtiment. Lors de son achèvement, du fait de la réglementation alors en cours, l’électricité produite par le bâtiment ne pouvait cependant ni bénéficier aux locataires, ni être revendue à un tiers. L’office HLM étudiait donc la possibilité de récupérer l’électricité produite pour ses besoins propres, son siège étant situé à proximité immédiate de la résidence.
Opportunité dans le cadre du projet régional Rexauto
"Nous en étions là quand les textes réglementaires relatifs à l’autoconsommation collective sont parus, en avril 2017. Nous avons alors décidé de tester ce nouveau dispositif, en collaboration avec d’autres acteurs locaux", relate le directeur du patrimoine de Gironde Habitat, Jean-Luc Lajous. C’est ainsi que le premier projet d’autoconsommation collective dans un logement social à l’échelle nationale est né fin 2017, associant Gironde Habitat, Enedis pour la distribution électrique, Inelia pour l’expertise photovoltaïque, ainsi que les autres partenaires de Rexauto soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine et l’Union européenne (cf. encadré).
Au cœur du dispositif, le compteur communicant
Concrètement, les électrons produits par les panneaux solaires sont consommés par l’immeuble, le surplus éventuel étant revendu à EDF, à un coup du Kw/h très faible. Quand il n’y a pas de soleil, le réseau d’Enedis prend automatiquement le relais. Pour calculer le différentiel (consommation solaire/réseau public), le système utilise les compteurs communicants Linky dont sont dotés chaque logement et parties communes (ascenseurs, ventilation, éclairage). A partir de cette donnée (la courbe de charge), une clef de répartition est appliquée pour partager la production entre l’ensemble des occupants. Dans un premier temps, le mécanisme a été testé pour les parties communes, avant son extension aux parties privatives.
Volet administratif complexe
Si la partie technique du dispositif est plutôt simple à mettre en œuvre, le volet administratif est pour le moins complexe. La loi sur l’autoconsommation collective impose en effet que l’ensemble des producteurs/consommateurs soient représentés par une personne morale. Pour répondre à cette obligation Gironde Habitat (en tant que “producteur” et au titre de “consommateur” pour les parties communes) et les locataires de la résidence des Souffleurs créent une association, dont la principale responsabilité est d’établir la clef de répartition qui figure dans la convention signée avec Enedis.
La clef de répartition ne va pas de soi
Or cette clef de répartition ne va pas de soi, car la consommation électrique d’un foyer, évaluée toutes les demi-heures selon la loi, reste mal connue. Aucun équipement électrique ou presque ne fonctionne en effet en permanence, et la consommation varie considérablement en fonction de la saison, du moment de la journée et du profil d’usager. En attendant mieux, Gironde Habitat a opté pour la surface du logement comme clef de répartition. Dernier point potentiellement bloquant : le locataire doit formellement autoriser l’accès à sa courbe de charge, qui est une donnée considérée comme sensible par la Cnil.
Une quinzaine de foyers volontaires pour l’expérimentation
Autant de raisons qui ont conduit Gironde Habitat à intégrer uniquement les locataires volontaires dans l’expérimentation, l’ensemble des occupants bénéficiant toutefois d’une réduction de charges. Mi-octobre 2018, 15 foyers, sur les 60 de la résidence Les Souffleurs, avaient donné leur accord pour expérimenter l’autoconsommation. Un chiffre relativement faible qui s’explique peut-être par la faiblesse des économies potentielles.
Bilan en demi-teinte
Au total, les habitants peuvent en effet escompter 50 à 70 euros d’économies sur un an, dont près de la moitié sur les charges locatives. "Un montant faible mais il ne faut pas se tromper de sujet : l’autoconsommation d’énergies renouvelables c’est l’avenir ! Le vrai problème c’est le coût de l’électricité qui est très faible en France, et ne manquera pas d’augmenter", explique le directeur du patrimoine de Gironde Habitat. Et de souligner que ces économies pourraient être aussi nettement plus importantes si les machines à laver ou les chauffe-eaux électriques étaient programmés pour fonctionner à midi, quand l’ensoleillement est maximal, et non la nuit, comme c’est aujourd’hui le cas.
Le projet Rexauto
Rexauto (retours d’expérience sur l’autoconsommation) est un projet soutenu par la région Nouvelle Aquitaine et l’Union européenne. Piloté par des experts locaux de l’énergie et du numérique, il coordonne cinq sites d’autoconsommation : « Les Souffleurs » à Bordeaux, la cité de la Photonique à Pessac, une station d’épuration à Léon et deux centres commerciaux. Son objectif est d’accompagner les porteurs de projets, de développer une expertise et d’identifier les leviers pour optimiser l’autoconsommation.
Office Public Gironde Habitat
Martine Jardine
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