Génération Covid-19 : séquelles et pistes d'action locales
Quel est l’impact de la crise sanitaire sur la jeunesse ? Durant l’été, l’Assemblée des communautés de France (ADCF) et Territoires Conseils ont étudié "non pas une mais des jeunesses". Cette étude flash propose des pistes d’actions concrètes comme la mise en place d'un "kit de continuité sociale" et recommande plus largement la construction de "politiques jeunesse locales".
"Il faudra surveiller, mesurer et accompagner les séquelles de crise sanitaire liée au Covid sur la jeunesse", met en garde une étude "flash" menée en deux mois durant l'été 2020 auprès de jeunes âgées entre 10 et 25 ans par l’Assemblée des communautés de France (ADCF) et Territoires Conseils, un service de la Banque des Territoires / Caisse des Dépôts. Le document établit que "les populations les plus jeunes [...] ont fortement ressenti les effets de cette crise sanitaire aussi bien au niveau de leur santé mentale, sociabilité, parcours scolaire, voire de précarité économique". Les jeunes sont globalement plus anxieux, plus angoissés, ont plus de problèmes de sommeil que la population en général, d’après une enquête du CoviPrev (1), citée dans l'étude. Ils restent malgré tout plutôt confiants en l’avenir, d’après cette même source. D’ailleurs, ils refusent à 81% de se reconnaître dans l’appellation “Génération Covid-19” même si 60% d’entre eux estiment qu’ils auront une vie moins facile que leurs parents, d‘après un baromètre OpinionWay publié juin 2020 (2) également cité.
"Non pas UNE mais DES jeunesses"
"Peu d’études ont été publiées sur ce sujet", souligne son auteur, Kamel Rarrbo, avant d'insister sur le fait qu'"il n’y a pas UNE mais DES jeunesses". Et, dans cette "galaxie", certaines catégories ont subi "un fort impact négatif qui fragilise leur parcours d’émancipation et ralentit le parcours d’autonomisation", poursuit-il. La liste des jeunes potentiellement fragilisés par la crise sanitaire est longue et "non exhaustive" : ils sont des quartiers de la politique de la ville (QPV) et des territoires ruraux et périurbains, étudiants précaires, salariés ou pas, suivis par l’aide sociale à l'enfance (ASE), migrants mineurs non accompagnés, pris en charge par les missions locales, décrocheurs depuis ou d'avant le confinement. Identifiés comme "une catégorie qui a subi un fort impact psychologique, scolaire, relationnel, physique", les "ados" devraient être, selon l'étude, "une priorité pour les pouvoirs publics et les collectivités locales dans l’accompagnement notamment lors des activités périscolaires et extrascolaires". Notons enfin que les jeunes en situation de handicap et les adolescentes "échappent au radar de l’observation sociale", faute d’étude spécifique.
"Kit de continuité sociale"
Pour agir, l’étude établit dix recommandations dont la mise en place d’un "kit de continuité sociale". Il s’agirait pour "les équipes d’animateurs [...] de préparer un kit regroupant un listing des jeunes accompagnés avec les coordonnées, des ressources et outils numériques à mobiliser en cas de reconfinement, des préprogrammes d’animation en ligne [...]". Concernant la santé mentale, l'étude suggère une "écoute psy via des centres d’appels téléphoniques" et le "développement d’antennes secondaires des Maisons des adolescents en lien avec les délégations territoriales des agence régionales de santé (ARS)". Pour faciliter l’accès aux "ressources locales de santé", la note suggère de faire "la promotion des centres de planning familial et contraception" de telle sorte qu'ils deviennent les "portes d’entrée santé" pour les jeunes filles des territoires en situation de désert médical. L'étude préconise aussi la "mise en réseau local" de la santé scolaire, en passant par la médecine de ville, les psychologues, les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP), les centres médico-psychologiques (CMP), les Maisons des ados, les CHU, CHUR et ARS… le tout coordonné à l’échelle d’un bassin d’emploi.
Construire "des politiques jeunesse locales"
D'une manière plus générale, "les collectivités et associations gagneraient à systématiquement intégrer la thématique de santé publique et de santé des jeunes dans les politiques jeunesse locales". Des partenariats pourraient être développés entre les collectivités et, surtout, les intercommunalités, les services de santé scolaire, les associations locales et les services départementaux des ARS. Cette mobilisation passerait par "les comités départementaux et régionaux de la santé", suggère l'étude qui recommande d'intégrer la thématique dans le programme d’actions des contrat Enfance-Jeunesse (CEJ) et dans les conventions territoriales globales (CTG). Et, last but not least, "les territoires signataires de contrats locaux de santé (CLS) pourraient réinterroger les programmes et actions adoptés dans ce cadre et ainsi valoriser ou inscrire des actions destinées aux jeunes mineurs et majeurs".
(1) Enquête CoviPrev (Baromètre hebdomadaire de Santé Publique France)
(2) Baromètre 20 minutes et OpinionWay du 10 juin 2020