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Emploi - Geiq : une activité en hausse en 2014 malgré la crise

En 2014, les groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq) ont signé près de 6.000 contrats, soit 5% de plus qu'en 2013 et ce malgré la crise économique... A partir de 2016, la labellisation de ces structures sera réalisée avec l'Etat. Un décret devrait être prochainement publié sur cette nouvelle procédure qui devrait donner une autre dimension aux Geiq.

Au 1er janvier 2015, les groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq) sont au nombre de 147 d'après le bilan présenté le 2 juillet 2015 par la Fédération française des Geiq. Dix nouveaux groupements ont fait leur entrée dans le réseau. Ces structures regroupent des entreprises qui parient sur le potentiel de personnes éloignées du marché du travail pour résoudre leurs problèmes structurels de recrutement, en organisant des parcours d'insertion et de qualification. Et, comme l'a constaté le président de la Fédération, malgré une situation tendue économiquement, "les chiffres des Geiq n'ont pas baissé ; nous avons eu plus de contrats que l'an passé".
Près de 6.000 contrats ont été signés, soit une progression de 5% par rapport à l'année précédente ; 1,5 million d'heures de formation ont été organisées ainsi que 5,3 millions d'heures de mise à disposition effectuées. Preuve que la démarche fonctionne bien et que "les chefs d'entreprises continuent à s'investir sur ces questions d'emploi". Plus de 5.400 entreprises, soit 4% de plus, adhèrent au dispositif.
"Nous avons des besoins en recrutement que l'on a du mal à pourvoir avec un certain type de qualification, a expliqué Christian Renard, président du Geiq Métallurgie Industrie Nord-Pas-de-Calais. Avec les Geiq nous trouvons des talents cachés et des personnes très motivées."
Autre intérêt pour les entreprises : pouvoir tester, le temps du parcours d'insertion (entre six mois et deux ans), une personne, avant de la recruter le cas échéant. 68% des demandeurs d'emploi qui passent par un Geiq retrouvent un emploi à l'issue de leur parcours, 39% sur des contrats de plus de six mois. Le taux de qualification s'établit quant à lui à 81%. Seul point noir du dispositif : un taux de rupture important (23%) qui s'explique toutefois par la nature du public ciblé, les personnes les plus éloignées de l'emploi. Le taux de publics prioritaires ou sans qualification embauchés dans l'année s'élève ainsi à 78%. 36% des personnes embauchées sont sans qualification.

Le bâtiment, la propreté et l'industrie, parmi les secteurs les plus représentés

Les secteurs les plus représentés au sein des Geiq sont le bâtiment, avec 2.646 contrats signés en 2014 et 53 Geiq spécialisés dans ce domaine, la propreté (776 contrats, 10 Geiq) et l'industrie (426 contrats, 12 Geiq). Mais il y a de plus en plus de Geiq multisecteurs qui répondent à des logiques territoriales. Ils sont aujourd'hui 22, avec 636 contrats signés. Dans d'autres secteurs, comme l'hôtellerie et le médicosocial, les évolutions sont plus lentes, malgré des besoins en main-d'oeuvre importants. "La dynamique collective est plus difficile à mettre en oeuvre dans ces domaines", a précisé Cyril Garcia, secrétaire général adjoint de la fédération. Car pour qu'un Geiq puisse exister, il faut à la fois un besoin en main-d'oeuvre mais aussi une dynamique collective, qu'elle soit issue des entreprises ou du territoire.
La grande majorité (77%) des contrats signés sont des contrats de professionnalisation. Le reste correspond à des contrats d'apprentissage (5%), des contrats uniques d'insertion avec période de professionnalisation (7%) et des contrats hors alternance dans le cadre des parcours (10%). Les nouveaux dispositifs lancés au plan national, comme les emplois d'avenir au premier chef, percutent parfois leurs pratiques. Une concurrence contre laquelle le secrétaire général de la Fédération française des Geiq met en garde. "Ce qui est important c'est que les jeunes, qui représentent chez nous 49%, et les moins jeunes sortent du dispositif avec une qualification voire un diplôme et un emploi derrière", a-t-il souligné, en allusion au peu de formation offerte par les emplois d'avenir…
Autre problème : la concurrence entre les contrats de professionnalisation et les contrats d'apprentissage. "Certains territoires ont besoin de remplir leurs centres de formation d'apprentis et nous demandent alors de faire davantage de contrats d'apprentissage, a détaillé Didier Piard, mais nous ne sommes pas là pour sauver le soldat CFA !"
Le secrétaire général se bat également contre une vision trop réductrice du dispositif, liée à son coût peu important pour la communauté, car reposant sur les entreprises… "C'est un vrai souci, il ne faut pas être identifié comme un outil qui ne coûte pas cher !", a-t-il insisté.

Une nouvelle étape pour les Geiq

Un positionnement important à trouver à l'heure où les Geiq s'apprêtent à franchir une nouvelle étape. La loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale, reconnaît officiellement les Geiq et change la donne quant aux labellisations. Auparavant délivrées par la fédération, ces labellisations vont être davantage contrôlées par l'Etat, car elles donnent lieu à des exonérations de charges et à des aides (exonérations fiscales de cotisations patronales sur les contrats de qualification, aides accordées au titre des embauches d'emplois d'avenir, aides à l'accompagnement personnalisé vers l'emploi…).
Un décret va préciser les modalités de ce processus. La labellisation sera accordée sur le fondement d'un cahier des charges approuvé par le ministère de l'Emploi et plus uniquement par la fédération. Le label devra être confirmé par une commission nationale mixte qui sera présidée par une personnalité qualifiée désignée par la fédération, mais également validée par l'Etat, et composée de représentants de la fédération et de représentants du ministère chargé de l'emploi, nommés pour une durée de quatre ans. "Il s'agit d'une étape importante pour nous", a affirmé Didier Piard. Les dossiers seront passés en revue chaque année comme à l'accoutumé, selon quatorze critères, dont le statut juridique de l'association, la qualité de mobilisation des entreprises adhérentes, la réalité des besoins en recrutement exprimés, les contrats de travail mis en oeuvre et les sorties vers l'emploi… La participation de l'Etat "donne au dispositif une dimension supérieure", a assuré Cyril Garcia. Le décret devrait être publié prochainement. Le 9 juin, le Conseil national de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (Cnefop) a rendu un avis favorable sur le projet de texte. Le nouveau processus devrait entrer en vigueur dès 2016.