Déchets ménagers - Fusion d'Eco-Emballages et Ecofolio : quel impact pour les collectivités ?
Officielle au 1er septembre, l'union des opérateurs historiques des filières emballages ménagers et papiers donne naissance à Citeo. Objectif du rapprochement : réduire les fortes disparités de performance de tri, augmenter les tonnes triées, aider les collectivités à atteindre le "zéro mise en décharge" et à moderniser les centres de tri.
Le profil et le fonctionnement de Citeo, la nouvelle entité issue du rapprochement des éco-organismes Eco-Emballages et Ecofolio, ont été dévoilés à la presse, le 8 septembre, par ses dirigeants issus de "ces deux sociétés au bilan robuste, qui ont respectivement fait recycler l'an dernier 3,3 millions de tonnes d'emballages et 1,3 million de tonnes de papiers", indique Philippe-Loïc Jacob, à la tête de ce nouvel ensemble organisé autour de huit directions régionales basées à Lyon, Marseille, Toulouse, Limoges, Angers, Lille, Strasbourg et Paris (siège).
Un interlocuteur unique
Trois arrêtés publiés au Journal officiel le 31 août ont officialisé cette fusion (voir notre article du 1er septembre 2017) et l'Autorité de la concurrence avait au préalable donné son feu vert (voir notre autre article du 5 avril 2017). "Ce n'est pas un rapprochement purement capitalistique mais fait par sens pratique et dans l'intérêt général, parce que nos dispositifs industriels sont proches, qu'il y a des synergies à trouver et des gains d'efficacité significatifs à réaliser", éclaire Géraldine Poivert, directrice générale d'Ecofolio et de Citeo. En unissant leurs efforts, l'ensemble pèse lourd : 250 salariés répartis par direction, dont une spécifiquement dédiée aux relations avec les collectivités locales, pilotée par l'ancienne directrice de la collecte sélective et des opérations régionales d'Eco-Emballages.
Qualité de service
"Les collectivités vont en tirer des bénéfices car même s'il reste deux agréments, deux systèmes de REP [responsabilité élargie du producteur, ndlr] et donc deux contrats par territoire, elles auront un seul interlocuteur et les démarches administratives seront plus simples", assure Géraldine Poivert. Citeo entend aussi apporter en amont de meilleurs services aux metteurs sur le marché et à ses 61.000 entreprises clientes. "Nous leur apporterons plus de solutions, un parcours client simplifié, de la data, des analyses, du benchmark et une aide renforcée à l'éco-conception, ainsi que de l’accompagnement et des formations de leur personnel et de leurs acheteurs, domaine où il y a une forte demande et qui ne concerne pas que les grandes entreprises mais aussi les PME", précise Jean Hornain, directeur général de Citeo.
Innovation et centres de tri
Une vague d'appels à projets annuels va débuter en 2018 pour améliorer les dispositifs de collecte et de tri. L'enveloppe prévue est de 200 millions d'euros d'ici à 2022. Un effort à resituer dans la continuité du précédent coup de pouce financier de 90 millions d'euros d'aides versées il y a deux ans aux collectivités, dont les premiers effets sont attendus aujourd'hui. Plus de 230 projets portés par des collectivités avaient alors été retenus en vue de faire progresser le recyclage et la collecte du verre et des emballages légers. "L'amélioration du tri des emballages plastiques, l'augmentation de la taille des centres de tri, l'optimisation des fréquences de collecte en porte-à-porte de une fois par semaine à une fois tous les quinze jours, et le développement de la collecte de proximité, sont nos priorités pour moderniser le dispositif actuel", ajoute Philippe-Loïc Jacob. "Ces centres de tri ont été conçus à une époque, dans une logique d'aménagement du territoire. Aujourd'hui, il faut massifier les flux, investir dans des équipements à la pointe pour que les matières premières secondaires qui en ressortent soient de qualité et à bas prix, sans quoi le recyclage stagnera", soutient Géraldine Poivert. Pour cela, la nouvelle entité mise sur l'expérimentation, l'innovation, plus d'animation et de mise en dialogue de l'amont comme de l'aval de la filière, "et, dans les territoires, sur la systématisation des comportements repérés comme exemplaires mais qui sont encore isolés". Et les dirigeants de Citeo d'évoquer à ce propos l'intérêt d'un lieu de dialogue et d'échange de bonnes pratiques comme le club des métropoles. "Initié l'an dernier, il rassemble une dizaine des plus grandes villes françaises et se réunira la semaine prochaine à Marseille en accueillant la ville de Barcelone", conclut Philippe-Loïc Jacob.