Dématérialisation - France Connect vise 20 millions d'utilisateurs en 2019
Le dispositif d’authentification simplifié France connect de la Dinsic mise sur l’arrivée de l'Éducation nationale et de Pôle emploi pour accélérer son développement en 2019. À ce jour 300 collectivités l’utilisent pour l’accès à leur portail de téléservices. En intégrant bientôt des droits délégués, il ouvrira la voie à de nouveaux usages.
France connect fait partie des briques de "l’État plateforme" créée la direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication de l'État (Dinsic). Un concept qui vise mettre à disposition des administrations, à l’image des grandes plateformes de l’internet, des ressources, des outils et un écosystème pour accélérer la "fabrication" de téléservices. Créé en 2014, France connect évite à l’usager de mémoriser les multiples identifiants et mots de passe demandés par chaque administration pour réaliser des formalités. Pour s’authentifier, l’usager choisit une "identité pivot" préexistante et délivrée selon une procédure fiable par des fournisseurs d’identité France connect. Ceux-ci sont aujourd’hui au nombre de cinq : les impôts, Ameli, la Poste, Mobile connect et la MSA. Si l’usager choisit de s’identifier avec le login/mot de passe des impôts pour accéder à un site tiers, seules les données d’identité de la personne physique (listée dans cet arrêté ) sont échangées entre les deux entités.
7,5 millions d’utilisateurs à ce jour
L’ampleur de la simplification apportée à l’usager-internaute est cependant d’autant plus importante que ce mode d’authentification est accepté par un grand nombre de sites publics, voire privés. Car France connect est ouvert aux personnes morales de droit privé qui "proposent des services en ligne dont l'usage nécessite, conformément à des dispositions législatives ou réglementaires, la vérification de l'identité de leurs utilisateurs ou de celle de certains de leurs attributs". Depuis sa "généralisation" en 2016, les équipes de France connect mobilisent les téléservices les plus utilisés : consultation des points de permis, mutuelles ou encore caisses de retraite. "En 2019, France connect va intégrer l’Education nationale, pour l’accès aux espaces numériques de travail (ENT), Pôle emploi, les CAF et l’Urssaf au travers du chèque emploi services (Cesu). Nous devrions atteindre ainsi 20 millions de comptes France connect contre 7,5 aujourd’hui", explique Lionel Fouillen, responsable des relations partenaires FranceConnect.
50 services "France connectés" à Vincennes
Les collectivités sont aujourd’hui 300 à l’utiliser, chiffre qui devrait monter à 1.000 dès le début de l’année, et 6.000 fin 2019 grâce un à un partenariat avec l’AMRF. Elles peuvent réaliser l’implémentation elles-mêmes (documentée sur api.gouv.fr), recourir à des sociétés de services labellisés ou encore utiliser des logiciels libres l’intégrant nativement comme Lutèce, le gestionnaire de sites internet développé par la ville de Paris. Son principal vecteur de déploiement reste cependant les éditeurs métiers (enfance, écoles, culture…) qui intègrent progressivement un "bouton France connect". Douze éditeurs la proposent aujourd'hui, parmi lesquels Berger Levrault, Entr’ouvert, Arpège ou encore Jalios. À Vincennes par exemple, France connect a permis à la ville de simplifier l’accès à ses propres téléservices et d’abandonner le (coûteux) système de fédération d’identité qu’elle utilisait auparavant. Au total, pas moins de 50 téléservices ont été "France connectés".
Une passerelle data avec la DGFIP
Pour aller un cran plus loin dans la simplification, France connect s’enrichit progressivement d’autres d’API autorisant l’échange de données sécurisées entre administrations. Des transferts qui sont soumis à l’autorisation expresse de l’usager et qui passent par un cloud sécurisé. Lyon utilise ainsi une API évitant à l’usager d’avoir à produire sa déclaration de revenu pour le calcul du quotient familial, cette donnée étant directement fournie par la DGFIP. "Cela évite à l’usager d’avoir à scanner un document – qu’il devra de toutes les façons produire pour bénéficier de l’aide – et préserve sa vie privée car seules les informations strictement nécessaires à la démarche sont transmises (revenu de référence, nombre de part). Cette fonction est adoptée par 20% des personnes qui utilisent le téléservice", explique Thierry Le Vaguerese, directeur de la mission “Gestion de la relation aux usagers” à la ville de Lyon. 10 collectivités d’autres testent cette API qui devrait être généralisée en 2019.
Une start-up d’État pour plancher sur France connect aidants
Au-delà des échanges de données entre administrations, pour éviter les ressaisies de données à l’usager, France connect planche aussi sur l’intégration de droits délégués. "France connect agents", qui a fait l’objet d’une preuve de concept en Bourgogne, vise par exemple à permettre à des agents de s’identifier en tant que personne habilitée par sa collectivité pour réaliser des formalités auprès de tiers. "France connect aidant" utilisera un mécanisme similaire pour permettre à des personnes habilitées à réaliser des formalités administratives pour le compte de tiers. Parmi les bénéficiaires de cette version du connecteur, les personnes sous tutelle mais aussi toutes celles et ceux frappés "d’illectronisme" qui renoncent à l’obtention des aides auxquelles ils ont droit, faute de maîtriser les outils informatiques. Ce projet, qui figure dans le Plan national pour un numérique inclusif lancé en septembre dernier, fait l’objet d’un projet de start-up d’État qui sera lancée début 2019.
Un tiers de Français réticents aux téléservices
Le baromètre numérique 2018 publié le 3 décembre dernier contient des indicateurs sur les téléservices administratifs et les données personnelles qui vont dans le sens des projets de France connect. 36% des Français éprouvent ainsi une inquiétude à l’idée d’accomplir des démarches administratives en ligne et 8% disent même ne pas aller au bout d’une formalité. Un chiffre d’autant plus élevé que l’âge progresse et le niveau de diplôme diminue. Face à leurs difficultés, 43% des personnes cherchent à se faire aider et la médiathèque est désigné comme le lieu le plus adapté pour se former par 72% des répondants. D'une façon générale, la réalisation de démarches en ligne stagne (65% contre 67% en 2017), semblant indiquer que la simplification promise n’est pas forcément au rendez-vous. Par ailleurs, 29% des Français interrogés expriment des craintes à réaliser des démarches administratives du fait du manque de protection de leurs données personnelles, chiffre qui monte à 40% quand il s’agit d’évoquer les freins à l’utilisation d’internet tout court. Sur ce dernier point, on notera que France connect promeut un équilibre entre simplification et protection des données, mais dont la compréhension n’est pas forcément à la portée du premier quidam.