Formation professionnelle : quel bilan chiffré, deux mois après le confinement ?
La pandémie a révélé la faible appétence pour les pratiques d’enseignement à distance dans le secteur de la formation professionnelle. Le confinement a en effet contraint les acteurs à développer au pied levé une offre de formation à distance, encore minoritaire.
Le secteur de la formation professionnelle a-t-il su s’adapter au contexte inédit provoqué par l’épidémie ? Comme dans d’autres secteurs, le confinement a été synonyme d’une marche forcée vers les formations à distance. Et celle-ci n’est pas prête de s’interrompre : dans ses recommandations mises à jour vendredi 15 mai, le gouvernement invite les organismes de formation et les CFA à recourir à "un mixte entre formation à distance, en présentiel et dans le cadre de tiers-lieux".
Doublement des formations à distance éligibles au CPF
Quelques données permettent d’y voir plus clair sur la réaction du secteur à la crise. Selon la Fédération de la formation professionnelle, avant la crise, 91% des formations se déroulaient en format présentiel. Sur le mois d’avril, le taux de formations réalisées à distance a triplé, précise la FFP à Localtis.
De son côté, la Caisse des Dépôts a constaté un "doublement des formations à distance" proposées sur le compte personnel de formation. Le catalogue des formations éligibles au CPF et réalisables à distance compte 200.000 sessions sur un total de 730.000, par 13.500 organismes, a précisé Michel Yahiel, directeur des retraites et de la solidarité de la Caisse, auprès du site spécialisé Centre Inffo. Cette évolution de l’offre a permis de limiter la baisse du nombre d’inscriptions en formation sur le CPF. "Nous sommes passés d’un flux de 20.000 inscriptions par semaine au début de la crise à 8.000 à la fin", a-t-il souligné.
Chômeurs : deux tiers des formations au moins partiellement maintenues
Du côté de la formation des demandeurs d’emploi, une enquête de la Dares auprès de 5.600 stagiaires a permis d’établir que deux tiers des formations ont été maintenues entre le 8 et le 25 avril, partiellement ou complètement. Sans surprise, les formations préalables à l’embauche (AFPR et POEI), liées à des besoins immédiats chez les employeurs, ont subi le plus de suspensions (65%). "Les formations les plus courtes ainsi que celles accueillant des publics moins qualifiés ont été plus souvent suspendues", précise l’institut de statistique.
Dans le reste des cas, "les cours ont pu être dispensés par vidéo et, dans un quart des cas, par téléphone (…). Parfois, le maintien de la formation s’est effectué via des outils plus sommaires (envoi de documents par courrier ou par messagerie)", selon la Dares.
Les formations à distance mises en avant
De son côté, Régions de France estime à environ 50% la part des formations qui ont pu se poursuivre à distance pendant cette période, le reste ayant été reporté jusqu’à nouvel ordre. "Pour les marchés à venir, il faudra prendre en compte la dimension distancielle et de force majeure liée au Covid-19", souligne l’association. D’autant que le présentiel, s’il se poursuit dans les mêmes exigences sanitaires, produira des surcoûts qu’il faudra prendre en charge.
Encore faut-il trouver l’offre de formation à distance correspondante, loin de pouvoir s’improviser, tant sur le plan pédagogique que technique. Selon un décompte de Défi métiers, le service d’information francilien sur l’offre et les besoins de formation professionnelle, fin avril, les formations ouvertes à distance représentaient environ 10% des sessions disponibles, lesquelles étaient assurées par 699 organismes.
Conscient de ce déficit, l’État avait prévu, dans le cadre de son plan d’investissement dans les compétences élaboré en 2019, de réaliser d’ici 2022 plus de 30.000 entrées en formation sur trois ans réalisables à 100 % à distance, via Pôle emploi.