Forêts : cinq syndicats de l'ONF attaquent en justice le nouveau contrat avec l'Etat
Cinq des huit organisations syndicales représentées à l'Office national des forêts (ONF) ont déposé ce 22 juin un recours devant le tribunal administratif de Paris demandant l'annulation du nouveau contrat liant l'établissement public et l'État pour la période 2021-2025. Proposé par l'État en juin 2021, avec pour but le retour à l'équilibre financier, ce contrat a été signé le 22 avril par la direction de l'établissement public d'une part et les ministères chargés de l'Agriculture, de la Transition écologique et des Comptes publics d'autre part. "Par ce contrat, le gouvernement décide de supprimer 500 emplois supplémentaires à l'ONF d'ici à 2025. Pourtant le dérèglement climatique et le dépérissement des forêts vont nécessiter de plus en plus de travail : suivi sanitaire et renouvellement des peuplements forestiers", expliquent dans un communiqué les syndicats signataires, dont le Snupfen Solidaires, syndicat majoritaire des agents du public de l'ONF qui estiment que le contrat Etat-ONF est "de nature à amplifier gravement la dégradation des conditions de travail".
"Par leurs capacités exceptionnelles à stocker le carbone que nous émettons, à protéger la biodiversité et l'eau que nous buvons, nos écosystèmes forestiers sont et seront un des principaux amortisseurs des crises climatiques (...) Pourquoi réduire encore les moyens du service public en charge de les protéger notamment contre les incendies de plus en plus nombreux dans notre pays ?", demandent les requérants.
Ils rappellent que la Convention citoyenne pour le climat avait proposé d'augmenter les effectifs de l'ONF, qui en 20 ans, ont "subi près de 5.000 suppressions de postes", passant "de 12.866 personnels en 2000 à 7.963 en 2020". "Ces destructions massives d'emplois se sont accompagnées de réorganisations permanentes et d'une forte dégradation des conditions de travail", expliquent-t-ils, rappelant qu'ont été menés des audits externes, enquêtes internes et expertises indépendantes. En 15 ans, "ce sont plus de 50 personnels de l'ONF qui ont mis fin à leurs jours", affirment-ils.
L'ONF, dont la moitié des employés sont des fonctionnaires ou des contractuels de droit public, gère les 11 millions d'hectares de forêts publiques françaises. L'office est dans la tourmente depuis des années. La crise s'est encore accentuée ces derniers mois, avec le départ abrupt de son directeur général, Bertrand Munch, dont le gouvernement a mis fin aux fonctions le 31 mars. Le ministère de l'Agriculture a justifié en mars ce changement de direction par la nécessité de franchir une "nouvelle étape pour l'ONF", qui devrait "faire appel à un haut manager-expert dans les champs de compétences de l'établissement".