Fonction publique : une augmentation de salaire pour 1,2 million de catégories C
Les agents de catégorie C rémunérés au niveau du Smic dans les trois fonctions publiques percevront une augmentation comprise entre 40 et 85 euros nets par mois, a fait savoir Amélie de Montchalin ce 6 juillet dans le cadre de la "conférence sur les perspectives salariales" dans la fonction publique.
Environ 1,2 million d'agents de catégorie C des trois fonctions publiques vont prochainement bénéficier d'une hausse de salaire comprise entre 40 et 85 euros mensuels nets pour compenser l'absence de hausse du point d'indice, a annoncé ce mardi 6 juillet la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.
"Le point d'indice n'augmentera pas. L'augmenter de 1%, ça coûte 2 milliards d'euros aux finances publiques. Au lieu de ça, pour une enveloppe plus réduite (250 millions d'euros en 2022, selon le ministère) mais extrêmement ciblée, je vais être capable d'augmenter de 40 à 100 euros par mois le pouvoir d'achat pour les agents le plus près du Smic", avait déclaré Amélie de Montchalin sur RMC et BFMTV juste avant de recevoir neuf organisations syndicales de la fonction publique et des représentants des employeurs publics dans le cadre de la "conférence sur les perspectives salariales". "Ça concerne 1,2 million d'agents dans les trois fonctions publiques (d'État, territoriale et hospitalière)", a-t-elle ajouté. "J'utilise chaque euro d'argent public pour combler le déficit d'égalité pour s'assurer qu'on ne fait pas de saupoudrage". Devant la presse, à l'issue de cette rencontre, elle a redit "assumer" cette "rupture", en choisissant de ne "revaloriser (que) ceux les plus faiblement rémunérés" .Et le ministère de souligner qu'une hausse de 1% du point d'indice n'aurait signifié que 14 euros de plus par mois en moyenne pour les catégories C. En sachant que le montant maximal de 100 euros évoqué par la ministre inclut en réalité 15 euros de prise en charge de la complémentaire santé, qui correspond à une autre mesure.
La revalorisation du traitement des agents de catégorie C rémunérés au niveau du Smic sera actée dans le prochain projet de loi de finances. Le montant du "gain" mensuel sera fonction de l'ancienneté. "Les agents de catégorie C méritent une meilleure reconnaissance, ils sont un rouage indispensable de nos services administratifs, de l’accueil du public et du fonctionnement de nos services techniques, notamment dans les collectivités territoriales", souligne le communiqué du ministère.
L'augmentation sera accompagnée à partir de janvier 2022 de mesures "permettant une progression plus rapide en début de carrière ainsi que d’une bonification d’ancienneté d’un an pour tous les agents de catégorie C". La ministre a par ailleurs annoncé une augmentation des salaires des contractuels pour "s'assurer qu'ils sont tous au-dessus du Smic". Ou encore le maintien de la rémunération des agents qui ont réussi un concours, doivent se former pendant une à deux années, et devaient financer seuls ces années jusqu'à présent. Ainsi qu'une prime de 500 euros pour les agents qui seront "tuteurs" d'apprentis.
Un système "à bout de souffle"
Les deux autres "priorités" mises en avant visent avant tout la fonction publique d'État avec, notamment, "la réduction des écarts salariaux entre les ministères", notamment dans la filière administrative. Et afin de "redonner des perspectives de carrière", "plus de 10.000 agents de l’État de catégorie B et C bénéficieront en 2022 d’une promotion de grade, en particulier dans les filières les plus féminisées".
Amélie de Montchalin avait commencé par rappeler les dispositions déjà prises en faveur de certains agents depuis 2017 : réforme de la protection sociale complémentaire, poursuite du protocole PPCR, revalorisations pour les soignants dans le cadre du Ségur de la santé, etc.
Les conclusions de cette conférence sur les perspectives salariales sont attendues pour mars 2022. D'ici là, le ministère entend "porter un diagnostic transparent" et des propositions pour réforme "un système de rémunérations et de progression des carrières à bout de souffle" et dont les "défauts structurels" seraient nettement apparus pendant la crise.
Parmi les syndicats présents, la CFDT a relevé que ces mesures "devront être rapidement confirmées par des textes réglementaires pour bénéficier aux agents des trois versants". Et dit "regretter encore une fois qu’aucune mesure générale ne soit retenue, même celles qui sont en faveur des plus basses rémunérations" par l'ajout de points d’indice. L'Unsa a elle aussi regretté "que le gouvernement n’ait pas retenu le principe d’une mesure générale, seul moyen de reconnaitre l’engagement de tous les agents publics, fonctionnaires comme contractuels", tout en voyant dans la revalorisation des catégories C un "élément positif". Et même son de cloche, peu ou prou, dans le communiqué CGT-FA-FSU-Solidaires, sur une tonalité plus ferme : des "avancées", mais "très insuffisantes", toujours faute de "mesures générales". Le représentant de la CGT, Jean-Marc Canon, a d'ailleurs parlé d'une mesure "présentée de manière très tendancieuse" : elle "ne bénéficiera pas à tous les agents de catégorie C et mélange plusieurs choses" dont la prise en charge donc, par les employeurs publics de la moitié du coût de la complémentaire santé que les agents publics devaient payer seuls jusqu'à présent lorsqu'ils en avaient une. Christian Grolier, de FO, estime en outre que "très peu d'agents de catégorie C" bénéficieront de "100 euros mensuels en plus à moins d'avoir atteint le troisième grade et travaillé 42 ans dans la fonction publique".