Archives

Fluvial : l'Etat signe un contrat d'objectifs de dix ans avec VNF

Le contrat d'objectifs et de performance (COP) signé ce 30 avril entre l'Etat et Voies navigables de France (VNF) pour la période 2020-2029 entend faire du mode fluvial un des piliers de la transition écologique. Avec une montée en charge des investissements dévolus aux infrastructures fluviales, qui devraient atteindre 3 milliards d'euros à l'horizon 2030, le COP vise à augmenter de moitié le volume fret transporté par la voie d'eau et à donner à VNF les moyens d’assurer sa mission de gestion globale de l’eau, en renforçant notamment la sécurité des ouvrages hydrauliques et la préservation de la biodiversité. Les liens avec les collectivités locales pour la construction de projets de territoires figurent aussi parmi les points saillants du COP avec l’élaboration, d’ici la fin 2022, de partenariats pour la définition des niveaux de service à assurer sur le réseau à petit gabarit.

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, ont signé ce 30 avril avec Voies navigables de France (VNF) le contrat d'objectifs et de performance (COP) liant l'Etat à son opérateur pour la période 2020-2029. Prévu par la loi d'orientation des mobilités (LOM) et doté de moyens financiers "inédits", assure le ministère des Transports - 220 millions d'euros en 2020, 300 millions d'euros en 2021 (grâce à l’apport de 175 millions d'euros du plan de relance sur 2021-2022), le COP prévoit qu'à l’horizon 2030, 3 milliards d'euros d'investissements seront consacrés aux infrastructures fluviales, dont 1,9 milliard d'euros dédiés à la régénération et à la modernisation du réseau, "conformément aux priorités sur l’entretien des réseaux existants qui permettent d’assurer les 'transports du quotidien'".

Hausse de moitié du fret fluvial d'ici 2030

Le fluvial est érigé comme "un des piliers de la transition écologique". "Il permet de transporter des volumes considérables en générant jusqu’à cinq fois moins d’émissions de CO2, d’oxyde d’azote ou de particules que le transport routier (1 convoi fluvial de 4.500 tonnes représente 220 camions), rappelle le document de présentation du COP. C’est un mode de transport sûr, avec un taux d’accidentologie très faible, et sans nuisance permettant de transporter les marchandises au plus près des centres-villes." Le volume de fret transporté par voie fluviale pourrait augmenter de moitié à l'horizon 2030, ce qui porterait le potentiel trafic à plus de 10 milliards de tonnes-kilomètres, soit plus de 75 millions de tonnes de marchandises transportées par voie d'eau. Pour anticiper cette hausse attendue du trafic, le COP prévoit un programme de travaux de très grande ampleur pour moderniser et développer le réseau : chantiers de fiabilisation et de modernisation des infrastructures de sorte à augmenter la performance et la compétitivité du fluvial (par exemple, sont actuellement en cours sur la Seine, des travaux d’ampleur sur les écluses de Méricourt ou le barrage de Poses, qui voient passer 30% du trafic de fret national) ; développement du réseau dans le cadre de l’axe Seine-Escaut qui comprend le canal Seine-Nord Europe mais aussi 4 autres projets connexes pour connecter le bassin de la Seine au réseau du Nord de l’Europe (et devrait représenter, à lui seul, un trafic de 3,3 milliards de t-km en 2030).

Energies vertes et gestion de l'eau

Les 6.700 km de fleuves, de rivières et de canaux du réseau VNF sont aussi "les espaces précieux d’un tourisme vert, authentique, loin de la foule", vantent également le gouvernement et VNF. Le réseau fluvial contribue aussi au développement d’énergies vertes, notamment celle de l’hydroélectricité sur les ouvrages (barrages, écluses…) le permettant. 80 microcentrales hydroélectriques sont d’ores et déjà en activité sur le réseau, dont la majorité sont détenues et exploitées par des entreprises tierces et une dizaine de nouvelles centrales sont en cours d’installation. VNF héberge également depuis fin 2018 sur le Rhône le premier parc d’hydroliennes fluviales du monde.
Au-delà de l'énergie, c'est une mission de gestion globale de l'eau qui incombe à l'opérateur, dans un contexte d'accélération du réchauffement climatique et de réduction de la biodiversité. L’établissement est ainsi chargé "d’assurer une gestion raisonnée et partagée de la ressource hydraulique : la distribution d’eau potable aux populations (via les collectivités territoriales), aux industriels (refroidissement des centrales nucléaires par exemple), au monde agricole (irrigation des champs), ou encore à une pluralité d’activités de loisirs", rappelle le document présentant le COP. A titre d’exemple, 60% de l’eau gérée par VNF pour le canal du Midi sert à l’irrigation soit plus que ce qui est nécessaire pour la navigation.
Le COP a donc aussi pour objectifs de  renforcer la sécurité des ouvrages hydrauliques, notamment pour faire face aux aléas climatique, de mieux garantir les approvisionnements pour les différents usages de l’eau, de favoriser le développement de l’hydro-électricité et des autres potentiels énergétiques, de favoriser la préservation de la biodiversité et la continuité écologique (protection des espèces, et des milieux naturels) et de lutter contre la prolifération des plantes exotiques envahissantes.

Partenariats avec les collectivités territoriales

"La voie d’eau est un vecteur d’attractivité économique, culturel et touristique dont le développement comme le maintien nécessite un partenariat fort avec les collectivités locales pour la construction de projets de territoires", souligne aussi le ministère des Transports dans son communiqué sur le COP. Celui-ci prévoit ainsi l’élaboration, d’ici la fin de l’année 2022, de partenariats avec les collectivités territoriales pour la définition des niveaux de service à assurer sur le réseau à petit gabarit. Parmi les démarches territoriales ayant déjà obtenu des résultats remarqués, l'Etat et VNF citent la Sambre à l’Oise, dont une partie était fermée à la navigation depuis plusieurs années, et qui va être entièrement remise en navigation ce printemps. Les acteurs locaux ont estimé que le canal était un élément indispensable de la vie économique du territoire et ont dessiné, en co-construction avec VNF, tout un projet touristique autour de la voie d’eau en partageant les coûts. Autres exemples : "L’entente pour le canal du Midi",  mise en place entre l’Etat, la région Occitanie, VNF et les collectivités concernées, afin de mieux coordonner l’action de tous les acteurs autour du canal, ou encore le partenariat avec la région Grand Est  pour co-construire avec les collectivités du territoire des projets autour du tourisme "fluvestre" sur 4 itinéraires. 
Enfin, le COP prévoit aussi une modernisation de grande ampleur de la gestion fluviale : téléconduite, automatisation, gestion hydrologique plus fine, innovation, mais surtout verdissement de la flotte avec des projets de construction de bateaux à hydrogène, de développement des bornes électriques à quai, d'avitaillement en carburants alternatifs…