Financement des scènes de musiques actuelles : un coup de pouce budgétaire en vue ?

Les sénateurs ont voté, lors de l'examen du projet de loi de finances, une hausse des moyens en faveur des scènes de musiques actuelles, dont beaucoup connaissent d'importantes difficultés financières. Une disposition suspendue au sort du PLF…

Le vote, le 7 décembre dernier, d'un amendement au projet de loi de finances pour 2024 (PLF) en séance publique par le Sénat pourrait redonner de l'air aux scènes de musiques actuelles (Smac), alors que les quatre-vingt-douze structures réparties sur tout le territoire "ne parviennent plus à remplir les missions fixées dans le cahier des charges du label faute de moyens suffisants", selon la rapporteure pour avis, Karine Daniel.

Si la crise du Covid est maintenant derrière elles, les salles de petite et moyenne jauges ont connu une reprise de la fréquentation plus lente et le remplissage s'est révélé, dans l'ensemble, plus délicat pour les artistes émergents, alors que la hausse des charges est évaluée aux alentours de 20%. Lors de son audition à l'Assemblée nationale le 29 novembre dernier, Christopher Miles, directeur général de la création artistique au ministère de la Culture, avait affirmé que selon une récente enquête flash, 65% des Smac étaient en déficit à la fin de l'année 2023, pour des montants s'échelonnant de 9.000 à 220.000 euros. "La baisse de l'activité des Smac commence à être sensible, elles ont de plus en plus de mal à assurer leurs missions de service public, c'est-à-dire la prise de risque artistique", avait encore pointé Christopher Miles. Plus prosaïquement, plusieurs Smac envisagent des licenciements ou des annulations de leur saison artistique à venir.

Les Smac "ne s'en sortent plus"

C'est dans ce contexte que plusieurs parlementaires ont souhaité rehausser la participation plancher de l'État au fonctionnement de ces salles dont un quart se situe en territoire rural. Si l'État finance en moyenne chaque scène à hauteur de 135.000 euros par an – soit 11% de leur budget moyen, contre 40% provenant des collectivités territoriales –, le PLF prévoyait initialement de relever le plancher de l'aide de 75.000 à 96.000 euros en 2024. Un niveau jugé insuffisant par le Syndicat des musiques actuelles (SMA) qui estime que les Smac "ne s'en sortent plus" et "demandent davantage de financements de la part de l'État pour remplir leurs missions".

À l'Assemblée nationale, un amendement avait été voté afin de porter la participation plancher de l'État à 200.000 euros pour chaque Smac, un montant revendiqué par les scènes elles-mêmes. Mais il a été emporté lors de la mise en œuvre de l'article 49.3 qui a permis au gouvernement de remettre les compteurs du texte à zéro.

Tour de Pass-passe

La discussion du PLF au Sénat a finalement permis de réintroduire une mesure financière forte en faveur des Smac. Lors de la séance publique du 7 décembre, un amendement déposé à l'initiative de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication a proposé une hausse globale de 3,68 millions euros de l'enveloppe réservée aux Smac, pour la porter à 16 millions et garantir un montant minimal de 175.000 euros pour chaque scène. Pour y parvenir, les sénateurs ont choisi d'opérer un transfert de crédits du Pass culture inscrits au programme "Transmission des savoirs et démocratisation de la culture" vers le programme  "Création", et ceci "dans la mesure où une offre culturelle diversifiée sur les territoires est un préalable nécessaire pour permettre au Pass culture de remplir ses objectifs de démocratisation culturelle et de diversification des pratiques des jeunes".

Cet amendement a été adopté après que la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, s'en est remise "à la sagesse du Sénat". Une position qui entrouvre la porte à un maintien de cette mesure lors de la suite de l'examen du PLF dont le texte va revenir à l'Assemblée nationale après que la commission mixte paritaire s'est déclarée non conclusive le 12 décembre (voir notre article de ce jour).

 

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