Festivals : une année 2024 contrastée sur fond de difficultés économiques croissantes
Selon un bilan provisoire dressé par le Centre national de la musique, les Jeux olympiques ont peu perturbé les festivals en 2024. En revanche, ils sont de plus en plus impactés par les aléas climatiques et leur situation économique se détériore.
Les festivals de musique et d'humour ont connu, entre janvier et août, une année 2024 contrastée, selon bilan provisoire (une première !) réalisé par le Centre national de la musique (CNM) et le département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation du ministère de la Culture (Deps) et publié le 18 octobre. Alors que les organisateurs de festivals craignaient les répercussions de l'accueil des Jeux olympiques en France, ce sont les difficultés économiques et les aléas climatiques qui les ont le plus fortement affecté, et ce malgré un niveau de fréquentation satisfaisant.
Tout d'abord, l'impact des JO est jugé "limité". Alors qu'à l'automne 2022, le ministre de l'Intérieur avait annoncé que de grands événements culturels seraient annulés ou reportés durant les Jeux en raison de l'indisponibilité des forces de l'ordre, d'après le bilan provisoire, 95% des 877 festivals ayant répondu à l'enquête se sont bien déroulés en 2024, tandis que 3% n'avaient pas d'édition prévue cette année et que 2% ont été annulés, dont un seul en lien direct avec la tenue des JO.
10% des festivals ont cependant signalé des perturbations ou des difficultés causées indirectement par les Jeux : problèmes de sécurité (chez 58% des festivals impactés), modifications de dates, de lieux ou annulations partielles (42%), indisponibilité de prestataires (42%), pénurie de matériel (34%), etc.
Exposition croissante aux risques climatiques...
Le point noir est venu des risques climatiques auxquels les festivals semblent "de plus en plus exposés". Deux festivals ont été annulés pour cause d'aléas météorologiques tandis que 34% ont été affectés, en majorité par de fortes précipitations (51%), des orages (28%) ou des températures extrêmes (13%). Par ailleurs, 77% déclarent avoir mis en place des mesures d'adaptation. Selon l'enquête, les intempéries sont désormais la deuxième cause de difficultés pour les organisateurs, derrière les problèmes financiers.
Le rayon de soleil de ce bilan provisoire de la saison 2024 des festivals est venu des chiffres de la fréquentation. 25% des répondants ont augmenté leur capacité d'accueil – pour porter la capacité moyenne à 10.441 spectateurs – et le taux de remplissage moyen a atteint 78%. Plus d'un quart des festivals (26%) a même réalisé un taux de remplissage supérieur à 90%. Par rapport à 2023, ce taux est en hausse pour 44% des festivals et en baisse pour 30%.
… situation économique de plus en plus complexe
Cette hausse de la fréquentation a entraîné une hausse des recettes de billetterie pour un grand nombre de festivals (41%). Il s'agit toutefois du seul poste de recettes en nette croissance cette année. Les subventions ont de leur côté baissé pour 28% des festivals et ne sont en hausse que pour 21% d'entre eux. À l'inverse, 2024 a vu croître les dépenses techniques pour 58% des festivals répondants, les dépenses artistiques pour 53% d'entre eux et les dépenses de sécurité pour 44%.
Sans surprise, 80% des festivals déclarent avoir rencontré des difficultés en 2024, et pour une majorité d'entre eux, celles-ci sont d'ordre financier. 48% des festivals analysés sont déficitaires. On relève même une situation déficitaire pour près de la moitié (44%) des 70 festivals qui ont atteint un taux de remplissage supérieur à 90%. Seuls 25% des festivals étaient à l'équilibre et 27% ont réalisé un bénéfice. La situation économique des festivals de musique et d'humour apparaît au final "de plus en plus tendue" et les difficultés financières constituent la première cause d'annulation.