Ferroviaire : l'Ile-de-France appelle à l'abandon du projet de ligne nouvelle Paris-Normandie
La région Ile-de-France a adopté ce 11 septembre une motion pour demander à l'Etat d'abandonner le projet de Ligne nouvelle Paris Normandie (LNPN), une nouvelle ligne ferroviaire censée réduire les temps de trajet entre la capitale et plusieurs villes normandes. La présidente de région Valérie Pécresse a dénigré un projet "dont l'impact écologique et économique serait désastreux pour les communes traversées, notamment dans les Yvelines". D'après la motion adoptée par les élus régionaux, "cette ligne nécessite l'artificialisation de centaines d'hectares de terres agricoles qui sont parmi les meilleures de France". Le projet, estimé à 11,5 milliards d'euros par la région, est en plus une "aberration économique" et "va détruire ou endommager les ressources en eau ainsi que des espaces naturels essentiels à la protection de la biodiversité".
Valérie Pécresse avait émis trois conditions pour apporter son soutien, notamment financier, au projet : le maintien de l'arrêt des trains normands dans le Mantois, un prolongement de la section en souterrain dans les Yvelines et "que le service fret ne se fasse pas au détriment des voyageurs". Toutes ces conditions "ont été refusées par l'Etat et la région Normandie", est-il écrit dans la motion.
La décision de l'Ile-de-France a suscité la colère de la région Normandie et de plusieurs agglomérations importantes (Rouen, Le Havre, Caen ou Cherbourg) qui dans un communiqué commun ont évoqué "un projet d'intérêt national" qui constitue selon eux "l’acte majeur d’aménagement d’un corridor économique stratégique pour le pays tout entier, contribuant fortement au développement des mobilités décarbonées pour les voyageurs et pour le fret". "La ligne nouvelle permettra un report des trajets de la voiture vers le rail, en dotant l’ouest de l’Ile-de-France et la Normandie de liaisons fréquentes, fiables, rapides et directes en direction de Paris", font-ils valoir. Autre avantage, selon les élus normands : elle "libérera des sillons, c’est-à-dire des capacités, au profit des trains de fret, réduisant ainsi les nuisances liées aux transports routiers, non seulement pour accompagner le développement du port du Havre, mais également pour toute la logistique et les approvisionnements propres à Paris et à l’Ile-de-France".
"Valérie Pécresse oublie que le projet a été annoncé par Nicolas Sarkozy en 2009, et qu'il a dès lors été porté avec détermination par un gouvernement dont elle était membre", soulignent-ils. De plus, "les partenaires du projet, dont sa région, ont consacré plus de 100 millions d'euros à ce jour" aux études, peut-on lire dans le communiqué. "Un projet d'intérêt national ne peut faire les frais d'une opposition locale", écrivent région et villes normandes, appelant l'Etat à appuyer la LNPN.
Le projet, qui remonte à 2009, a déjà franchi plusieurs étapes clefs. Une première phase d'étude a été menée entre 2014 et 2017, et l'Etat a réaffirmé "son caractère prioritaire" et fixé une feuille de route en 2020, d'après le site de SNCF Réseau présentant l'infrastructure. La ligne doit permettre de relier Paris à Rouen en moins d'une heure (contre 1 heure 20 actuellement) ou Paris au Havre en 1 heure 45 (contre 2 heures 05). Le projet - qui vise aussi à désengorger les voies ferrées aux abords de Paris - est d'aménager le réseau existant, complété par des tronçons nouveaux sur certaines sections, dont la construction est prévue à l'horizon 2035-2040.