Factures d'électricité : les PME industrielles sont les "plus vulnérables" à court terme
Un tiers des entreprises industrielles vont devoir renouveler leur contrat d’électricité en 2023, indique le Lab de Bpifrance dans sa 76e enquête de conjoncture auprès des PME, publiée le 10 janvier.
Alors que le gouvernement est sous pression pour étendre aux PME le tarif garanti de l’électricité qu’il vient d’accorder à 600.000 TPE, Bpifrance alerte sur la vulnérabilité des TPE-PME industrielles. Car 35% de ces entreprises industrielles sont amenées à renouveler leur contrat d’électricité courant 2023 (contre 20% tous secteurs confondus), indique le Lab de la Banque publique d’investissement dans sa 76e enquête de conjoncture auprès des PME, publiée le 10 janvier. De même pour le prix du gaz, 40% des entreprises industrielles vont devoir renouveler leur contrat en 2023 (35% tous secteurs confondus). Les PME industrielles apparaissent ainsi comme les "plus vulnérables" à court terme.
Si 55% des dirigeants, tous secteurs confondus, jugent que l’évolution du coût de l’énergie a déjà eu un impact négatif significatif sur leur activité, ils ne sont que 5% à considérer que cela a fait basculer leur résultat dans le rouge en 2022. Proportion qui atteint cependant 10% dans l’industrie et le tourisme. L’impact du coût de l’énergie a donc pu être limité en 2022 mais "il pourrait ne pas en être de même en 2023", considère Bpifrance. 46% des dirigeants s’attendent en effet à une hausse de leur facture énergétique de plus de 10% en 2023 par rapport à 2021. Proportion qui monte à 63% du côté de l’industrie. 18% des patrons estiment même qu’elle pourrait plus que doubler. Et encore, "ces proportions paraissent relativement faibles au regard des contrats souscrits et des hausses de prix attendues, notamment s’agissant du tarif réglementé", souligne Bpifrance.
Le risque est que cette hausse des factures entrave les projets des TPE-PME qui semblent dans le flou. 63% des patrons ne savent pas à partir de quel prix leurs projets d’investissements seraient suspendus. 66% ne savent pas non plus à partir de quel tarif ils devront suspendre leur activité et 78% à quel niveau ils pourraient être amenés à fermer…
Une activité restée dynamique en 2022
L’enquête montre une nette dégradation du climat des TPE-PME par rapport à 2022 où l’activité est restée assez dynamique malgré un ralentissement comparé à 2021, année du rebond post-covid. Les patrons de TPE-PME tablent en effet sur une croissance moyenne de leur chiffre d’affaires de +5,7% en 2022, soit un peu mieux que ce qu’ils anticipaient en mai (+4,9%). Mais toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. Le Centre-Val de Loire affiche l’activité la plus dynamique l’an dernier : les TPE-PME régionales tablent sur une croissance de 8,1% en 2022, après 6% en 2021. Paradoxalement, les TPE-PME de la région font état de plus de difficultés que les autres (31% contre 24% en moyenne nationale). A l’opposé, on trouve la Nouvelle-Aquitaine et la Normandie, où la croissance du chiffre d’affaires des TPE-PME se situe à 4,4% et 4,6% en 2022.
Ce sont les secteurs du tourisme et des transports qui s’en tirent le mieux, à l’inverse du commerce et de la construction. Les difficultés d’approvisionnement restent prégnantes et touchent 72% des entreprises, 60% des PME déclarant que celles-ci limitent leur activité. Une grande majorité d’entreprises (72%) ont répercuté ces difficultés sur leurs prix de vente. Nombre d’entre elles ont aussi été obligées de puiser dans le PGE (prêt garanti par l’Etat). Et 5% craignent de ne pouvoir le rembourser.