Une méthodologie efficace transforme radicalement le cœur de bourg d’Olliergues (63)

« Nous nous efforçons de réaliser une bonne partie des étapes de nos projets en interne et nous ne les lançons que si des aides publiques atteignent les 80 % », explique le maire, Arnaud Provenchère. Voici deux des principaux modes d’action – et de réussite — de l’équipe municipale d’Olliergues, 752 habitants, pour mener à bien, depuis une petite dizaine d’années, sa politique de redynamisation du centre bourg. Elle a commencé par animer des réunions publiques en 2015, pour repérer les bâtiments qui répondaient à trois critères : inoccupés, en mauvais état et en vente. L’objectif était de réhabiliter ces habitats délaissés, voire en péril, dont le prix d’achat était abordable pour son budget, en complément du patrimoine dont elle disposait déjà. « Certains habitants concernés pouvaient être réticents à vendre, mais l’écroulement d’une maison abandonnée sur la route départementale, lors de la première réunion, a été un véritable électrochoc. Le propriétaire de cette habitation a dû en effet payer en urgence la démolition de son bâtiment, suite à un arrêté de péril imminent que nous avons pris pour sécuriser et rouvrir la route au bout de neuf jours. Pour les propriétaires d’habitations dans un état similaire, mieux valait donc vendre que de se retrouver dans cette situation. Cette démarche de concertation nous a en outre permis d’éviter d’avoir recours à des actions d’expropriations. »

Mixité générationnelle et cohésion sociale

Une première phase d’opérations, menée jusqu’en 2019, dans le cadre du projet « Olliergues 2030 », a ainsi permis de rendre plus accueillante une des entrées du bourg, en déconstruisant des bâtiments vétustes, de réaménager des rues anciennes, de ravaler des façades, de créer une esplanade, une halle, une pharmacie, des logements et un nouveau local pour l’Office de tourisme.

Le programme « Ambitions, générations et centre bourg », poursuit la revitalisation et inaugure en 2023, toujours dans des bâtiments déjà existants, une boulangerie avec un logement à son étage, un habitat partagé destiné aux personnes âgées ou handicapées ainsi qu’un tiers lieu intergénérationnel. Baptisé O’Lavie, l’habitat partagé, autrefois une pharmacie, est constitué de huit studios et T1 et d’une salle commune faisant office de salon, bibliothèque, espace de repas et cuisine dotée d’un espace équipé en visioconférence. Une personne y assure une présence quotidienne afin de sécuriser la vie à domicile. Une charte avait par ailleurs été travaillée avec les habitants, pour que les résidents assurent aussi une veille en interne.

La boulangerie a été aménagée dans l’ancienne perception et dispose à l’étage d’un T5 en location pour accueillir une famille. « La municipalité a fait les travaux et amené les fluides pour le commerce, tandis que les boulangers ont investi dans le four, les pétrins, la vitrine et l’aménagement intérieur », poursuit l’édile. Le tiers lieu, pierre angulaire de ce programme, doit favoriser la mixité générationnelle, grâce à une salle à manger qui accueille le midi les élèves de la maternelle, et à d’autres moments de la semaine, les associations et les résidents de l’habitat inclusif mitoyen. Il dispose aussi d’un potager collectif, d’une aire de jeu, d’un salon d’été avec terrasse et d’une laverie commune à l’habitat inclusif et à l’école maternelle.

Les futurs occupants impliqués

Entre-temps, ont aussi ouvert un fleuriste et un restaurant, toujours dans des bâtiments communaux loués à leurs gérants. « Tous nos projets sont élaborés avec les futurs occupants. Au départ, nous les repérions par le bouche-à-oreille. Aujourd’hui, ils viennent à nous. »

Pour des raisons financières et d’efficacité, le maximum d’étapes de ces opérations est réalisé par les élus et les six agents administratifs et techniques de la mairie. Il n’a fallu par exemple que les douze mois de l’année 2022 et 60 000 euros, pour qu’ils mènent les études d’opportunité et de faisabilité, les plans, les travaux, la communication ainsi que le recrutement de deux médecins et d’une assistante médicale, infirmière de formation, tous salariés de la municipalité, pour ouvrir le Centre de santé communal « le premier du département du Puy-de-Dôme, se félicite le maire. Nous nous passons même parfois de notaire lors de l’achat de biens, comme le restaurant par exemple. On ne le sait pas assez, mais une municipalité peut rédiger des actes de vente. Cette méthode de travail pragmatique nous permet d’être très réactifs. » Le coût total, de 1 668 397 euros, des trois opérations du programme Ambitions, a réuni 78 % d’aides publiques du département, de la région et de l’État.

Vers un équilibre du centre de santé

Cette vitalité porte peu à peu ses fruits, attirant de nouveaux habitants et professionnels. « Nous sommes souvent cités comme exemple sur le département en matière d’attractivité et nos financeurs publics sont généralement réactifs. » Le recrutement d’un troisième médecin généraliste est en cours, et permettra à terme d’assurer l’équilibre financier du centre de santé. L’agrandissement du centre de santé est d’ores et déjà prévu pour accueillir ce nouveau praticien. « Les consultations et les aides nous permettent de payer les salaires, mais le centre est pour le moment déficitaire. Nous préférons cependant recruter un médecin de plus et rester sur une durée moyenne de 20 minutes par consultation pour une plus grande qualité de soins, plutôt que de baisser ce temps et multiplier le nombre de consultations par médecin en place. » Une gestion financière rigoureuse du budget communal, les loyers ainsi que la Dotation globale de fonctionnement (DGF) qui augmente avec la population, assurent les revenus communaux et ont évité l’augmentation des impôts locaux.