Un tiers lieu dynamise quatre villages de Gironde (33)

Les tiers lieux essaiment mais celui-ci est unique : premier tiers lieu intercommunal de France, Ma CauCas'Ri d'Albret est en effet installé sur quatre villages mitoyens de Gironde, qui comptent moins de 600 habitants au total : Caumont, Saint-Martin-du-Puy, Rimons et Castelmoron-d'Albret (le plus petit village de France, grand comme 5 terrains de football).

Le projet est né, explique Benjamin Malambic maire de Caumont, « au lendemain des élections municipales de 2020, au départ, des réflexions de chaque mairie concernant le devenir de son patrimoine, bâti ou non-bâti. André Grèze, maire de Castelmoron-d’Albret, avait un gîte communal inoccupé depuis des années, j’avais à Caumont un hangar désaffecté dont on se demandait quoi faire… Et c’est là qu’Isabelle Delburg, chargée de développement économique au Pôle territorial cœur Entre-deux-Mers nous a suggéré de travailler ensemble. On a dit banco et très vite, nous avons été rejoints par René Boudigue, maire de Rimons, qui souhaitait réhabiliter le site de falaises d’une ancienne carrière, et Martine Lopez, maire de Saint-Martin-du-Puy, qui voulait rénover un bâtiment abritant un vieux four à pain. »

Des habitants acteurs du projet

Au même moment, « nous avons rencontré, en 2021, trois personnes qui s’installaient sur le territoire et voulaient développer des activités culturelles et économiques ». « Coup de foudre immédiat », commente l’une d’elles, Laurence Haxaire, aujourd’hui présidente de l’association portant le tiers lieu. Maires et citoyennes décident de monter un projet ensemble.

« Ce sont vraiment les habitants du territoire - trois citoyennes rapidement rejointes par bien d’autres - qui ont dessiné les contours du projet », insiste Benjamin Malambic. Des priorités émergent au fil d'échanges participatifs : arts et culture, développement économique, convivialité et recueil de la mémoire des anciens. Courant 2022, maires et habitants structurent le collectif et créent l’association Gens d’Albret, qui gère le tiers lieu Ma CauCas’Ri, dont le nom est formé des premières syllabes du nom de chaque village.

Parallèlement, les quatre maires « réussissent à mobiliser les institutions » sur la rénovation des bâtiments inutilisés de leurs communes. « Chacun a dû monter son propre dossier, mais nous avons lancé un appel d’offres commun pour la maîtrise d’œuvre », explique Benjamin Malambic.

Après travaux, réalisés pour l’essentiel en 2023, le tiers lieu réunit aujourd’hui quatre entités : une dans chaque village. À Caumont, la Maison des projets propose un espace de coworking composé de trois bureaux individuels - dont un est occupé par un cabinet infirmier- une salle de réunion et six postes de travail en open space. Castelmoron-d’Albret accueille la Maison des artisans, avec trois ateliers, dont deux sont occupés par des artisans d’art, et une boutique en gestion collective. Le troisième village, Saint-Martin-du-Puy, dispose d’une Maison du pain, à vocation économique et pédagogique, et qui devrait accueillir un paysan boulanger. Enfin, à Rimons, les falaises réhabilitées sont désormais classées site naturel et proposent 30 voies d’escalade.

« Les mairies de Castelmoron-d’Albret et Caumont, et celle Saint-Martin-du-Puy bientôt, louent les "Maisons" à l’association, pour un loyer modéré. À charge pour celle-ci de s’occuper de leur gestion courante, les revenus locatifs assurant le fonctionnement de l’association », indique Benjamin Malambic. Les falaises, elles, ne sont pas louées mais mises à disposition pour des animations.

Au service du vivre-ensemble

Ma CauCas’Ri propose également une pléiade d’activités : balades, trail, festivals, ciné débats, découverte de l’apiculture, recueil de la mémoire des anciens, etc. « Ma CauCas’Ri est en fait le réceptacle des envies et des initiatives citoyennes. Des projets pluriels comme le sont nos quatre villages », souligne Laurence Haxaire. Travail mémoriel, trail ou fête des plantes insolites sont nés ainsi.

Un temps coordonné par une animatrice, le tiers lieu est pour le moment revenu à un fonctionnement bénévole. Il compte 140 adhérents - 103 particuliers et 37 professionnels - dont une vingtaine est très présente, habitants des quatre communes et parfois d’un peu plus loin.

Son territoire d’intervention est en effet plus vaste que ses seuls quatre villages d’implantation, « les partenariats se sont multipliés avec des associations voisines », indique Laurence Haxaire. « C’est ça Ma CauCas’Ri, un projet pour bâtir des passerelles, ne pas rester chacun dans son coin, se rencontrer, animer un territoire qui n’a pas de service ou commerce », commente Benjamin Malambic. Un projet d’épicerie participative, qui devrait s’implanter à Caumont, est d’ailleurs dans les cartons.