Saverdun ose les vélos en liberté (09)
Le pari de la commune rurale de 5.000 habitants est de rendre le vélo accessible à tous, au sens propre comme au figuré, grâce à la récupération de vieux vélos. L'utopie se frotte à la réalité. La municipalité continue d'y croire.
Dans la grande banlieue de l'agglomération toulousaine, Saverdun est un « village » comme aime à le dire son maire, Philippe Calleja. Mais un village où la voiture est très présente. Le maire souhaitait développer la pratique du vélo, mais il n'avait pas les moyens de développer un dispositif du genre du « Vélib ». En 2017, il a pensé à une alternative, séduisante car pleinement ancrée dans la philosophie du village, engagé dans une démarche territoriale à énergie positive et environnementale importante.
Un libre-service dans l'intérêt général
« On voit des dizaines de vélos jetés à la déchèterie. C'est absurde. Nous avons donc voulu en récupérer. Puis nous avons confié leur remise en sécurité à un agent municipal. Il les a aussi repeints pour leur donner une identité municipale », explique le maire. Une fois un stock d'une quarantaine de vélos prêts à être remis en circulation, la municipalité les a semés dans l'espace public, devant la mairie, les centres culturels, etc. En libre accès. « Ils ont été si bien repérés que la première fournée de vélos a été barbotée. Il y avait eu pas mal de bruit médiatique et cela a fait venir des curieux qui ont embarqué nos vélos dans leurs fourgonnettes », raconte le maire.
Deuxième essai
Le temps de récupérer et retaper une nouvelle trentaine de vélos, la mairie relance l'opération en 2018. Les vélos disparaissent à nouveau. « C'était cette fois surtout des VTT. Les jeunes se les sont tellement bien appropriés, qu'ils les ont gardés dans leur garage », glisse l'élu. Entêté, il valide une troisième fournée. Rebelote. Les vélos disparaissent. Les convictions de l'élu ne sont pourtant pas ébranlées. « Nous avons compris que beaucoup de gens n'ayant pas les moyens de s'en acheter, les avaient gardés. Qu'à cela ne tienne, au moins les vélos leur servent », explique-t-il. Ce constat a donné l'occasion de se rapprocher du Centre communal d’action sociale. Et de vérifier qu'il y avait effectivement des besoins. Depuis, la commune lui donne des vélos remis en état dès qu'une personne en a besoin. « Nous assurons également la maintenance, car il n'y a pas de magasin vélo sur la commune », ajoute le maire.
Le projet évolue en prenant de la maturité
Ces évènements entre 2018 et 2019 ont fait cheminer la réflexion des élus. « On avait mis la charrue avant les bœufs », concède le maire. Le Covid-19 les a obligés à faire une pause, salutaire. « Nous avons également réalisé en interrogeant les professeurs d'école que près de 40 % des élèves de primaire ne savaient pas faire du vélo ». La commune a donc décidé de se lancer dans un plan vélo plus général. Depuis 2020, elle a doté les écoles d'une quarantaine de vélos. Elle finance des animations pour que les enfants se familiarisent avec les vélos, en apprennent l'usage et s'aguerrissent à la circulation, en faisant des sorties avec les enseignants dans l'espace public. La même chose a été faite en direction du personnel municipal. « Nous avons aussi compris que les gens devaient se sentir en sécurité », poursuit l'édile. La commune, bâtie autour d'une longue ligne droite, ne comprenait pas de pistes cyclables ou couloirs à vélo. Un plan d'aménagement est en train d'être mis en place. La mairie y travaille, avec le conseil départemental.
Une conviction à la fois sociale, environnemental et sociétale
'Récup'Vélos en liberté' sert aujourd'hui de « fanion », à cette volonté municipale de répondre « à des besoins transversaux de santé, de déplacement doux en zone rurale, de gestion économe et durable de la cité », résume le maire. L'opération doit aussi « nourrir » cette notion de l'intérêt général « et du bien commun ». « Ce n'est pas évident, mais j'y crois », relance le maire. C'est ce qui justifie le lancement d'une quatrième « production » de vélos recyclés par les ateliers municipaux. L'objectif étant de pouvoir en remettre rapidement dans l'espace public.
Une enveloppe de 3.000 euros maximum
Changer les patins de freins, les câbles, les boyaux de roue, quelques bombes de peinture… Le maire évalue le coût de la remise en état des vélos à 15 euros l'unité. À raison de 200 vélos retapés environ depuis 2018, la facture monte à 3.000 euros maximum. Cela ne prend pas en compte le temps de l'agent municipal.
Commune de Saverdun
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