Saint-Gervais-les-Bains : un ascenseur lesté par les eaux usées (74)

Détourner les eaux usées des communes des Contamines et de Saint-Gervais, les stocker dans une retenue, puis les utiliser comme ballast dans la cabine d’un ascenseur incliné. Tel est le projet que la commune de Saint-Gervais inauguré à l’été 2024. L’objectif était d’offrir une liaison entre le site remarquable des Thermes, au Fayet, et le centre de Saint-Gervais au moyen d’un système de transport collectif. « Le bilan parle de lui-même : nous avons enregistré 23 000 trajets au bout de 100 jours, se félicite le maire, Jean-Marc Peillex. C’est magique ! Et c’est gratuit. Les gens l’utilisent comme un moyen de transport quotidien : les lycéens pour aller en cours, les personnes âgées qui vont se promener… Non seulement c’est une nouvelle mobilité mais cela crée aussi du lien social et des rencontres ». La commune de Saint-Gervais compte 5 802 habitants permanents, 30 000 lits d’accueil touristique et enregistre un million de nuitées par an entre hiver et été. Mais l’ascenseur fonctionne toute l’année et les habitants permanents en sont les premiers bénéficiaires. 

Piéger les odeurs

La spécificité de l’ascenseur réside dans l’utilisation des eaux usées pour lester le véhicule. Dévoyées du réseau communal, elles sont stockées en amont dans une cuve en béton de 20 m3. Elles sont ensuite pompées dans un réservoir de 1 200 litres pendant que le véhicule fait un cycle d’aller-retour. La pompe est alimentée grâce à l’énergie produite par la force gravitaire du véhicule descendant. Le réservoir se vide dans la cuve-lest du véhicule par un jeu de vannes et d’échappement qui piège les odeurs dans un circuit de traitement d’air au charbon actif. Un réseau d’aspiration d’air à deux entrées, au niveau du local technique et sur le réseau de remplissage (cuve de remplissage et ballast) vient compléter ce système de gestion de l’air vicié et des odeurs associées. Enfin, un réseau secondaire d’eau potable permet de réaliser régulièrement des cycles de nettoyage des composants de l’installation.

177 mètres de dénivelé

L’ouvrage, une télécabine de 16 places, gravit en moins de cinq minutes les 177 mètres de dénivelé, le long d’une pente inclinée à 44 degrés. « On voit qu’aujourd’hui ce système donne aux habitants beaucoup plus de liberté qu’une voiture individuelle », poursuit Jean-Marc Peillex. L’ascenseur est installé sur une voie unique qui permet d’avoir un véhicule qui va ou vient. Celui-ci est équilibré par un contrepoids roulant dans la structure de voie. Une génératrice motrice en gare amont permet le pilotage du système à câble. Le système est automatique et fonctionne sur action des passagers sur les boutons à chaque position d’arrêt des véhicules. L’ascenseur ne nécessite pas d’opérateur en local pour fonctionner. Dans la gare, des portes automatiques toute hauteur ferment les quais en zone amont et aval.