L'espace test de la Baratte donne un nouveau souffle à la filière légumière de Nevers (58)
Profitant de terrains périphériques dont elle est propriétaire, la ville de Nevers y a implanté un espace test de maraîchage bio de trois hectares. Objectif : redynamiser cette terre maraîchère historique en perte de vitesse. Et cela en s’appuyant sur un solide réseau de partenaires.
Situé en périphérie de Nevers (36.000 habitants), entre la Loire et la Nièvre, le quartier du Val de la Baratte est demeuré une zone de maraîchage historique malgré une urbanisation partielle après-guerre. Fragilisée par les départs en retraite d’une génération de maraîchers traditionnels, cette filière de production légumière locale commençait à tomber en désuétude.
Volonté municipale : redynamiser la production légumière locale
La municipalité s’est non seulement attachée à maintenir cette filière, mais à lui donner un nouveau souffle en créant une filière maraîchère bio, via la mise en place de l’espace test de la Baratte. Depuis le démarrage du lieu test de la Baratte en 2013, quatre porteurs de projet en maraîchage bio ont pu éprouver leur capacité de producteurs sur une durée de trois ans, en profitant du cadre juridique d’une couveuse d’entreprises (voir encadré). Ce projet a fait intervenir plusieurs acteurs et réseaux locaux.
Ville et département se mobilisent et investissent
Nevers a mis à disposition les terres, investi 18.000 € dans un nouveau système de drainage et a pris à sa charge la démarche et les coûts liés à la certification Ecocert pour obtenir le label bio. Sollicité, le conseil départemental de la Nièvre a accepté d’investir 100.000 € dans du matériel agricole : tracteur, serres, dispositif d’arrosage... Cinq ans plus tard, en 2017, la ville a choisi de faire l’acquisition, pour 180.000 €, de l’unique maison maraîchère de la zone, confirmant ainsi son implication dans ce projet qui a commencé à faire ses preuves.
Pilotage technique délégué à un réseau associatif bourguignon
Ville et département se sont tournés vers Les Semeurs du possible : ce réseau associatif des espaces tests agricoles bourguignons les a fait profiter des retours d’autres expériences de la région. En coopération et délégation avec la chambre d’agriculture, l’association Semeurs du possible travaille à l’animation du projet, notamment grâce à des temps de travail technique et des réunions de point d’étape tous les six mois. C’est encore l’association qui a sollicité Bio-Bourgogne pour l’étude du sol, Potentiel pour la partie couveuse d’activité et a financé la fonction de tuteurs, assumée par des maraîchers expérimentés voisins.
Mutualisation des compétences et des méthodes pour réduire les coûts
Tous ces partenaires se sont rapprochés pour mutualiser les méthodes et réduire les moyens financiers. "La réussite de ce projet tient à la multiplicité de ses acteurs et des réseaux qu’ils ont rassemblés autour d’une même ambition. Sans qu’aucun opérateur ne tire la couverture à lui", insiste la coordinatrice régionale des Semeurs du possible, Élodie Patrice.
2018 : trois agriculteurs installés et une clientèle fidèle
Après la phase test commencée en 2013, les deux premiers maraîchers se sont installés en 2016. Si l’un a quitté Nevers, l’autre s’y est installé, grâce à un bail agricole consenti par la ville sur une exploitation voisine, conservant ainsi sa clientèle qui le retrouve sur les marchés locaux. En 2017, deux nouveaux "maraîchers-testeurs" sont arrivés et ont vite adopté le nouvel atelier de lavage et de stockage des légumes installés dans la maison maraîchère. Ils y vendent leur production une fois par semaine. "Cette offre de légumes sains et locaux a vite trouvé une clientèle fidèle, constate l’adjointe au maire de Nevers, Anne Wozniak. En six mois, un an au plus, les deux testeurs ont construit un réseau diversifié de clients."
Prospection foncière à l’échelle intercommunale en cours
La principale difficulté rencontrée tient au succès du projet : le foncier appartenant à la ville de Nevers est désormais totalement occupé par la zone test et les installations des trois ex-testeurs qui ont créé leur propre activité. Aujourd’hui, se pose la question de l’accompagnement en démarrage d’activité, voire l’installation définitive d’autres producteurs en phase test. La collectivité a donc récemment lancé, avec le concours de Nevers Agglomération, une prospection foncière. "C’est à cette condition que le bio pourra faire son entrée dans la restauration collective", souligne l’adjointe au maire.
Cadre juridique de l’espace test agricole
Dans le cadre d’un espace test agricole, des porteurs de projets peuvent expérimenter leur projet pendant trois ans en profitant du cadre juridique d’une couveuse d’entreprise, qui leur assure un numéro Siret et le maintient de leur minima sociaux grâce à un contrat Cape (contrat d’appui au projet d’entreprise). Ce démarrage d’activité est facilité également par, d’une part, la mise à disposition de foncier et de matériel agricoles, et d’autre part, par un accompagnement technique, entrepreneurial et de gestion-comptabilité. Le porteur de projet peut ainsi se concentrer sur ses premières productions, premières clientèles, et si le test de la première saison se passe bien commencer à rechercher son futur lieu d’installation…
Commune de Nevers
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Valéry Chambenois
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