Les points clés de la création d’un office du tourisme intercommunautaire (25)
L’office du tourisme intercommunautaire Destination Haut-Doubs a vu le jour en 2019. Depuis, sa direction et les élus travaillent à optimiser son fonctionnement. Forts de leur expérience, le président et le directeur de la structure fournissent des conseils précieux aux élus qui se lancent dans une telle démarche.
Le projet de création d’un office du tourisme intercommunautaire (OTi) a mûri pendant plusieurs années avant de prendre corps et de doter les cinq intercommunalités du Pays du Haut-Doubs* d’une structure commune de valorisation de son territoire. « Nous avions pour ambition de mutualiser nos moyens pour assurer avec davantage d’efficacité nos trois missions clés que sont l’accueil des visiteurs, la promotion du territoire et la mise en réseau des socio-professionnels du tourisme », rappelle le président de l’office Destination Haut-Doubs, Sébastien Populaire.
Une fusion pilotée par les intercos
Pilotée par les cinq intercommunalités du Pays du Haut-Doubs et les OT existants, la mise en place de l’OTi se déroule sur trois ans, de 2016 à 2018, avant d’aboutir à la fusion administrative, le 1er janvier 2019. Plusieurs réunions de travail avec les élus communautaires posent les bases administratives de la nouvelle organisation, sous statut d’association Loi de 1901, et définissent ses principales fonctions. Il a fallu ensuite revoir les contrats en cours que les OT avaient signés avec leurs propres prestataires, par exemple ceux des différentes mutuelles santé qui couvraient leurs agents. La nouvelle organisation s’appuie sur un siège social, situé à Métabief, et sur six bureaux d’accueil. Le directeur de l’OTi et son adjointe animent une équipe représentant 17,5 équivalents temps plein, répartis sur trois services : 12 à l’accueil, 4 à la communication-promotion et 1,5 dans les services support.
Expertise et professionnalisation
Les ressources humaines sont un levier important de la réussite de la fusion. « Des formations sont proposées pour professionnaliser davantage les agents et la politique de recrutement associe des profils BTS tourisme à des profils experts, dans des domaines tels que la communication, le commerce ou l’administration, fait remarquer le directeur de l’OTi, Julien Vrignon. Nous projetons aussi d’optimiser notre politique d’accueil, pour être au bon endroit au bon moment, dans un souci d’efficience et de transfert de moyens vers des activités à plus forte valeur ajoutée. »
Parmi les bénéfices de cette nouvelle organisation plus professionnelle, figure l’augmentation significative de la taxe de séjour collectée. Son montant s’élèvera en 2021 à plus de 550 000 euros au lieu de moins de 400 000 précédemment.
Le conseil d’administration de l’association Destination Haut-Doubs est composé de 25 membres, dont un tiers d’élus et deux tiers de socio-professionnels. « Nous nous interrogeons sur la manière de rendre plus agile la gouvernance, en simplifiant le processus de décision, indique son président. Actuellement, les propositions d’actions de l’office doivent être validées par les commissions tourisme puis par les conseils communautaires. Cela prend beaucoup de temps et d’énergie. »
Si c’était à refaire…
Cependant, si le projet de création de l’OTi était à refaire aujourd’hui, le président de l’OTi ne dissimule pas qu’il s’y prendrait autrement. « Une fois la fusion réalisée, l’absence de projet touristique commun est apparue comme une évidence, observe-t-il. C’est le projet qui donne un sens à l’action, aide à fédérer et à mieux organiser le financement de l’OTi. » Un constat confirmé par l’audit du cabinet conseil appelé à la rescousse et ensuite partagé par l’ensemble des élus. En 2021, des ateliers réunissant élus, socio-professionnels et acteurs économiques locaux ont permis de définir ce projet. Les actions qui en découlent commenceront à être mises en œuvre en 2022, après validation par les instances intercommunales.
Le directeur de l’office relève une autre difficulté liée au défaut de projet. « Quand les intercommunalités délèguent une compétence, elles en attendent un retour direct. » Or les actions de l’OTi n’engendrent pas nécessairement un résultat immédiat et visible. « Il y a donc de la pédagogie à faire pour développer le sens du collectif autour d’un projet commun aux intercos et se déployant sur une base pluriannuelle. »
La question du financement doit être réglée avant la création de l’OTi
Autre disposition à prendre plus en amont et qui aujourd’hui fait office de « caillou dans la chaussure » selon les mots du président, Sébastien Populaire : la clé de répartition du financement de l’office par chaque interco. « La part qu’ils doivent verser n’a jamais été entérinée, elle résultait seulement d’accords informels. Or les équipes ont changé suite aux dernières municipales et cela entraîne une remise en question des règles proposées. C’est une perte de temps et d’énergie au détriment de nos missions principales. »
Les difficultés rencontrées n’ont cependant pas démobilisé les élus. « Au contraire, affirme Sébastien Populaire, la pertinence de l’OTi et de son périmètre géographique est reconnue de tous. En 2022, nous allons renouveler les formes classiques d’accueil, en lançant Haut-Doubs Mobile, un Tourisme-Truck qui sillonnera le territoire pour aller à la rencontre des visiteurs, là où les flux sont les plus importants. Il ira aussi faire la promotion de notre destination dans les régions limitrophes et franchira si possible notre frontière commune avec la Suisse. »
Près d’un million d’euros de budget
Si la création d’un OTi permet de professionnaliser les équipes et d’améliorer l’offre à budget constant, elle n’aboutit pas à produire des économies d’échelle, du moins les premières années. Destination Haut-Doubs fonctionne avec un budget annuel de 950 000 euros (équivalent aux budgets cumulés des cinq intercommunalités fondatrices) dont 70 % sont consacrés aux ressources humaines. Les collectivités apportent environ 600 000 euros, tandis que les partenariats et opérations commerciales fournissent aux alentours de 350 000 euros, en échange de prestations de services. Selon le directeur de l’OTi, les collectivités seraient susceptibles de contribuer davantage, à condition de bien expliquer l’intérêt et la valeur ajoutée des actions projetées.
*Communauté de communes du Grand Pontarlier, Communauté de communes du canton de Montbenoît, Communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs, Communauté de communes du Plateau de Frasne Val du Drugeon, Communauté de communes Altitude 800.
Destination Haut-Doubs
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