La première hydrolienne française testée en Bretagne
Equipée d'un rotor d'un diamètre de trois mètres, la machine emploie la force du courant pour faire tourner une turbine et générer de l'électricité. Début avril 2008, elle a été immergée par dix-neuf mètres de fond dans l'estuaire de l'Odet, près de Bénodet (29). Ce prototype, baptisé Sabella D03, n'a pas été raccordé au réseau électrique mais truffé de capteurs afin d'évaluer in situ la conception de la machine, ses performances, sa capacité de production et son impact sur l'environnement.
Un test réussi
Jean-François Daviau, co-gérant de la société Hydrohelix qui a participé au développement de Sabella, estime que ce premier test est un succès : "Nous voulions une machine simple et robuste, elle a fait ses preuves ! Pendant cinq mois elle a tourné tous les jours et n'a pas cassé. Son empreinte environnementale est d'une grande neutralité, c'est presque un récif artificiel."
Relevée fin août, Sabella D03 va faire l'objet de quelques petits travaux de maintenance et repartira pour une deuxième campagne, hivernale cette fois. L'étape suivante consistera à créer Sabella D10, une machine de 10 mètres de diamètre et 200 KW de puissance. L'objectif étant de produire 1 MW d'électricité en couplant cinq machines. L'expérience entrera alors en phase préindustrielle sous le nom de Sabella 1MW.
Les énergies de la mer
En 2005, dans le cadre de la mise en place des pôles de compétitivité, l'Etat créa le pôle Mer Bretagne. Ce pôle a pour objet de réunir des chercheurs, des entreprises, des organismes de formation et des collectivités afin de promouvoir des initiatives innovantes. Concrètement, cela nécessite de labelliser des projets et de leur trouver des financements. Le projet Sabella fut un des tout premiers à être sélectionné. Il s'élève à 750.000 euros dont 40% sont financés par le conseil régional de Bretagne, le conseil général du Finistère, les communautés de communes de Brest et de Quimper et l'Ademe Bretagne, le reste étant à la charge de plusieurs industriels réunis en consortium.
Patrick Poupon, directeur du Pôle mer Bretagne, explique que la Bretagne et la Basse-Normandie ont un rôle majeur à jouer dans le domaine des énergies marines renouvelables : "La production hydrolienne sera l'une des sources du bouquet énergétique. C'est également le cas des autres énergies marines : thermique, osmotique, énergie de la houle, éolien offshore... Outre la diversification des modes de production d'énergie, le pôle Mer Bretagne entend contribuer à l'essor, en France, d'une nouvelle filière technologique et industrielle."
Le schéma Energies marines
Le conseil régional de Bretagne, outre sa participation au pôle Mer, met actuellement en place un "schéma Energies marines" car, une fois les techniques éprouvées, il faudra déterminer les sites qui se prêtent à une exploitation industrielle. En ce qui concerne les hydroliennes, une douzaine de sites semblent propices. Ferdinand Costes, chef de la mission énergie du conseil régional évoque le raz de Sein, la chaussée de Sein, Fromveur, Héaux de Bréhat... Rien n'est encore décidé. "Le schéma, dit-il, va donner lieu à une concertation approfondie, chaque technique a des spécificités qui peuvent gêner d'autres usages. Poser un câble électrique sous-marin pour relier un parc d'hydroliennes au réseau empêche, par exemple, le chalutage et peut handicaper les pécheurs. Il faut tout étudier et mettre en place des règles de bonne conduite."
Tous les acteurs sont d'accord pour dire qu'il ne faut pas perdre de temps. Pour tenir son engagement d'utiliser 20% d'énergie renouvelable en 2020, la France doit mobiliser ses atouts, l'hydrolien en est un.
Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis
Conseil régional de Bretagne
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