Gemapi : Montesquieu entretient naturellement ses rivières en régie (33)
La communauté de communes de Montesquieu couvre presque l’ensemble de son bassin versant, en bordure de Garonne. C’est donc en "quasi-régie" qu’elle entretient ses cours d’eau, en privilégiant une approche écologique et l’emploi local. L'arrivée de la nouvelle compétence Gemapi et le transfert de l'entretien des digues en 2014 constituent une nouvelle étape.
En amont de la métropole bordelaise, la communauté de communes de Montesquieu s'inscrit sur les rives de la Garonne qui coule derrière 10 kilomètres de digues. "Sur notre territoire, le risque inondations est lié à la conjonction de forts coefficients de marées, de la fonte des neiges sur le massif pyrénéen et de pluies abondantes", précise la directrice générale des services, Hélène Schwartz. Peu d'habitations sont cependant directement concernées par ces épisodes de débordements récurrents, qui surviennent tous les 2 à 3 ans.
Prise de compétence déjà ancienne
Depuis 11 ans, la communauté de communes de Montesquieu assure l'entretien des rivières de son territoire. Depuis 2006 exactement, lorsqu'elle s'est substituée aux quatre syndicats de rivière existants pour gérer l'entretien des cours d'eau. "La gestion de nos 300 kilomètres de rivière s'est faite tout naturellement, l'environnement étant une priorité des élus du territoire", poursuit la directrice. Une prise de compétence d'autant plus "naturelle" que le bassin versant est quasi intégralement compris dans le périmètre de l'intercommunalité. Seules deux communes extérieures sont concernées ; des ententes ont ainsi été signées qui permettent à la communauté de communes de Montesquieu d'intervenir sur leur territoire.
Choisir le travail manuel, pour l'écologie et l’emploi
La prise de compétence est allée de pair avec la création d'une équipe d'insertion, chargée de l'entretien des cours d'eau. "L'emploi étant également l'un des piliers de l'action communautaire, il s'est conjugué dans ce projet au volet environnemental, au profit des personnes les plus éloignées de l'emploi". Ce choix s'explique également par la volonté de privilégier une action fine, soucieuse de préserver les milieux fragiles des bords de rivières, ce que des engins mécaniques ne peuvent assurer. Pour cette mission, la communauté de communes a sollicité l'association d'insertion Arcins environnement services, implantée sur la commune voisine de Bègles, qui a ainsi créé un nouveau chantier d'insertion dédié. Aujourd'hui, 15 salariés y travaillent à l'année en contrat de 26h/semaine. Ils sont accompagnés par un bûcheron débardeur à cheval, prestataire de la communauté de communes. Ce dernier est doté de chevaux qui réalisent les travaux les plus physiques, comme le débardage. Au final, c'est une "quasi-régie" sur mesure mise au service des cours d'eau du territoire, où la collectivité intervient au moyen de déclarations d'intérêt général (DIG).
Maîtriser le foncier pour laisser de la place à la rivière
Au fil des campagnes d'entretien réalisées, la communauté de communes a gagné une expertise en matière de restauration des berges. Elle mène également une politique d'acquisitions foncières ambitieuse en fonction des opportunités. Elle vient ainsi d'acquérir un terrain où elle projette de recréer des méandres afin de limiter la vitesse de l'eau. Elle a également acheté une parcelle pour y installer une pépinière dédiée à la production de plants destinés à régénérer et conforter la ripisylve (formations végétales situées dans la zone frontière entre l'eau et la terre). Pour faire face à la montée en charge de l'activité, la communauté regarde actuellement si certains travaux peuvent être mécanisés, notamment certains fauchages, pour maintenir prioritairement l'équipe d'insertion sur les secteurs les plus fragiles.
Réorganiser les services pour s’adapter à la géographie
Dès 2006, la communauté de communes a également recruté deux techniciens environnement pour piloter ces programmes d'entretien. "Au départ, ils opéraient par grande thématique : l'un étant sur les sites Natura 2000, le second sur le volet hydraulique", souligne la directrice. Depuis 2014, et l'intégration des digues dans la compétence, la communauté de communes a choisi de réorganiser ses services. Elle a nommé un chef de service qui pilote trois techniciens organisés par grands territoires : au sud la vallée alluviale du Gât Mort et du Saucats comprenant un site Natura 2000, au nord le secteur du bocage humide des bords de Garonne alimenté par la rivière Eau Blanche, et en limite territoriale nord enfin, le fleuve de la Garonne et ses 10 kilomètres de digues. Cette répartition géographique plutôt que thématique permet ainsi à chacun de maîtriser l'ensemble des problématiques eau de son secteur, pour une vision plus globale et une gestion intégrée.
Demain, un volet "digues" conséquent à mettre en œuvre
Si la communauté de communes engage aujourd'hui entre 300.000 et 400.000 euros de dépenses chaque année, autofinancés pour les trois-quarts, le nouveau volet "digues" pourrait générer quelque 25 millions d'euros de travaux pour les 5 ans à venir. "Pour l'instant, nous assumons la dépense grâce à la croissance régulière de nos recettes du fait de notre attractivité en bordure de Bordeaux. Les élus attendent d'avoir un peu de recul avant de décider de la nécessité ou non de mettre en place la taxe Gemapi."
Communauté de communes de Montesquieu
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Jean-André Lemire
Hélène Schwartz
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