Confrontée aux violentes crues cévenoles, Nîmes conjugue prévention et alerte (30)

Sujette à des inondations brutales et torrentielles, la ville de Nîmes, avec l'aide de ses partenaires, a mis en place un programme global afin de coordonner les différents domaines d'intervention et d'améliorer la conscience du risque auprès des habitants.

La ville de Nîmes est régulièrement victime de pluies torrentielles, les fameux orages cévenols, qui peuvent s'avérer dramatiques. Les inondations de 1988 ont fait 9 morts, 45.000 sinistrés, 2.000 logements ont été endommagés... Cette catastrophe, qui reste gravée dans la mémoire collective des Nîmois, a suscité la création d'un plan de protection contre les inondations.

Premier plan de protection : d’importants travaux de génie civil

Pour lutter efficacement contre les inondations, il fallait, avant tout, créer des bassins de rétention, en aval de la ville, de façon à retenir l'eau de pluie qui dévalait des collines voisines. La difficulté consistait à trouver le moyen de financer ces importants travaux de génie civil, sachant que l'Etat ne voulait pas, à l'époque, prendre en charge les travaux "intra-muros".
En 2005, de nouvelles inondations conduisent l'Etat à participer au financement d'un plan de protection global, c'est à partir de là qu'est né le programme Cadereau.

Programme global : prévenir et informer

"Cadereau" est une expression nîmoise qui désigne un ruisseau, généralement à sec, qui reçoit les eaux pluviales lors des orages. Ces oueds sont canalisés et passent sous la ville de Nîmes. Outre les bassins de rétention en amont, il importe d'agrandir les cadereaux souterrains et de construire des bassins en aval de façon à ne pas inonder les communes établies au sud de la ville.
Parallèlement, un dispositif d'observation et d'alerte est mis en place. Les inondations nîmoises ayant comme caractéristique de survenir très brutalement, il est essentiel de traiter les données météorologiques en moins d'une heure. Lorsque la cote d'alerte est dépassée, des messages sont transmis automatiquement, via internet et le réseau téléphonique, aux sites les plus sensibles : hôpitaux et écoles. 350 messages sont ainsi envoyés, afin de donner des consignes à leurs destinataires.

Sensibiliser les Nîmois à leur vulnérabilité au risque

Le programme Cadereau comprend également un volet prévention qui passe, tout au long de l'année, par les comités de quartier et les écoles. Il s'agit d'expliquer pourquoi la ville est vulnérable aux inondations et ce qu'il convient de faire lorsqu'elles surviennent. Ce dispositif est complété par le programme Nîm'Alabri. La commune propose un diagnostic des logements, gratuit et personnalisé, afin de déterminer s'ils sont en zone dangereuse et, si c'est le cas, ce qu'il convient de faire. La ville de Nîmes a ainsi acheté à des particuliers volontaires 22 bâtiments, souvent construits dans le lit des cadereaux, et les a détruits. Une nouvelle tranche du programme prévoit une cinquantaine de nouvelles acquisitions. Pour les habitations construites dans des zones vulnérables mais qui ne risquent pas d'être détruites par de futures inondations, une panoplie de mesures est prévue, allant de la protection des ouvertures à l'arrimage des cuves de fioul, en passant par l'amélioration des alimentations électriques. Il est ainsi recommandé de positionner les installations en hauteur, par exemple.

Maîtriser l'urbanisme et finaliser le PPRI

Enfin, le quatrième volet du programme Cadereau est lié à la réduction des vulnérabilités. L'élu en charge des inondations à Nîmes, Jean-Marie Filippi, y accorde une grande importance : "Le plan de protection des risques d'inondation (PPRI) est un document produit par les préfectures. Il permet de ne pas délivrer de permis de construire dans des zones à risques. Si j'avais un conseil à donner aux élus qui ne disposent pas d'un PPRI, je leur dirais de s'en préoccuper en rappelant au préfet qu'il est de sa responsabilité de l'établir." Le PPRI de Nîmes date de 2012, il est pris en compte par le plan local d'urbanisme et cadre le programme Cadereau.

Des coûts importants, à partager

Ce dispositif global a un coût élevé. 41 millions d'euros ont, par exemple, été dépensés sur trois ans pour redimensionner le cadereau d'Alès dont la capacité est passée de 20 m3 seconde à 120 m3 seconde. La ville de Nîmes a pris en charge 50% du coût des travaux, l'Etat 25%, la région 10% et Nîmes métropole 15%. Pour le budget communal, la lutte contre les inondations représente une dépense de 10 millions d'euros par an, c'est l'un des plus importants postes de dépenses de la commune.

Commune de Nîmes

Nombre d'habitants :

154000
Place de l'Hôtel de Ville
30033 Nîmes Cedex 9

Jean-Marie Filippi

Conseiller municipal délégué à la Protection contre les inondations et à la sécurité des bâtiments

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