Châtelaillon-Plage et Yves protègent et réhabilitent leur côte (17)
Victimes de la tempête Xynthia en 2010, les communes de Châtelaillon-Plage et Yves ont rebâti leur dispositif de protection tout en réhabilitant le village dévasté des Bouchôleurs. D’une contrainte elles ont fait un atout qui va bénéficier en premier lieu aux habitants, mais aussi aux touristes attirés par les charmes de la côte de Charente-Maritime.
Des maisons détruites, des équipements publics dévastés, des voitures dans tous les sens… le matin du 28 février 2010, le village des Bouchôleurs, à cheval sur les communes de Châtelaillon-Plage (6.000 habitants) et Yves (1.500 habitants), est une scène de désolation. La tempête Xynthia a révélé les faiblesses des systèmes de protection de la côte et surtout de la réserve naturelle, une zone non protégée ; elle a frappé principalement la partie arrière du village où l’eau est montée jusqu’à 1,60 mètre de hauteur. Environ 400 personnes désemparées ont dû être accueillies dans la nuit et relogées pour une durée variant entre une semaine et un an.
Mise en place d’un Papi
La station balnéaire, réhabilitée au début des années 2000, était à l’eau, au propre comme au figuré. Mais les élus conduits par le maire de Châtelaillon-Plage, Jean-Louis Léonard, ont vite repris les choses en main. "Nous avons mis en place un programme d’action et de prévention contre les risques d’inondation (Papi), explique-t-il. Au cours des échanges que nous avons eus avec les architectes est venue l’idée d’associer les travaux de protection à une réhabilitation complète du village pour faire d’une contrainte une opportunité de valoriser le site et son patrimoine naturel."
La protection côtière revue et corrigée
Les anciennes digues ont été démontées et reconstruites sur 2,5 km de long. Leur hauteur (entre 5,20 et 6,30 mètres) ainsi que leur épaisseur ont été soigneusement étudiées pour protéger au mieux la côte sans défigurer le panorama. Là où c’était nécessaire, deux brise-lames ont été ajoutés en plus du reprofilage de celui déjà en place. La promenade de bord de mer de 1,6 km a été renforcée et élargie pour participer pleinement à la protection du village. Elle comporte désormais une rotonde à la jonction des communes d’Yves et de Châtelaillon-Plage qui offre un beau point de vue sur la mer. Des travaux ont également renforcé la protection du canal de Port Punay et une partie du réseau de collecte des eaux pluviales a été optimisée. 15.000 m3 de sable ont été injectés sur la plage d’Yves afin d’assurer un rempart contre les submersions. Ce réensablement protège la coopérative conchylicole tout en bénéficiant aux habitants et aux touristes qui viennent se baigner.
Des espaces publics sur des parcelles inconstructibles
"Pour la réhabilitation de l’habitat et des espaces publics, nous avons cherché à nous ancrer dans la tradition de chacune des communes et à créer de l’homogénéité", précise le maire. La partie de Châtelaillon-Plage, plus urbaine, a été traitée dans un esprit plus minéral. Des placettes ont été aménagées sur les terrains classés en zone noire. Des parcelles sont devenues inconstructibles, et les maisons, rachetées par l’Etat, ont été détruites. Plusieurs pergolas y ont aussi vu le jour et des commerces de bouche s’y installent. Le mobilier urbain en pierre est souvent décoré de mosaïques, œuvres du mosaïste Jérôme Clochard. En revanche, sur la partie Yves, ce sont les espaces verts et le mobilier en bois naturel plus rustique qui priment.
Trois difficultés majeures : l’argent, la technique, les procédures
La conception et la mise en œuvre de ce vaste programme se sont heurtées à trois difficultés majeures selon le maire de Châtelaillon-Plage. "Les procédures administratives sont longues, nombreuses et d’autant plus compliquées que les élus comme les services municipaux ne sont que très rarement confrontés à ce type de problématique. On ne refait pas une protection côtière tous les ans. Par ailleurs, l’obligation de préfinancer les opérations en attendant le versement des subventions nous contraint à négocier des frais financiers qui restent lourds à porter. Enfin, les difficultés techniques sont importantes et les bureaux d’étude ne sont pas toujours au point pour trouver les meilleures solutions."
Le syndicat intercommunal assure la maîtrise d’ouvrage
La maîtrise d’ouvrage du projet de protection et de réhabilitation a été portée par le syndicat intercommunal du littoral de Yves-Châtelaillon-Aix-Fouras, présidé par Jean-Louis Léonard. Le maire en a assuré lui-même le suivi avec l’appui d’une collaboratrice à plein temps et des services techniques municipaux. Il a aussi reçu l’aide précieuse de son ancien premier adjoint, ingénieur des travaux publics, et celle du maître d’œuvre, le syndicat mixte.
Le nouveau village des Bouchôleurs sera inauguré en 2018. Le maire insiste sur le fait que la restructuration complète a été effectuée avant tout dans l’intérêt des habitants et ensuite pour redonner de l’attractivité touristique au site. "Réussir un projet d’une telle ampleur rapportée à la taille de nos communes, suppose que les maires et les élus s’impliquent totalement pour protéger et reconstruire en mieux ce qui a été détruit."
Subventions considérables sur la partie protection
Financer un tel projet n’est pas dans les moyens de communes comme Châtelaillon-Plage et Yves qui rassemblent à elles deux 7.500 habitants. Le budget de la partie protection s’élève à 16 millions d’euros. Il a été pris en charge à 90% par diverses institutions : l’Etat (40%), la région Nouvelle-Aquitaine (20%), le département de la Charente-Maritime (20%) et la communauté d’agglomération de La Rochelle (10%). Les 2,5 millions du budget réhabilitation sont pour l’essentiel à la charge des communes. Châtelaillon-Plage a reçu 300.000 euros de subventions sur un budget de 1,9 million et Yves, qui dispose de moins de moyens, de 300.000 euros également mais sur un budget de 600.000 euros.
Commune de Châtelaillon-Plage
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