Avec Païs, le Loir-et-Cher soutient un dispositif pour une médecine de proximité (41)
Parmi les solutions permettant de lutter contre la désertification médicale, comme les maisons de santé pluridisciplinaires ou les médecins salariés, le conseil général du Loir-et-Cher mise aussi sur Païs, la plateforme alternative d’innovation en santé. Imaginé par des médecins et soutenu par les autorités de santé régionales, ce dispositif propose à des médecins généralistes une nouvelle organisation mutualisée.
Soutenue par l’agence régionale de santé (ARS région Centre), l’initiative Païs est labellisée Labs 41 par le conseil général du Loir-et-Cher dans le cadre de son chantier "Loir-et-Cher 2020". L’objectif est de garantir une médecine de proximité sur des territoires ruraux et d’attirer de jeunes médecins. Ce dispositif permet aujourd’hui de répondre aux nombreuses demandes d’une population très âgée et à mobilité réduite, qu’elle soit en établissement d’hébergement pour personne agée dépendante (Ehpad) ou à domicile. "Le conseil général souhaite stimuler cette initiative, car elle est un moyen parmi d’autres d’enrayer la baisse de la démographie médicale, estime Jean-Paul Pinon, vice-président du conseil général chargé de la démographie médicale. Non seulement le dispositif doit désengorger les urgences, mais il offre une tranquillité d’esprit au médecin qui peut quitter le cabinet à 18 heures en sachant que la population est prise en charge."
Le socle du dispositif : mise en réseau de médecins généralistes
La plateforme Païs consiste à mettre en réseau des médecins généralistes qui exercent, en cabinet médical isolé ou regroupé, sur un même territoire. Le projet a été imaginé par un praticien hospitalier du Samu 41 et un directeur adjoint du centre hospitalier de Blois, qui jouent le rôle de tiers facilitateurs pour le montage du dispositif sur le terrain (voir encadré). Le modèle, tel qu’il a été expérimenté avec quatre communautés de communes de la région, repose sur quatre territoires comprenant chacun 16000 habitants. Pour un territoire comprenant dix médecins engagés dans le dispositif Païs, le coût s’élève à 80.000 euros par an. Le dispositif est financé par l’ARS du Centre, la Caisse primaire d’assurance maladie, la Mutualité française du Centre, Harmonie Mutualité. Le groupement de coopération sanitaire "GCS Télésanté Centre" et le centre hospitalier de Blois sont associés au dispositif. Au terme des trois premières années, si les résultats sont probants, les communautés de communes prennent le relais du financement
Ce modèle peut être dupliqué, et un premier bilan montre que pour lancer une expérimentation Païs sur un territoire, il faut au minimum quatre médecins volontaires. De plus, un état des lieux du territoire en termes d’offre santé doit être effectué dans le cadre de réunions entre les pilotes, les médecins et les élus.
Principes de fonctionnement : des engagements, des contreparties, des formations
En premier lieu, chaque médecin adhérant au dispositif Païs qui le concerne assure des journées d’astreinte selon un rythme prédéfini, et pour cela mutualise les informations de ses clients avec ceux des autres médecins adhérents du territoire. "Grâce à cette organisation, tous les habitants d’un territoire reçoivent une réponse médicale entre 8 h et 20 h du lundi au vendredi, et entre 8 h et 12 h le samedi, indique l’un des co-pilotes du dispositif Païs. En contrepartie, le médecin reçoit un paiement forfaitaire de 100 euros par astreinte, auquel s’ajoutent les consultations payées par les patients". Le deuxième volet de Païs prévoit la professionnalisation du secrétariat avec une aide à l’embauche d’une secrétaire de 430 euros par mois et par médecin. La secrétaire est en outre formée au SAMU 41 au centre hospitalier de Blois pour apprendre à filtrer les appels. Dès lors, le médecin n’est plus constamment dérangé pendant ses consultations ce qui libère du temps médical et personnel. Un troisième volet de Païs porte sur les actions de prévention et de formation que le médecin s’engage à réaliser auprès du personnel des maisons de retraite du territoire. Le coût de ces formations est pris en charge par le Fonds national de prévention, d'éducation et d'information sanitaires de l’Assurance maladie (FNPEIS). Cerise sur le gâteau, les médecins bénéficient de l’assistance des services juridiques du centre hospitalier de Blois et informatiques de la part du GCS télésanté Centre.
Une dynamique est en route
Aujourd’hui, le conseil général étudie la possibilité d’adapter le transport à la demande afin de proposer des circuits allant du domicile des patients aux cabinets médicaux. Il s’agit encore de faire gagner du temps aux médecins puisqu’ils n’auront plus à se déplacer. Début 2013, sur le département du Loir-et-Cher, Païs est déjà appliqué dans quatre communautés de communes : Du Cher à la Loire (9 communes, 13.400 habitants, voir notre article Pour attirer les jeunes médecins, une communauté de communes rurale mise sur Païs), Val de Cher Saint-Aignan (10 communes, 13.300 habitants), Cher-Sologne (9 communes, 13.000 habitants) et La Sologne des étangs (11 communes, 8.000 habitants). 21 médecins généralistes de proximité appliquent ce dispositif.
Cécile Perrin pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
Un atout de taille : un pilotage par des tiers facilitateurs
Alors que des médecins ruraux manquent souvent de temps pour mener à bien ce type de démarche, les expérimentations du dispositif Païs sont pilotées avec l’aide de praticiens hospitaliers qui l’ont imaginé : un médecin pour convaincre ses pairs (le praticien hospitalier du Samu 41) et un gestionnaire pour les partenaires institutionnels (le directeur adjoint du centre hospitalier de Blois). Pour chaque expérimentation, un comité de pilotage (constitué des partenaires financiers, des médecins expérimentateurs, des élus représentants des communautés de communes) se charge de l’évaluation du dispositif sur le plan financier, sur le respect des engagements et sur les effets en matière d’hospitalisation.
Une thèse en médecine réalisée en février 2012 montre qu’avec la mise en place de Païs, le recours aux urgences baisse de 3% la première année, 9% la deuxième, le chiffre atteint 20% pour les personnes âgées de plus de 70 ans sur les hôpitaux d’Amboise, de Tours, de Blois.
Conseil départemental du Loir-et-Cher
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Jean-Paul Pinon
Centre hospitalier de Blois
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