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Energie - Eolien en mer : plainte d'opposants devant la Commission européenne

Un collectif d'associations et de pêcheurs opposés aux projets d'éoliennes marines sur la façade Manche-Atlantique a déposé plainte auprès de la Commission européenne au motif que ces projets sont, selon lui, en "contradiction avec la protection de l'environnement marin".

"Pêcheurs et associations s'unissent pour dénoncer les incohérences de l'Etat français dans le développement de l'éolien en mer", soulignent, dans un communiqué commun daté du 3 juillet, 15 associations et collectifs, dont Pulse (Pour un littoral sans éolienne), le collectif "Défense de la mer" (DLM) de Saint-Nazaire-Guérande, le comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des Hauts-de-France, ainsi que plusieurs associations de défense du littoral, dont celles du Tréport et des côtes d’Opale picarde et d’Albâtre et des baies de Saint-Malo et de Saint-Brieuc.
La plainte a été déposée le 13 juin pour "infractions au droit communautaire", indique le communiqué. Elle s'articule en six points : infraction aux obligations relatives à l'évaluation environnementale préalable, planification de l'espace maritime, information et participation du public au processus décisionnel, protection de la faune et de son habitat, organisation du marché intérieur de l'énergie et interdiction des aides d'Etat. "Cette plainte est indépendante des recours qui ont été déposés, au sujet desquels nous ne nous faisons pas d'illusion", a indiqué à l'AFP Alain Doré, qui coordonne le collectif DLM contre le projet de Saint-Nazaire-Guérande.

Six projets déjà autorisés

"L'Etat français, depuis 2012, conduit à marche forcée des méga-projets d'éolien posé en mer au plus près des côtes et dans des sites protégés et préservés jusqu'à aujourd'hui", soulignent dans leur communiqué les associations, qui dénoncent "six projets déjà autorisés par décision préfectorale" et "trois sur le point de l'être, à Dunkerque, Oléron et Bassure de Baas". "De Dunkerque à Oléron, chaque site prévoit de 62 à 83 éoliennes de 185 à 216 mètres de haut. Des centaines d'éoliennes vont constituer une barrière aux oiseaux migrateurs et industrialiser un littoral dont l'économie est basée sur la pêche et le tourisme", poursuivent-elles.
Le collectif met en avant une "biodiversité marine exceptionnelle sur cette façade maritime" qui génère "des ressources halieutiques riches et diversifiées", et dénonce une "parodie de concertation démocratique".
En attendant que le nouveau gouvernement précise ses intentions en matière d’énergies renouvelables, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), "feuille de route" énergétique de la France adoptée en application de la loi de transition énergétique de 2015, prévoit déjà d'attribuer jusqu'à 6.000 mégawatts (MW) de projets pour l'éolien en mer posé d'ici à 2023, en plus des 3.000 MW qui devraient être en service à cette échéance.