Énergies renouvelables : si le vent porte l’éolien dans les Hauts-de-France, le foncier joue sur le développement du photovoltaïque

Dans un rapport d’étape sur les résultats des appels d’offres PPE 2 éoliens terrestres et photovoltaïques, la Commission de régulation de l’énergie met en lumière l’importance du foncier disponible dans le développement du photovoltaïque, plus dynamique sur le début de la période en Centre-Val de Loire ou dans le Grand Est qu’en Paca. Pour l’éolien terrestre, la cohérence entre le potentiel et la réalité reste de mise : les Hauts-de-France continuent de faire la course en tête.

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) vient de présenter un bilan à mi-parcours, tiré fin 2023, des appels d’offres dits PPE 2 éoliens terrestres et photovoltaïques en France métropolitaine continentale (la période court de 2021 à 2026). Il souligne notamment combien l’air et le feu solaire ne sont pas les seuls éléments à prendre en compte dans le développement des énergies renouvelables (EnR), la terre – le foncier – jouant aussi son rôle.

Éolien terrestre : les Hauts-de-France toujours la région la plus dynamique

En matière d’éolien terrestre, la CRE fait état d’une "cohérence dans la répartition des projets entre le productible potentiel et les volumes retenus". Les Hauts-de-France, déjà "de loin la région la plus dense s’agissant de la puissance éolienne à terre déjà raccordée" (190 kW/km2, contre 40 kW/km2 en moyenne en France), est également "la plus dynamique en matière de projets retenus aux appels d’offres PPE 2", au grand dam sans doute du président de région (voir notre article du 21 février 2023 ou celui du 29 septembre 2023). La région représente en effet près d’un quart des volumes lauréats, avec une puissance cumulée retenue de 1.010,1 MW. 

Elle est suivie par la région Nouvelle-Aquitaine (où la densité s’établit à 21,7 kW/km2), qui représente près de 19% des volumes lauréats, avec 770,5 MW de puissance cumulée retenue. La région Occitanie, qui présente pourtant le productible moyen prévisionnel le plus élevé du territoire métropolitain, est très en retrait, avec seulement 264,8 MW de puissance cumulée retenue.

Solaire photovoltaïque : un développement plus diffus

Côté photovoltaïque, la CRE constate "une corrélation moins marquée entre le productible théorique et les volumes retenus", ce qu’elle explique notamment par des "contraintes de disponibilité foncière". Elle observe ainsi que la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui présente "des productibles moyens élevés", représente un "pourcentage limité des projets retenus" (171,7 MWc de puissance cumulée retenue) – la région présentant néanmoins la plus forte densité (73,1 kWc/km2). De même, la CRE estime que c’est "l’existence d’un gisement important de terrains dégradés" dans le Grand Est qui explique notamment "les volumes importants de lauréats" dans cette région (875,1 MWc de puissance cumulée retenue, au sol et sur bâtiment, avec une densité par ailleurs de 25,6 kWc/km2). Elle reste devancée par le Centre-Val de Loire (902,3 MWc de puissance cumulée retenue, pour une densité de 24,8 kWc/km2) et la Nouvelle-Aquitaine (866,5 MWc de puissance cumulée retenue, avec une densité de 53,4 kWc/km2). Les trois régions concentrent ainsi plus de la moitié de la puissance retenue sur la période observée. Là aussi, la CRE juge que "les taux de réussite élevés de certaines régions présentant parfois un ensoleillement moyen inférieur à la moyenne du territoire peuvent s’expliquer notamment par le bonus de notation prévu pour les installations sur terrains dégradés".

En ne retenant que les projets au sol, Centre-Val de Loire (18%), Grand Est (17%) et Nouvelle-Aquitaine (16%) sont les régions présentant les pourcentages les plus élevés de puissance cumulée retenue. Pour les seuls projets sur bâtiment, Nouvelle-Aquitaine (18%), Occitanie (15%) et Auvergne-Rhône-Alpes (15%) forment le trio de tête.

Un retard qui se résorbe

Plus généralement, la CRE observe qu’à la fin 2023, la puissance cumulée retenue par les appels d’offres PPE 2 éoliens terrestres et photovoltaïques représente 34,5% de la puissance cumulée globale appelée pour la période 2021-2026 (avec 40% issue de parcs éoliens terrestres, 60% de parcs photovoltaïques). Elle souligne que le lancement de la vague d’appel d’offres a coïncidé avec le début de la crise énergétique, expliquant ainsi que les années 2021 et 2022 aient été marquées par des taux de souscription "insatisfaisants". Elle note par ailleurs qu’au 15 juillet dernier, 10% de la puissance cumulée des dossiers retenus avait fait l’objet d’une demande d’abandon du statut de lauréat. La CRE remarque toutefois que cette situation "se résorbe progressivement" depuis 2023, "du fait d’adaptation des cahiers des charges et d’une plus grande stabilité des coûts".

La CRE signale encore que les niveaux de prix proposés par les lauréats ont fortement augmenté dès le lancement des appels d’offres PPE 2 – sous le coup des tensions sur les matières premières et la logistique, de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêts –, mais se sont stabilisés en 2023. Une stabilisation qu’elle juge "justifiée" s’agissant de l’éolien terrestre, mais dont elle estime qu’elle "pose question" s’agissant du photovoltaïque, alors que le coût des modules "a largement chuté à partir de début 2023 et connaît un niveau historiquement bas".

 

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