En Maurienne, 11,5 km en télécabine pour passer d’une vallée à l’autre (73)

C'est une première dans le développement touristique des stations de ski : les deux nouvelles télécabines d’Orelle, parmi les plus rapides de France, permettent de passer d'une vallée à l'autre sans voiture, avec ses bagages et les pieds au sec. Un confort apprécié par les usagers français, mais aussi les Italiens, notamment du Piémont et de Turin.

Les deux nouvelles télécabines viennent répondre à la nécessité de remplacer la télécabine « 3 vallées express » datant de 1995. « Même si l’équipement était précurseur en son temps, en permettant l’accès au domaine skiable via le câble, il ne correspondait plus aux standards techniques, ni au niveau d’exigence de la clientèle aujourd’hui », explique Robert Guillermet, directeur général de la Société des téléphériques d’Orelle (Stor, filiale de la Setam, société d’exploitation des téléphériques Tarentaise-Maurienne).

Le faible débit (800 personnes/heure), le manque de confort, l’accès au domaine skiable de Val Thorens mais pas au village… les arguments plaident en faveur d’une mise aux normes, confortés par un évènement marquant pour le territoire. En février 2015, un éboulement coupe, pendant 24 heures, la route permettant d’accéder à Val Thorens et aux Ménuires. « Avec les télésièges et les pistes de ski, nous avons évacué 600 personnes qui ont pu rejoindre l’aéroport, puis leur domicile. Mais nombre d’autres touristes, environ 50 000, sont restés bloqués dans la vallée avant leur retour à la maison. » Forte de cette expérience, la réflexion des experts de la Stor aboutit à ce projet ambitieux d’une ligne continue, soit 11,5 km de remontées mécaniques entre Orelle et Val Thorens. « Les skieurs se déplacent à l’abri et les pieds au sec, comme dans un réseau de métro ». De plus, en évitant les 40 km de route depuis Moutiers, ils accèdent directement au village de Val Thorens en toute sécurité. Une donnée à laquelle les représentants de l’État, mais aussi les élus locaux, ont été sensibles et qui a joué en faveur de la réalisation du projet.

Deux télécabines ultramodernes

Plutôt que de moderniser la cabine existante, le choix est donc retenu de créer deux nouvelles cabines pour relier les 11,5 km, dont 7,2 km sur le territoire d’Orelle. La télécabine d’Orelle part du village pour monter à Plan Bouchet à 5 km de-là, soit 1 462 mètres plus haut ; tandis que la télécabine Orelle-Caron transporte les voyageurs de Plan-Bouchet à la cime Caron (2,235 km plus haut, avec un dénivelé de 820 mètres). De 800 personnes/heure dans l’ancien équipement, le débit passe à 2 000 personnes/heure, avec un potentiel de 2 500 personnes, si nécessaire. Aimé Perret, maire d’Orelle s’en réjouit : « c’est vraiment une belle machine, rapide et très confortable. Les personnes qui viennent pour la journée arrivent à Orelle à 9 h 00 et sont à la cime de Caron à 9 h 45 ». Clairement plus rapide et plus sécurisant pour tous.

Comme tous les exploitants de téléphériques, ceux de la Maurienne cherchent la redondance, c’est-à-dire, l’accès multiple aux stations : « une avarie peut entraîner une fermeture de quelques heures ou plusieurs jours. Sur une saison de 150 jours, les enjeux sont importants ». Avec la cabine Orelle-Caron le chaînon manquant est là et la redondance aussi. Bien sûr, ces nouvelles cabines vont de pair avec un aménagement plus large du domaine. Trois nouveaux bâtiments, comme des gares couvertes, permettent de passer d’une cabine à l’autre et proposent une multitude de services : ascenseurs, consignes à ski sécurisées et chauffées, salle pour les tour-opérateurs, toilettes (qui induisent la création de station d’épuration), parkings et rampes d’accès. Le terrassement de nouvelles pistes en adéquation avec les nouvelles gares s’est aussi imposé, offrant aux skieurs un accès direct à celles-ci. Au total, les gains pour les utilisateurs sont évidents : fini l’attente aux remontées mécaniques, plus de confort avec 10 places assises dans des cabines beaucoup plus vastes contre 12 personnes debout dans l’ancien équipement.

Côté budget, l’ensemble de ces réalisations représente un investissement de 33 millions d’euros autofinancé par la Stor/Setam, tandis que la région Auvergne Rhône-Alpes a apporté en plus 10 millions d’euros de subvention.

Des enjeux pour la montagne estivale

Si les résultats hivernaux sont là, « la note de satisfaction de la nouvelle télécabine est passée de 6 à 9,5 », précise Robert Guillermet, les enjeux de tels investissements concernent également la diversification. Comme d’autres sites remarquables en France et en Italie, la Cime Caron et son environnement donneront lieu à une exploitation estivale avec balades à pied, pistes de VTT, vélo de route (un projet de pistes dédiées est en cours dans Les Trois-Vallées). « Il s’agit de marier les deux vallées de Maurienne et de la Tarentaise qui, pour le cyclisme, comptent nombre de cols mythiques ». Dans le même sens, le maire d’Orelle précise « qu’une ouverture des télécabines une journée par semaine est contractualisée pour l’été 2022 ». Une manière d’inviter les touristes à venir profiter de la beauté du domaine, également en été.

Les chiffres clés

2 télécabines

11,5 km parcourus

1 gare d’échange

2 000 personnes/heure

 

Le budget

43 millions d’euros, dont 10 millions d’euros de subvention régionale

Commune d’Orelle

Nombre d'habitants :

364

Aimé Perret

Maire

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters