En croisant les données, le Loiret identifie les zones accidentogènes de son réseau routier
Dans le cadre du projet européen Safer Roads, le Département du Loiret (45) a pu croiser les données de la gendarmerie, du Sdis45, d’assureurs et d’éditeurs de GPS. Avec à la clef une cartographie beaucoup plus précise des risques routiers et un tableau bord utile à l’ensemble des acteurs de la sécurité routière.
Pour piloter sa politique routière (3619 Km), les élus du Département du Loiret scrutent attentivement l’accidentalité. Problème : les statistiques (ouvertes) de la sécurité routière ne répertorient que les accidents graves, entrainant des morts ou des blessés. En d’autres termes, les accrochages et autres accidents mineurs n’y figurent pas. « Or on cherche à vérifier une corrélation possible entre une accumulation d’accidents matériels avec un accident corporel » explique Sandrine Gérard, directrice des services aux territoires au Département du Loiret.
De nombreuses sources de données…
C’est ainsi qu’a émergée en 2016 l’idée du projet Safer Roads, conçu dans le cadre du programme européen BE-GOOD (voir encadré). Un projet qui visait à croiser données publiques et privées pour cartographier les zones les plus accidentogènes du réseau routier départemental. Des acteurs clés en termes de production de données d’accidents de la route ont alors été sollicités. Tout d’abord la gendarmerie nationale, présente à chaque fois qu’il y a un accident grave, et le SDIS qui assure la prise en charge des blessés. Deux entités qui possèdent des bases de données fournies. Pour les accidents matériels, Thélem assurances (environ 15% du marché dans le Loiret) a accepté de mettre à disposition les données anonymisées issues des constats d’accident via leur assisteur Mondial Assistance (dépannage-remorquage) ont également pu être exploitées. Enfin, deux plateformes d’aide à la conduite, Waze (avec qui le Loiret a une convention) et Coyote ont accepté de donner accès aux signalements des automobilistes, après anonymisation.
Nettoyer et dédoublonner les données
Des données pléthoriques dont l’exploitation s’est révélée être un casse-tête. « Chaque acteur poursuit ses propres finalités – les assurés cherchent par exemple avant tout à déterminer leur responsabilité dans un accrochage – et la géolocalisation des accidents n’est pas toujours renseignée » souligne Marina Alletti, chef de projet Open data. Et si la gendarmerie a fourni un historique de 11 ans, Coyote en a pu mettre à disposition que quelques mois. Le Département du Loiret s’est appuyé sur la société Artelys pour concevoir un algorithme de retraitement des données, capable notamment d’éliminer les (nombreux) doublons et les données inexploitables, et pour élaborer une analyse prédictive du risque d’accident.
Un tableau de bord de l’accidentologie
Retraitées, plus de 24 000 données géocodées ont été restituées sous forme de cartes et tableaux de bords interactifs. Un point noir identifie les accidents mortels, un point rouge les accidents corporels, les dommages matériels, pour lesquels la localisation est moins précise, étant représentés par des traits de couleur sur une carte d’accumulation d’accidents matériels. A partir des données, une probabilité d’accidents corporels et matériels a pu être calculée comportant six niveaux de graduation. On peut constater ainsi que le périphérique d’Orléans comporte de nombreux accrochages mais peu d’accidents mortels, ces derniers étant plus présents sur les segments de routes départementales propices à des vitesses excessives. Les tableaux de bords montrent pour leur part la saisonnalité des accidents, leur répartition par type de voie (autoroute, route départementale, voies privées…), les corrélations avec la température extérieure et la nature des défaillances matérielles à l’origine des accidents.
Une plateforme réutilisable
Le projet avait par vocation d‘élaborer un prototype fonctionnel avant un éventuel déploiement. Finalisée au moment du confinement de 2020, cette plateforme n’a pas encore fait l’objet d’une large communication (c’est en cours). « En interne, l’outil peut intéresser la Direction des infrastructures, en charge des routes départementales pour prioriser les aménagements en fonction des données d’accidentologie. Il peut aussi être partagé avec les communes et EPCI pour la voirie de leur compétence, la plateforme ne se limitant pas au réseau départemental. La gendarmerie va pour sa part pouvoir mieux cibler le déploiement des équipes sur le terrain" détaille Sandrine Gérard. Le projet a un potentiel d’intérêt national et, bien sûr, européen. Le code source du logiciel développé à l’occasion du projet est en effet libre et sera bientôt mis à disposition sur GitHub. Quant au Cerema, il a manifesté un intérêt pour une solution qui challenge son propre projet de capteur embarqué à l’intérieur du véhicule. Un outil sans doute plus précis mais potentiellement plus intrusif.
Le programme BE-GOOD
Mené dans le cadre du programme de coopération territoriale Interreg North West Europe, le programme BE-GOOD (Building an Ecosystem to Generate Opportunities in Open Data) associe 8 territoires dans 6 pays (Irlande, Luxembourg, Belgique, Royaume uni, Hollande et France). Son objectif est d’utiliser les données ouvertes pour créer des services utiles et réplicables. 11 projets pilotes ont été définis, le Loiret participant à deux projets. Le développement d’un dispositif facilitant le partage d’informations sur les conditions de circulation et perturbations sur les routes du territoire loirétain, en étroite collaboration avec Orléans Métropole. Safer Roads portait sur la valorisation des données d’accidents de la route.
BUDGET total du projet Interreg NWE BE-GOOD : 7 169 168 € (couvrant les dépenses de prestations et services, masse salariale et déplacements). Pour le Département du Loiret 682 716 €
Co-financement : 60 % subvention, 40 % charge financière de chaque partenaire
Conseil départemental du Loiret
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