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"En avant" : un projet Interreg pour mettre en relation chômeurs français et entreprises flamandes

Le projet Interreg V "En avant", lancé en janvier 2019, doit permettre d'aider des demandeurs d'emploi du département du Nord à trouver un emploi en Flandre belge, malgré la barrière de la langue. Côté français, le département affiche un taux de chômage très important, alors que la Flandre occidentale connaît une pénurie de main d'œuvre et frôle le plein emploi.

Mettre en contact les demandeurs d'emploi français avec des employeurs de Flandre occidentale (province de la région flamande frontalière avec la France). C'est l'objectif principal du projet Interreg V "En avant", lancé en janvier 2019. D'une durée de trois ans et doté d'un budget de 1,16 million d'euros, dont 50% issus des fonds européens, le projet s'appuie sur le taux de chômage très bas de cette province belge (4,6%) qui connaît même une pénurie de main d'œuvre dans le secteur industriel. C'est aussi un moyen d'insérer des chômeurs du département du Nord qui, lui, affiche un taux de chômage élevé de 11,6%. "En schématisant, d'un côté de la frontière, il y a des demandeurs d'emploi, et de l'autre des offres d'emploi", détaille à Localtis Jean Rubio, chargé de mission études territoriales à la Mission opérationnelle transfrontalière (MOT) qui a aidé à la réalisation du projet.
Le projet est piloté par l'agence de développement économique  de la Flandre occidentale (POM West-Vlaanderen) et réunit différents acteurs autour de ces questions d'emploi, dont le Pôle emploi Hauts-de-France, ses équivalents en Flandre (VDAB) et en Wallonie (Forem), et la Maison de l'Europe de Dunkerque et de Flandre littorale. Le principe a été testé en 2018. L'expérimentation a permis à des allocataires du RSA motivés de se mettre en contact avec des entreprises établies en Flandre occidentale. Après huit semaines de préparation, "sur dix allocataires, huit ont trouvé un emploi dans les entreprises belges", signale Jean Rubio. Quinze allocataires du RSA suivent le même programme depuis le 15 avril 2019.

200 personnes ciblées

Dans le cadre du projet, les demandeurs d'emploi français bénéficient de sessions de coaching intensif pour leur donner des rudiments de néerlandais, des cours interculturels et une aide à la recherche d'emploi, puisque les chômeurs doivent se rendre sur place pour se présenter. Des visites d'entreprises et des "job datings" sont aussi organisés. Un accompagnement assuré par le département du Nord et Pôle emploi. "Il n'est pas nécessaire de maîtriser totalement le néerlandais, notamment pour les postes d'ouvriers, mais de connaître quelques mots pour pouvoir interagir à son poste de travail, précise Jean Rubio, en revanche plus on monte dans la hiérarchie, plus le néerlandais devient obligatoire." Un système de tutorat pour les nouvelles recrues est à l'étude. Il serait assuré par des travailleurs français déjà employés.
A noter que le projet cible aussi les jeunes wallons qui sortent de formation et qui, sans expérience professionnelle, peinent à trouver un emploi.
S'il ne concerne pas un nombre très important de chômeurs, autour de 200 Français et/ou Wallons, il pourra être expérimenté ailleurs en Europe, sur d'autres frontières, d'après la MOT qui accompagne ses 70 collectivités adhérentes dans le lancement et la mise en œuvre de ces projets transfrontaliers.
A l'heure actuelle, 24.000 travailleurs français se rendent en Belgique dont 6.000 à 7.000 en Flandre. D'autres frontières connaissent des flux bien plus importants : 100.000 travailleurs français pour le Luxembourg et la Suisse, et presque autant pour l'Allemagne. Avec des gains de salaires très importants (+46% en moyenne au Luxembourg). La tendance est à une forte augmentation de ces échanges et les infrastructures sont au point de saturation. De nombreux projets de transports voient le jour.