Emploi et formation : État et régions créent leur instance de dialogue et de pilotage du plan de relance
Élisabeth Borne et Renaud Muselier ont installé le vendredi 6 novembre le premier comité emploi formation État-régions. La ministre du Travail et le président de Régions de France comptent sur cette "instance opérationnelle de pilotage et de dialogue" pour optimiser la territorialisation du plan de relance. L’une des idées phares sorties de cette première rencontre consiste à relancer les Crefop.
La mise en place le 6 novembre 2020 du comité emploi formation État-régions fait partie des engagements prévus dans l’accord de partenariat signé entre l’État et les régions le 28 septembre dernier. Outre la création d’une instance de dialogue "où l’on peut se dire les choses", la démarche revêt un double objectif : "renforcer l’action conjointe de l’État et des conseils régionaux en faveur de l’emploi et de la formation" et "accompagner la territorialisation du déploiement des dispositifs de France Relance". C’est au final la "réaffirmation de la mise en œuvre territorialisée de l’ensemble du volet emploi-formation du plan de relance associant l’ensemble des parties prenantes (partenaires sociaux, service public de l’emploi…) autour d’un copilotage État-région", ont résumé les fondateurs de ce comité, à savoir Élisabeth Borne et Renaud Muselier, respectivement ministre du Travail et le président de Régions de France, lundi, dans un communiqué. Ce dernier a d’ailleurs insisté sur "l’impératif de s’attaquer ensemble à la crise sociale en renforçant les coordinations entre les actions de l’Etat et des régions en matière d’emploi, de formation et de développement des compétences".
Instance de dialogue entre tous les acteurs
Sans instaurer de calendrier précis, les deux partenaires ont convenu d’organiser des rencontres régulières dans le cadre de ce comité qui a d’ores et déjà concrétisé deux choses : d’une part la signature d’ici à fin novembre d’avenants aux pactes régionaux d’investissement dans la formation actant les financements supplémentaires dans le cadre de France Relance et des plans mis en œuvre dans chaque région ; d’autre part, il a permis d’obtenir "une vraie avancée" sur la nécessité d’instaurer une instance de dialogue entre tous les acteurs à l’échelon régional. "Tout l’intérêt est de sortir du fonctionnement exclusivement en silo afin d’éviter la concurrence entre les dispositifs et être plus opérationnel sur le terrain", fait valoir Régions de France.
Pour ce faire, l’idée qui se profile est de relancer les Crefop, comité régionaux emploi-formation co-présidé par l’État et les régions, avec les partenaires sociaux, dépourvus de tout leviers d’action depuis la réforme de la formation de 2017. "Le Crefop redeviendrait l’endroit où l’on discute des difficultés rencontrées par les uns ou les autres sur la formation des salariés et des demandeurs d’emplois, où l’on identifie les besoins de co-financement par rapport à des vrais problèmes de terrain", poursuit l’association des régions.
"Jamais autant d’argent mis sur la table"
Tout l’enjeu consiste, selon Régions de France, à être le plus efficace possible alors que "jamais autant d’argent n’a été mis sur la table" en matière de formation. Pour rappel, le volet emploi et compétences du plan de relance qui mobilise 15,6 milliards d’euros, s’ajoute aux enveloppes de 1,8 milliard d’euros de l’État prévus dans les pactes régionaux et de 1,6 milliard d’investissement des régions dans les formations.
Le plan "1 jeune 1 solution" accorde notamment 700 millions d’euros supplémentaires dans les pactes régionaux afin de financer 100.000 parcours de formation qualifiante ou préqualifiante. Les régions de leurs côtés déploient également des plans de relance adaptés à leurs spécificités et difficultés. Justement Valérie Pécresse attend surtout de l’État "davantage de souplesse" pour pouvoir adapter les formations régionales à la situation francilienne particulièrement impactée par les conséquences économiques de la pandémie. "Non seulement l’Île-de-France comprend 40% d’emplois cadres, mais la région capitale concentre de plus des secteurs très touchés à l’instar du tourisme, de l’événementiel, de l’aérien et de l’aéronautique", a détaillé la présidente de la région Île-de-France lors de la présentation le 5 novembre (lire ci-dessous) d’un nouvel arsenal de mesures pour contenir les effets de la crise.
La région Île-de-France mise sur les reconversions professionnelles pour limiter le chômage
L’Île-de-France pourrait dépasser la barre du million de demandeurs d’emploi d’ici à la fin de l’année. Face à cette menace, la région prend les devants en étoffant son dispositif de soutien aux secteurs fragilisés et aux salariés dont l’emploi est menacé, d’autant qu’il faut faire face à un paradoxe : "Des secteurs sont l’arrêt et à terre tandis que d’autres en plein essor peinent à recruter", a résumé Valérie Pécresse le 5 novembre. Parmi les secteurs en pénurie de salariés, figurent les métiers de la santé, du sanitaire et du social, du numérique, du BTP, de la sécurité, de la transition énergétique, de l’industrie et de l’agriculture. Pour aiguiller les formations tant des demandeurs d’emploi que des salariés dont les postes sont menacés, vers ces métiers en tension afin qu’ils se reconvertissent, la région accorde une prime de 1.000 euros aux stagiaires entrant en formation entre le 1er septembre et le 31 décembre 2020. De plus, 10.000 formations seront dispensées à distance à compter du 1er janvier 2021 (inscription avec le 1er décembre).
Afin de déployer les moyens mis en œuvre dans le cadre du Pric (plan régional d’investissement dans les compétences), soit 1,8 milliard d’euros sur 2019/2022, Valérie Pécresse souhaitait qu’ils soient mobilisables en faveur des jeunes diplômés arrivant sur le marché du travail, les salariés qui envisagent une reconversion professionnelle, les apprentis sans employeurs et les détenus. Le préfet de région Marc Guillaume a indiqué que "la situation avait été débloquée pour les jeunes et les détenus, et qu’il restait à traiter les deux autres cas". Marc Guillaume a également annoncé que dans chacun des 24 bassins d’emploi, des binômes composé d’un sous-préfet et d’un élu régional ont été créés afin de promouvoir l’ensemble des mesures du plan "1 jeune, 1 solution". Enfin, face à l’enclavement des jeunes vivant tant en banlieue qu’en milieu rural, la région capitale compte, à partir du 1er décembre, financer le permis de conduire à tous ceux qui sont inscrits en mission locale et en formation professionnelle. 60.000 jeunes en insertion en Île-de-France pourraient bénéficier de cette aide de 1.300 euros.