Élisabeth Borne chargée d'établir une stratégie nationale pour les ports français
À l'issue d'un comité interministériel sur la mer qui s'est tenu à Dunkerque ce 14 novembre, le Premier ministre, Édouard Philippe, a demandé à la ministre des Transports, Élisabeth Borne, d'établir d'ici six mois une "stratégie nationale" pour les ports français, qui peinent à faire face à la concurrence des géants européens comme Rotterdam, Anvers ou Hambourg.
"Il n'existe pas en France, alors même que nous sommes un des plus grands pays maritimes de l'Union européenne, de stratégie portuaire nationale", a déploré l'ancien maire du Havre dans son discours. Cette nouvelle stratégie visera notamment à "orienter les politiques d'investissement", afin "de faire en sorte que nous ne soyons pas laissés sans direction commune dans cette compétition avec d'autres grands ports qui sont redoutablement bien organisés", a-t-il plaidé.
Le Premier ministre a notamment affiché sa volonté de rapprocher les ports des Hauts-de-France (Boulogne, Dunkerque...), où il juge "la coopération la plus perfectible". Il a également annoncé un plan de fusion d'ici au 1er janvier 2021 des ports du Havre, de Rouen et de Paris en "un établissement public unique doté de trois implantations territoriales". Actuellement, les trois ports sont des établissements publics d'État, regroupés dans Haropa, un groupement d'intérêt économique (GIE) à présidence tournante.
Enfin, l'État va proposer mi-2019 un nouveau GIE réunissant les ports
méditerranéens : Marseille, Nice, Toulon ainsi que Sète (Hérault), Port-la-Nouvelle (Aude) et Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), a-t-il expliqué.
La volonté du gouvernement de renforcer l'économie des ports français intervient dans un contexte difficile : à la suite d'une décision de justice européenne de 2017, l'exemption d'impôt sur les sociétés dont ils bénéficiaient depuis près de 75 ans a dû être supprimée.
Les ports français du nord du pays doivent faire face aux problèmes que promettent le Brexit, en termes de contraintes logistiques notamment. Édouard Philippe a nommé le mois dernier un coordinateur pour gérer ce dossier. Si les deux grands ports français, Le Havre et Marseille-Fos, affichent un trafic en progression ces dernières années, l'absence de port français dans le top 50 mondial est souvent cité comme une des faiblesses économiques hexagonales.