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Fonction publique - Dirigeant territorial : d'un pays européen à l'autre, un métier très variable... mais la même précarité !

Si l'on voulait dessiner le portrait type du dirigeant territorial en Europe, on aurait bien de la peine à y parvenir. En effet, les différences d'un pays à l'autre sont multiples. Et ce, quels que soient les angles, comme l'a souligné Didier Duraffourg, ancien président du syndicat des directeurs généraux des collectivités territoriales à l'occasion d'une conférence organisée à Strasbourg les 17 et 18 janvier derniers par l'Union des dirigeants territoriaux européens (Udite). Cette structure créée en 1990 avait choisi pour thème de ses discussions : "L'exécutif élu et le dirigeant territorial : un binôme à l'équilibre fragile".
L'intervention du DGS de Sète a fait apparaître une carte de l'Europe coupée en deux. Au Nord, on trouve très majoritairement une fonction publique d'emploi privilégiant le recrutement contractuel. Dans ces pays, les administrateurs héritent d'importantes délégations de compétences. Ce modèle se développe aujourd'hui dans les pays de l'Est, hormis principalement la Lituanie et la Hongrie. Au Sud de l'Europe - hormis l'Italie - la fonction publique de carrière est répandue. Elle privilégie le recrutement sous statut. Les élus y acceptent moins facilement de se départir de leurs compétences.
Une autre ligne partage l'Europe : il s'agit du rôle qu'occupe le dirigeant territorial dans le management des projets et des ressources humaines. Dans ces domaines, les pays scandinaves et les Pays-Bas privilégient la concertation avec les subordonnés dans le cadre de structures de prise de décision peu formalisées. A l'inverse, les pays de l'Europe du Sud se caractériseraient davantage par le choix de processus de décision plus autocratiques accompagnés de structures de consultation davantage finalisées mais plus paternalistes.
Si elles demeurent réelles, les différences entre le Nord et le Sud de l'Europe auraient tendance à s'atténuer en raison de "l'hybridation" des systèmes de l'emploi et de la carrière. En outre, le management est aujourd'hui, dans la plupart des pays, moins directif et propice à une meilleure implication des équipes.
Qu'ils soient du Sud ou du Nord de l'Europe, les dirigeants territoriaux se retrouvent peut-être sur un point, celui de la non-politisation. En effet, sauf exception pour quelques pays de l'Europe du Nord,  plus des deux tiers en moyenne des administrateurs déclarent ne pas adhérer à un parti politique. Autre trait commun souligné par Didier Duraffourg : l'évolution du rôle du dirigeant territorial. De plus en plus, celui-ci serait "investi d'un rôle stratégique d'intégrateur et de médiateur à la position charnière qui est la sienne, à la croisée de la sphère politique et de l'administration et à la convergence des multiples champs professionnels que rassemble la collectivité locale".

 

T.B. / Projets publics


Dirigeants territoriaux : "l'emploi à vie a pratiquement disparu"

 

Pour Localtis, Didier Duraffourg analyse les particularités françaises au regard de l'emploi de ses dirigeants territoriaux.

Localtis : La France présente-t-elle des spécificités du point de vue des relations entre l'exécutif élu et le dirigeant territorial ?

Didier Duraffourg : En France, le chef de l'exécutif, qu'il soit maire, président de conseil général ou régional, cumule deux qualités : c'est le chef politique de la majorité et le chef de l'administration. Dans la plupart des autres pays européens, on ne retrouve pas cela. En France, le directeur général ne peut exister administrativement que par les délégations consenties par l'élu.

Les élections de mars prochain vont donner le coup d'envoi du "mercato". Est-ce que ce mouvement régulier et massif des postes de direction a lieu également chez nos voisins européens ?

Le mercato que l'on voit en France depuis deux à trois renouvellements n'est pas particulier à la France. Les pays anglo-saxons qui ont une tradition de contrat le connaissent bien. C'est d'ailleurs une pratique qui s'étend de plus en plus en Europe. L'un des derniers pays à "résister" est la Belgique. Mais même dans ce pays, les choses évoluent. Il y a donc un trait commun entre les directeurs généraux en Europe : la précarité, du fait que l'emploi de directeur est lié à la durée du contrat.
En France le phénomène est amplifié par la conjonction des élections territoriales avec le fait que, de plus en plus, les DG calent leur déroulement de carrière sur le calendrier des élections. Cette conjonction fait qu'on assiste à un véritable "mercato" dans les dix-huit mois qui suivent les élections.

 

 

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