Difficultés de recrutement : les préconisations du Conseil économique, social et environnemental
Le Conseil économique, social et environnemental a formulé 20 préconisations pour atténuer les tensions de recrutement. Celles-ci exigent de travailler sur de nombreux aspects, de la garde d’enfants au logement en passant par un soutien aux entreprises en matière de recrutement.
Que faire face aux difficultés de recrutement ? Loin d’être nouveau, ce problème de plus en plus généralisé (voir notre article du 5 octobre) a fait l’objet d’un nouvel avis du Conseil économique, social et environnemental (Cese), adopté ce mercredi 12 janvier. La crise a en effet exacerbé l’urgence de remédier à ce problème structurel, alors que les actifs - en France comme ailleurs - se montrent de plus en plus sélectifs quant aux offres d’emploi. La ministre du Travail, Élisabeth Borne, a salué "un document très riche qui ouvre des pistes complémentaires". Celles-ci seront étudiées, a-t-elle promis, soit en vue d’une application immédiate soit afin d’être proposées dans le cadre de la prochaine législature.
Formulées sur la commande du gouvernement, les recommandations du Cese insistent sur l’ensemble des facteurs d’attractivité des emplois. Il propose ainsi que les branches professionnelles négocient des avantages au bénéfice des salariés (chèque déjeuner, chèque mobilités, chèque logement, chèque garde d’enfants…) faisant l’objet d’exonérations pour les employeurs. Plusieurs préconisations concernent les freins périphériques à l’emploi. Outre l’augmentation des solutions d’accueil pour les jeunes enfants, le rapport réclame des mesures sur le logement social (favoriser les mobilités résidentielles des salariés travaillant dans des secteurs en tension) ; il appelle aussi les autorités organisatrices de mobilités à "veiller à la couverture en offre de moyens de transports collectifs".
Appui RH pour les entreprises
Les difficultés de recrutement "tiennent aussi à un équipement très inégal, selon la taille des entreprises, en fonctions RH et en moyens pour identifier et prospecter à la fois les besoins de l’entreprise et les compétences pour y faire face", rappelle le Cese. Un défaut qui conduit à passer à côté de candidats disponibles, ce que les services publics peinent à combler. "En 2017, le taux de recours à un intermédiaire public pour recruter ne concernait qu’un peu plus d’une entreprise sur trois et ne représentait que 13% des recrutements aboutis, avec un taux d’efficacité de 36%", relève le Cese.
Pour y remédier, l’assemblée appelle à "coordonner le service public de l’emploi et les opérateurs de compétences (financeurs de la formation auprès de entreprises) dans leurs efforts de conseil RH" auprès des employeurs. Une prestation devrait être animée au niveau des bassins d’emploi avec l’ensemble des acteurs, dont les collectivités territoriales.
"Revenu de transition écologique"
Face au problème d’accès à l’emploi de nombreuses populations (immigrés, jeunes, seniors…), le Cese insiste aussi sur le rôle des acteurs locaux en matière d’insertion. L’assemblée appelle ainsi les communautés de communes et leurs maisons de l’emploi à développer des actions de médiation avec les entreprises et habitants des quartiers prioritaires des politiques de la ville, par l’intermédiaire de financements supplémentaires dédiés aux contrats de ville.
Dans le même registre, le Cese recommande de "soutenir et démultiplier les expériences de gouvernance territoriales de nature à réduire les métiers en tension dans le contexte de la transition écologique". Inspiré ici par l’expérimentation zéro chômeur, le Cese mentionne l’exemple du "revenu de transition écologique" : expérimenté notamment par le département de l’Aude et la région Occitanie, qui consiste à verser un revenu à des personnes en contrepartie d’activité orientées vers l’écologie. Un tel dispositif devrait être financé, aux yeux du Cese, par les contrats de relance et de transition écologique.
Autre demande, le Cese appelle - une fois de plus - à "renforcer la prospective des métiers et des qualifications". Certains besoins en recrutement, notamment dans le secteur du grand âge, du travail social et de l’éducation spécialisées, seraient ainsi "insuffisamment documentés".