Des investissements télécoms toujours portés par la couverture des zones rurales
Près de 15 milliards d’euros ont été investis par les opérateurs télécoms en 2021, un record. Des investissements portés par les réseaux d’initiative public, le New Deal Mobile et la 5G. L’Arcep se focalise désormais sur la fin du cuivre.
En dix ans, les investissements dans les réseaux télécoms ont doublé pour atteindre 14,9 milliards d’euros selon l’évaluation provisoire détaillée par l’Arcep le 24 mai 2022. On pourrait cependant se situer au pic, la courbe devant naturellement s’inverser avec l’achèvement de la couverture très haut débit du territoire.
Plus de 5,6 millions de prises livrées
Plus des trois quarts de ces investissements ont été affectés aux réseaux fibre optique. Le nombre de prises livrées a atteint 5,6 millions soit presque autant qu’en 2020 (5,8 millions). "Les réseaux d’initiative publique sont le principal moteur de ce rythme en 2021 et les quatre opérateurs fournisseurs d’accès nationaux proposent dorénavant leurs offres sur la quasi-totalité des RIP", souligne l’autorité. Ces investissements s’accompagnent d’un réel décollage des abonnements. En 2021, pour la première fois, les abonnements à la fibre (14,5 millions d’accès) ont dépassé ceux aux technologies cuivre (14,4 millions). La part des abonnés à plus de 30 Mbits atteint 18,4 millions, soit 58%, au trois quarts via la fibre. La priorité de l’autorité est désormais la qualité de service de la fibre, sujet détaillé lors d’un tout récent point presse (voir notre article du 11 mai). La présidente de l’autorité, Laure de La Raudière, a par ailleurs annoncé mener une réflexion sur l’équilibre financier des RIP en phase d’exploitation, "le plan France très haut débit n’ayant prévu qu’une aide à la construction des réseaux".
1.200 sites "couverture ciblée" ouverts
Côté mobile, les investissements sont portés par le New Deal Mobile et la 5G, ceux des Tower compagnies (ou TowerCo) – ces sociétés à qui les opérateurs délèguent la gestion de leurs points hauts - étant désormais intégrés aux statistiques de l’Autorité. Depuis 2018, la part des sites équipés en 4G a quasi doublé pour atteindre 98% fin 2021, la couverture intégrale du territoire en 4G faisant partie des engagements pris par les opérateurs en 2018. 3.530 sites New Deal mobile ont été livrés en moyenne par an. La couverture ciblée, décidée avec les élus pour des sites situés en zone blanche ou grise, compte pour sa part 1.200 sites ouverts et 3.000 zones "identifiées". On rappellera que chaque opérateur est tenu d’ouvrir 5.000 sites en couverture ciblée (avec des possibilités de mutualisation) d’ici 2025. En matière de 5G, l’Arcep dénombre 28.000 sites opérationnels dont 10.600 sur la nouvelle bande de fréquence 3,5 Ghz, la plus performante. Orange et Free ont d’ores et déjà dépassé leurs engagements de montée en débit, soit au moins 240 Mbits/s pour 75% des sites fin 2022, Bouygues Télécom étant le plus en retard
Bientôt un cadre pour le cuivre
Côté chantiers, outre sa consultation sur les besoins sociétaux en matière de mobile (voir notre article du 23 mai), l’Autorité va s’atteler à parachever le cadre de la fermeture du réseau cuivre. Une réflexion alimentée par un suivi des expérimentations menées par Orange en partenariat avec ses concurrents. Après celle de Lévis-Saint-Nom (78), en zone très rurale, Orange en a lancé dans d’autres configurations sur "environ 1.2000 locaux". La fermeture du cuivre fera partie des points clés du nouveau cycle de régulation (2024-2029), en cours d’élaboration. L’Autorité s’est engagée à "prendre en compte des retours de la consultation publique" où les élus ont notamment demandé à être mieux associés à un chantier qui ne doit, selon eux, pouvoir démarrer que si le territoire concerné est fibré intégralement.
Autre dossier, l’environnement. L’Autorité va ainsi lancer une étude comparant la consommation énergétique d’un déploiement 4G à un déploiement 5G. Elle va aussi élargir son enquête annuelle "pour un numérique soutenable" aux secteurs des centres de données et des fabricants de terminaux. Elle promet enfin de traduire les premiers résultats des études menées en partenariat avec l’Ademe en écogestes, notamment à destination du grand public.
Mobile : l’Arcep favorable à la mutualisation
Laure de La Raudière a déclaré être "régulièrement interpelée par les élus sur la mutualisation" à propos de pylônes n’accueillant pas les quatre opérateurs mobiles en zone rurale. La présidente de l’Autorité a souligné les vertus de la mutualisation "en termes environnementaux mais aussi pour accélérer la couverture". Elle voit l’arrivée des TowerCo comme un facteur favorable à cette mutualisation. Selon l’Autorité, 60% des sites en zone rurale seraient aujourd’hui mutualisés pour les infrastructures passives. Celle des équipements actifs serait "généralisée" en zone très rurale et "large" hors agglomération, sans que des chiffres précis soient fournis par l’Autorité.