Emploi / Social - Des crèches "VIP" pour aider les parents à trouver un emploi
Faciliter l'accès à l'emploi des parents de jeunes enfants, notamment les mères isolées, en leur donnant une place en crèche et un accompagnement renforcé : le gouvernement entend développer les crèches à vocation d'insertion professionnelle (VIP), sur le modèle de celles créées par une association en Ile-de-France.
C'est à Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, que l'Institut d'éducation et des pratiques citoyennes (IEPC) a ouvert la première de ses dix crèches d'insertion, il y a 13 ans. Le principe : réserver des places à des parents sans activité pour une durée déterminée (au maximum six mois pour l'IEPC, douze dans le projet gouvernemental). En échange, les parents s'engagent par écrit à entrer dans un parcours d'accompagnement renforcé vers l'emploi. Si durant cette période, ils trouvent un travail ou une formation, ils gardent leur place en crèche jusqu'à l'entrée de leur enfant à l'école. Sinon, ils n'ont plus qu'un accueil occasionnel.
Sociologue urbaine de formation, la directrice générale de l'IEPC, Mara Maudet, d'origine brésilienne, a travaillé dans des quartiers prioritaires dès son arrivée en France il y a 30 ans. "J'ai observé énormément de parents - surtout des femmes seules avec des enfants -, pour lesquels une quelconque insertion professionnelle était pratiquement inimaginable, faute de mode de garde adapté", explique-t-elle à l'AFP. Ce constat lui a donné l'idée de fonder en 1989 la crèche Baby-Loup, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), avec des horaires élargis. "On ouvrait à 5h30 pour permettre aux parents, souvent des femmes peu qualifiées, de prendre le premier train pour Paris". Après avoir quitté Baby-Loup, Mara Maudet a soumis son idée de crèches d'insertion au département des Hauts-de-Seine lors d'un appel à projets innovants. "En 2003 on ouvrait la crèche Arc en Ciel, ici à Bagneux."
Dans les dix crèches existant aujourd'hui, la moitié des places sont réservées à des parents au RSA ou chômeurs de longue durée, identifiés par des réseaux d'emploi et d'insertion (Pôle emploi, missions locales, CAF...).
"Redonner confiance"
"Nous donnons rendez-vous à chaque famille individuellement une ou deux fois par semaine", explique Caroline Gallet, l'une des trois professionnelles de l'IEPC spécialisées dans les techniques de recherche d'emploi. "Parfois, des personnes ont des aspirations professionnelles trop éloignées de leurs compétences ou du marché du travail. Il faut les ramener à la réalité", ajoute-t-elle. Aide à la recherche d'offres d'emploi, à la rédaction du CV, travail sur la présentation (posture, vêtements, élocution) en vue des entretiens de recrutement... L'accompagnatrice fait beaucoup, notamment pour "redonner confiance", mais les parents ont des démarches à effectuer de leur côté entre deux rendez-vous, et ils doivent en ramener la preuve. "Je leur dis souvent que la recherche d'emploi est un travail à plein temps", souligne Caroline Gallet.
Sur les dix crèches, Mara Maudet se félicite d'un "taux de réussite de 87% : sur les 317 familles en insertion accueillies en 2015, en grande majorité des femmes élevant seules leurs enfants, 275 ont trouvé emploi ou formation".
Environ 200 crèches en France participent "d'une façon ou d'une autre" à l'insertion professionnelle des parents, indique-t-on au cabinet de Laurence Rossignol, ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes, d'après un recensement non exhaustif réalisé par la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf). Pour développer le concept tout en harmonisant les pratiques, le gouvernement s'est inspiré du modèle de l'IEPC et a établi une charte, à laquelle les crèches pourront adhérer si elles veulent avoir le label "crèche VIP". Cela leur donnera droit à des financements réservés à des projets innovants situés dans des quartiers "politique de la ville". Elles devront notamment s'engager à accueillir au moins 30% d'enfants dont les parents sont sans activité. Le projet, dont Pôle emploi et la Cnaf seront partenaires, vise 100 crèches VIP d'ici la fin 2016.