Elections - Départementales : combien de départements prêts à "basculer" ?
La droite est arrivée nettement en tête ce dimanche 22 mars au 1er tour des départementales, devant une gauche en passe de perdre la tête d'une trentaine de départements alors qu'elle en présidait 61, et un FN qui, à plus de 25%, se qualifie dans plus d'un canton sur deux.
Dans une projection établie à partir d'un historique électoral de chaque canton, l'institut Opinionway table sur 71 départements "probablement à droite", 19 "probablement à gauche" et 3 "sans majorité" (Pas-de-Calais, Vaucluse, Seine-Maritime) à l'issue du second tour dimanche prochain. Selon les estimations (chiffres non définitifs), les listes investies par l'UMP ont obtenu 32,5% des voix. Les listes ayant le soutien du PS emporteraient elles 24%. Le Front de gauche est crédité de 6,5%, tandis qu'EELV émarge à 1,9% (hors candidats communs gauche-EELV). Sur les 2.054 nouveaux cantons, 110 binômes – soit 220 candidats – de droite avaient été élus dès le premier tout, 28 binômes de gauche, 4 FN et 3 "divers".
Dans 43 départements (sur les 98 dans lesquels le scrutin avait lieu), le FN arrive en tête. Outre ses bastions du Sud-Est ou du Nord/Nord-Est, il termine premier jusque dans les Côtes-d'Armor (19%), où gauche et droite étaient divisées. Surtout, il sera présent au second tour dans près de 1.100 cantons sur environ 1.900 encore à pourvoir.
Au vu des résultats publiés par le ministère de l'Intérieur, la droite serait bien placée pour prendre à la gauche dimanche prochain au moins une quinzaine de départements : Nord, Seine-et-Marne, Pyrénées-Atlantiques, Indre-et-Loire, Ille-et-Vilaine, Territoire de Belfort, Cher, Pyrénées-Orientales, Jura, Lot-et-Garonne, Doubs, Vosges, Eure, Ain. La droite apparaît en outre largement en mesure de conserver la quarantaine de départements qu'elle détient déjà, sans concéder aucune perte.
Le FN peut pour sa part ambitionner de remporter la majorité des sièges dans le Vaucluse (où il devrait s'allier à la Ligue du Sud au second tour), le Gard, l'Aisne, l'Oise et même le Pas-de-Calais.
La gauche devrait conserver au minimum une vingtaine de départements - entre autres l'Ardèche, la Dordogne, l'Hérault, la Gironde. La gauche est aussi bien placée pour conserver la Seine-Saint-Denis. Ne garder qu'une vingtaine de départements correspondrait pour le PS au scénario du pire redouté par l'exécutif.
Enfin, le sort d'une dizaine de départements s'annonce très incertain. On citera la Corrèze, l'Essonne, les Deux-Sèvres, la Seine-Maritime, le Val-de-Marne et l'Allier - seuls départements encore présidés par le PCF -, la Saône-et-Loire, la Charente, le Finistère, le Tarn et la Loire-Atlantique.
Un électeur sur deux
"Les conditions d'un basculement massif en faveur de la droite et du centre sont réunies", s'est félicité Nicolas Sarkozy, tout en renouvelant sa consigne de "ni-ni" pour le deuxième tour, à savoir ni FN, ni PS dans les cantons où la droite est éliminée.
Premier à s'exprimer quelques minutes après 20h, Manuel Valls a pour sa part appelé tous les candidats au deuxième tour à afficher "une position claire" vis-à-vis du Front national. Et a, au passage, rappelé le rôle des départements sur les politiques touchant à "la vie quotidienne", citant "les collèges, les routes, les solidarités envers les aînés, les personnes handicapées, la cohésion entre les territoires urbains et ruraux".
L'ensemble de la gauche a finalement plutôt mieux résisté que ce que prédisaient les observateurs, avec un score cumulé de 36,2%, contre 36,5% pour le bloc de droite, selon le décompte publié dans la nuit par le ministère de l'Intérieur.
"Objectivement, chacun peut vraiment se réjouir. L'UMP parce que clairement ils arrivent à se distinguer du Front national et arriver en première position. Le FN parce qu'il progresse par rapport aux dernières élections. Et puis le PS parce que notamment le surplus de mobilisation leur a permis de passer la barre des 20%", a relevé Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion chez Harris Interactive.
Parmi les personnalités politiques candidates, le radical de gauche Jean-Michel Baylet a été réélu dès le premier tour dans le Tarn-et-Garonne, tout comme le socialiste Henri Emmanuelli dans les Landes, Patrick Devedjian (UMP, Hauts-de-Seine), Dominique Bussereau, Maurice Leroy, Eric Ciotti. Le ministre Patrick Kanner (Nord) est en ballottage favorable dans son canton de Lille, tout comme les secrétaires d'Etat André Vallini dans l'Isère et Ségolène Neuville dans les Pyrénées-Orientales.
Le second tour devrait donner lieu à 1.536 duels, 314 triangulaires et même une quadrangulaire, en Haute-Vienne. Le FN sera présent dans 772 de ces duels et dans 297 des triangulaires, soit dans plus de la moitié des cantons au total.
Ces triangulaires sur le papier ne veulent pas dire qu'il y aura effectivement trois binômes en lice au second tour dans les cantons concernés, le binôme arrivé troisième pouvant décider jusqu'à mardi soir de se retirer de la course. Certains ont d'ores et déjà annoncé un choix en ce sens, à l'instar d'Yves Daudigny, président PS du conseil général de l'Aisne, qui s'est classé 3e dans son canton. De même, dans certains duels gauche-gauche, les électeurs n'auront en réalité plus qu'un seul bulletin de vote si le binôme arrivé deuxième se retire, comme cela devrait être le cas dans certains départements franciliens. Le binôme en lice sera donc élu avec... 100% des suffrages exprimés.
Un seul canton a vu quatre binômes se qualifier pour le second tour : il s'agit de celui d'Ambazac (Haute-Vienne), où le PS est arrivé en tête (26,93%), juste devant le FN, le PCF et l'UMP-UDI (respectivement 25,32%, 24,36% et 23,39%).
Environ un électeur sur deux a boudé les urnes lors de ce premier tour des départementales. Cette abstention semble toutefois moindre que pronostiqué et qu'observé aux cantonales de 2011 (55,68%). Mais elle demeure très supérieure à celle des cantonales de 2008 (35,13%).
Si Manuel Valls s'est réjoui que "les Français aient voté plus que prévu", il a regretté qu'ils aient été encore trop nombreux à avoir "fait le choix de ne pas se rendre aux urnes" et souligné que "notre premier défi est toujours là : mobiliser les électeurs".
Quelque 43 millions d'électeurs étaient appelés à participer à ce scrutin aux règles nouvelles, organisé pour la première fois le même jour dans la France entière, sauf à Paris et à Lyon et dans une partie des outremer. Lanterne rouge de la participation, malgré du mieux, la Seine-Saint-Denis, derrière plusieurs autres départements d'Ile-de-France, comme les Hauts-de-Seine, les Yvelines, l'Essonne (35,93%).
Le degré de mobilisation dimanche prochain de ceux qui se sont abstenus ce 22 mars sera naturellement le premier facteur susceptible d'influencer le cours des choses dans tous les cantons et départements au sort incertain. Restera à déterminer en quoi le nouveau mode de scrutin a pesé sur le taux de participation, en ce sens que la réforme issue de la loi Valls devait permettre de donner plus de visibilité à ces élections, mais a dans le même temps pu dérouter nombre d'électeurs, tant par le redécoupage des cantons que par le système des binômes. Sans oublier non plus, bien sûr, de déterminer dans quelle mesure ce mode de scrutin ayant donné lieu à une campagne souvent marquée par des enjeux plus nationaux que locaux a influé sur le choix politique des électeurs.
C. Mallet, avec AFP
Ile-de-France
La gauche francilienne, qui a d'ores et déjà perdu la Seine-et-Marne dimanche, s'apprête à livrer au second tour des départementales un combat "âpre" et "rude" pour conserver le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis et l'Essonne.
Dans le plus vaste département d'Ile-de-France et le plus rural aussi, le PS, qui a recueilli 13,78% des voix, ne sera présent en ballottage que dans sept cantons sur les 23. Il arrive loin derrière le FN (31,20%) et l'UMP (26,89%). Le parti d'extrême droite sera présent dans 19 cantons dimanche prochain, dont huit où il est arrivé en tête. Trois duels l'opposeront à la gauche. "Nous aurions pu sauver des positions si nous avions trouvé l'union entre les formations politiques de la majorité", a regretté le président socialiste sortant Vincent Eblé, qui avait conquis de peu la Seine-et-Marne en 2004.
La gauche souffre également de ses divisions dans le Val-de-Marne, l'un des deux départements présidés par le PCF. Les communistes espéraient toutefois être en mesure de conserver ce fief, conquis en 1976. "Aucun candidat de gauche n'a été éliminé lorsqu'il était sortant", s'est réjoui le président sortant Christian Favier, appelant "au rassemblement de tous" face à la droite qui avait emporté 26 des 47 villes aux municipales. Dans 16 cantons sur 25, un binôme de gauche sera opposé dimanche prochain à un binôme de droite. Le Front national est présent dans cinq cantons, avec deux duels face au Front de gauche et trois face à la droite.
Même situation "âpre" et "rude" dans l'Essonne, selon les termes du président sortant et député frondeur Jérôme Guedj (PS), pour qui "rien n'est joué" face à la droite qui espère transformer l'essai des municipales et enlever ce bastion du PS depuis 1998. La gauche se maintient dans 17 des 21 cantons, le FN dans 8. Evry, terre du Premier ministre Manuel Valls, va notamment être le théâtre d'un duel entre le PS (41,80%) et le FN (20,49%). Georges Tron, maire UMP de Draveil et ancien ministre renvoyé aux assises, est arrivé en tête dans son canton. Le maire de Corbeil-Essonnes Jean-Pierre Bechter (UMP), mis en examen au côté de son suppléant et mentor Serge Dassault, dans une enquête pour achat de votes, est en ballottage défavorable face au FN.
En Seine-Saint-Denis, bastion historique de la gauche depuis sa création en 1968 et pré carré de Claude Bartolone, gauche et droite sont au coude à coude. Le PS, qui présentait des listes communes avec les écologistes dans la quasi totalité du département, est arrivé en tête dans 10 cantons sur 21, le PC, qui avait ses propres listes dans 3. Portée par ses bons résultats aux municipales, la droite s'est fixé comme objectif de s'imposer dans 11 cantons sur 21 au second tour. "Ils restent tous gagnables, on est confiant", assure le chef de file de l'UMP dans le département, le sénateur Philippe Dallier.
Dans les Hauts-de-Seine, cinq binômes de droite ont été élus dès le premier tour, dont celui du président sortant Patrick Devedjian. Un responsable de droite prédit une assemblée départementale sans aucun élu socialiste (contre 7), et une opposition réduite à 4 communistes venant des cantons de Gennevilliers et Nanterre. Un pronostic que voudrait faire mentir à Clichy-la-Garenne le seul maire socialiste du département, Gilles Catoire.
Le Val-d'Oise, ancien fief de Dominique Strauss-Kahn, est confronté à une forte poussée du FN qui sera au second tour dans 16 des 21 cantons dont Goussainville où il caracole en tête avec 32%. La plupart des duels l'opposeront à l'UMP, et 4 au PS.
Dans les Yvelines, terre de droite, le scrutin se solde par une moindre présence du FN, qui ne se maintient que dans 7 cantons sur 21, dont celui de Mantes-la-Jolie. Le président UMP sortant du conseil général Pierre Bédier y est opposé au seul maire FN d'Ile-de-France, Cyril Nauth (Mante-la-Ville).
Nord-Pas-de-Calais
Le Parti socialiste est promis à la défaite dans le Nord, où la droite est en position favorable, mais peut espérer conserver le Pas-de-Calais, tandis que le FN s'est qualifié dans la plupart des cantons des deux départements.
Eliminé dans 27 cantons sur les 41 que compte le département le plus peuplé de France, le PS va perdre le Nord qu'il contrôle depuis 1998. La qualification large de ses deux têtes d'affiche - le ministre Patrick Kanner à Lille - avec 37,6%, le président du conseil sortant Didier Manier à Villeneuve-d'Ascq avec 31% - n'y a rien fait. Le PS a fait les frais de l'absence d'alliance globale avec le Front de gauche et Europe-Ecologie/Les Verts. La droite, qui arrivait unie et revivifiée par ses succès à Tourcoing et Roubaix aux municipales, s'est qualifiée dans 28 cantons pour le second tour, où elle se présentera en position favorable. Elle affrontera la plupart du temps le FN - qui s'est qualifié dans un nombre record de 37 cantons - et peut espérer, grâce au report de voix probable de la gauche en sa faveur, remporter le département. Son champion, Jean-René Lecerf, a été élu dans son canton lillois dès le premier tour et pourrait bien devenir le nouveau président du conseil. Les socialistes ne recueillent que 21% des suffrages exprimés, distancés par le FN à 31,8% et l'UMP-UDI à 30,4%. Le Nord est par ailleurs l'un des départements qui aura le moins voté, avec une abstention de 53,2%.
Dans le Pas-de-Calais, le PS résiste et se qualifie dans 22 cantons sur les 33 pour lesquels un résultat définitif a été donné. Ses candidats affronteront au second tour de nombreux binômes FN: le parti d'extrême droite réalise un quasi sans faute en se qualifiant dans 32 cantons. Dans certains cantons, le parti d'extrême droite a frôlé les 50% de voix synonymes de victoire dès le premier tour, dans l'ancien bassin minier notamment, comme à Hénin-Beaumont (49,44%) ou à Montigny-en-Gohelle (47,88%). L'UMP-UDI, peu présente au second tour dans ce département où la droite est faible historiquement, tiendra le rôle d'arbitre. Mais l'attitude de ses électeurs sur un éventuel barrage au FN, attitude qui déterminera tout ou partie des rapports de force au conseil départemental, reste incertaine. Le suspense est d'autant plus important qu'un nombre plus élevé que prévu de triangulaires, dix, aura lieu au second tour dans le département. A moins que certains qualifiés en troisième position ne se désistent pour faire échouer le Front national, comme l'ont fait les socialistes à Avesnes-le-Comte.
Picardie
Le PS a perdu les trois départements de Picardie, l'Aisne, l'Oise et la Somme, qui ont tous placé le Front national en tête dimanche au 1er tour de l'élection départementale. Toutefois les chances du FN de l'emporter au second tour sont plus grandes dans l'Aisne que dans les deux autres départements où la droite devrait profiter de la chute du PS pour rafler la mise.
L'Aisne, aux mains du PS depuis 1998, est à la portée du Front national, qui y recueille 38,7% des voix et se maintient dans 20 cantons, ayant gagné dès dimanche le 21e, celui de Vic-sur-Aisne, une première. Il sera confronté à la gauche (31% des voix tous partis réunis) dans 15 cantons, et à la droite (près de 30%) dans 14. Le scrutin risque d'être très serré et déboucher sur un conseil départemental instable où droite et gauche réunies pourraient former des majorités d'occasion. Tout va dépendre du report des voix, voire dans certains cas du retrait d'une liste pour barrer la route à l'extrême droite, notamment dans les neuf cantons où des triangulaires s'annoncent.
Le FN sort également grand vainqueur du premier tour dans l'Oise, mais il devrait être presque partout battu au second tour par la droite avec le concours attendu de voix de gauche. A l'échelle départementale, le parti de Marine Le Pen a viré en tête, avec 35,11% des suffrages devant la droite unie, qui frôle les 30% et l'union de la gauche, qui n'obtient que près de 20%, mais totalise 31% avec les DVG. L'issue là encore dépendra surtout de l'attitude des électeurs de droite le 29 mars.
La Somme n'a pas fait exception. Alors que le taux de participation de 53,57%, supérieur à la moyenne, pouvait faire croire à une mobilisation de l'électorat de gauche, en fait le Front national est arrivé en tête avec 34,23% des suffrages. Il finit entre autres premier dans les cantons d'Abbeville 1 et 2, et Amiens 2 et 4. Malgré l'union fréquente au premier tour du PS et d'EELV, la gauche arrive troisième avec près de 29% des suffrages et ses chances de conserver le département sont désormais annihilées. Le Front national sera présent dans 22 des 23 cantons de la Somme au second tour dimanche prochain. Comme il y aura 12 triangulaires, l'issue va encore une fois dépendre du retrait éventuel de la gauche dans certains cantons.
Corse
La stabilité a prévalu dimanche en Corse avec la nette victoire de la droite en Corse-du-Sud et le succès de la gauche en Haute-Corse lors du premier tour des élections départementales.
En Corse-du-Sud, où la participation (57%) a été la plus élevée de France, les binômes UMP et leurs alliés l'ont emporté dès le premier tour dans neuf des onze cantons. La forte implantation de la droite dans le département, sur la lancée de la victoire du député UMP Laurent Marcangeli, en février à la municipale d'Ajaccio, a été confirmée. La droite, qui a mené une énergique campagne de terrain, l'a emporté dans quatre des cinq cantons d'Ajaccio et elle est en ballottage très favorable dans le dernier. Avec les deux sièges de députés, celui de sénateur, les mairies des principales villes et la probable reconduite à la tête du conseil départemental du sénateur UMP Jean-Jacques Panunzi, la droite est en position très favorable pour aborder les élections territoriales de décembre prochain. La gauche, qui n'a gagné que dans un canton, a encaissé un nouveau revers après avoir perdu toutes les élections locales et nationales, depuis 2011. Après cette défaite annoncée aux départementales, elle aura du mal à reconstituer ses forces en raison notamment de ses profondes divisions. Enfin, les deux conseillers départementaux nationalistes sortants n'ont pas été réélus.
En Haute-Corse, la gauche est arrivée en tête, s'assurant de conserver la majorité au conseil départemental. Le scrutin a été marqué par une plus faible participation qu'au Sud en raison du nouveau découpage et de la présence dans plusieurs cantons de plusieurs listes de la majorité départementale. La gauche l'a emporté avec ses alliés dans six des quinze cantons du département et elle est en ballottage favorable dans la majorité des cantons où se déroulera un second tour. Elle est en ballottage dans trois autres cantons où, particularité de ce fief du Parti radical de gauche (PRG) qu'est la Haute-Corse, le second tour verra s'affronter des candidats de gauche. C'est le cas dans le canton du Cap corse où le président sortant du conseil général, François Orlandi (PRG), devance de 66 voix un autre candidat de gauche.
A neuf mois des élections territoriales, ce résultat conforte la position du président de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), le député PRG de Haute-Corse Paul Giacobbi, dont les proches l'ont notamment emporté lors de duels fratricides et en dépit de difficultés au sein de la majorité territoriale de gauche. L'île est la seule région de France où les conseillers départementaux ne sont élus que pour deux ans et demi au lieu de six puisque les deux départements doivent être réunis au sein d'une collectivité unique en 2018. Cette réforme et le nouveau découpage imposé par l'Etat en dépit de vives protestations, à droite comme à gauche, peuvent expliquer le recul de 11% de la participation par rapport aux cantonales de 2011.
Pays de la Loire
La droite a conservé dimanche ses positions dans quatre des cinq départements des Pays de la Loire et peut espérer ravir le dernier, la Loire-Atlantique, au Parti socialiste, relégué au niveau régional derrière le Front national. L'Union de la droite est arrivée largement en tête dans la région, remportant 11 cantons dès le premier tour et comptabilisant 34,13% des voix, devant le FN (21,23%) et le PS (14,14%).
En Vendée, la droite confirme son hégémonie et totalise 44,11% des voix. Des binômes d'union ont été élus dès le premier tour dans sept cantons du département, dont ceux des deux successeurs potentiels de Bruno Retailleau, candidat de l'UMP pour les prochaines régionales, à la tête du département, Alain Leboeuf et Yves Auvinet. La gauche, qui détenait cinq sièges sur les 31 du conseil général sortant et se présentait en ordre dispersé pour ce nouveau scrutin, en raison notamment de différends entre socialistes et écologistes sur le projet d'autoroute A831, ne se maintient que dans trois cantons, les deux de La Roche-sur-Yon et celui de Fontenay-le-Comte. Le Front national réitère son score des européennes de 2014, où il avait atteint 21,93% des voix, et sera présent dimanche prochain dans cinq des cantons encore à pourvoir, dont celui de Saint-Hilaire-de-Riez, où il est arrivé en tête lors du premier tour.
Dans la Sarthe, le FN engrange 26,37% des voix, confirmant sa percée des dernières élections européennes (24,96%). Le parti sera présent au second tour dans 15 des 21 cantons, dont huit duels avec la droite, trois avec la gauche et quatre triangulaires. Le chef de file de l'UMP dans le département, le député Dominique Le Méner, qui brigue la succession de Jean-Marie Geveaux, qui ne se représentait pas, devra affronter dans une triangulaire un binôme d'union de la droite et un binôme divers gauche. La gauche, qui détenait dans le conseil général sortant 18 sièges sur 40, est éliminée dans huit cantons sur 21, mais se maintient au second tour dans les sept cantons du Mans et à La Flèche notamment.
Sans surprise, la Mayenne a vu l'élection de trois binômes de la droite centriste dès le premier tour, dont celle du président UDI du conseil général, Olivier Richefou. Le FN, qui réalise 19,70% des voix dans le département, se maintient dans quatre cantons plutôt ruraux et affrontera en duel des binômes de droite. La gauche, qui détient six des 32 sièges actuellement, est arrivée en tête dans trois cantons, notamment celui de Laval-3, où se présente l'ancien ministre et député socialiste Guillaume Garot.
En Maine-et-Loire, le Front national (22,04% des voix) sera présent sur sept cantons, soit le tiers, au second tour, dont dans trois triangulaires. La majorité départementale, si elle ne qualifie qu'un binôme dès le premier tour, conforte ses positions (37% des voix) et espère rafler quelques fiefs à la gauche, désunie, notamment à Angers. Dans le premier canton angevin, le président du conseil général sortant, Christian Gillet (UDI) est en ballottage favorable.
Le suspense demeure en Loire-Atlantique, où gauche et droite sont au coude-à-coude. Unie, la droite est arrivée en tête (33,09%), largement devant un Parti socialiste (21,48%) qui n'a pas réussi à s'allier avec Europe Ecologie Les Verts, en raison de leur opposition sur le dossier du transfert de l'aéroport de Nantes vers Notre-Dame-des-Landes. Les binômes de gauche sont arrivés en tête dans 16 des 31 cantons et les socialistes sont en position favorable pour conserver les cantons urbains, les sept de Nantes, mais pourraient perdre certains de leurs fiefs, Ancenis, Carquefou et Châteaubriant notamment. Avec 18,30% des voix, le FN talonne le PS et qualifie trois binômes au second tour, dont un qui affrontera à Saint-Nazaire-2 le président du conseil général sortant, Philippe Grosvalet.
Midi-Pyrénées
Le parti socialiste et son allié radical de gauche ont bien résisté dans leur place forte de Midi-Pyrénées, où le Front national a confirmé une poussée qui compromet les espoirs de basculement de départements en faveur de la droite, en particulier en Haute-Garonne.
Le Tarn-et-Garonne a particulièrement illustré cette double tendance: Jean-Michel Baylet, le président du PRG, y a sauvé son siège dès le premier tour avec 50,7% des voix. Son principal adversaire potentiel à la présidence du département, le PRG dissident Yvon Collin a été laminé à Montauban. Et c'est le FN qui vire en tête avec 27% des suffrages dans le département et il pourra se maintenir au second tour dans 12 des 15 cantons.
En Haute-Garonne, où l'hégémonie du PS vieille de 70 ans semblait menacée, le parti résiste fort bien avec son seul allié radical de gauche totalisant 32,8% des suffrages exprimés, devant l'Union de la droite avec les divers droite (26,93%) et le Front national (22,32%). Le PS sera partout présent au second tour alors que les candidats de la droite sont éliminés dans sept des cantons, essentiellement en zone rurale. Si l'union de la droite fait bonne figure dans la métropole toulousaine gagnée l'an dernier par Jean-luc Moudenc (UMP), dans les 16 autres cantons, hors Toulouse, elle est la principale victime de ce premier tour. Dans six cantons, le FN sera opposé en duel au candidat de la gauche. En outre, il pourra provoquer six triangulaires, une hypothèse exclue ces derniers jours encore par les responsables socialistes comme par ceux de l'UMP-UDI du département.
La capacité du FN à se maintenir au second tour est encore plus massive dans un département comme le Tarn. Il sera le seul opposant de la gauche dans 8 cantons et provoquera sept triangulaires en particulier dans le canton du président sortant Thierry Carcenac (PS). Cette configuration compliquera fortement la tâche de l'Union de la droite qui aspire à renverser le président sortant. Le député UDI Philippe Folliot élu au premier tour déclarait sobrement dimanche soir: "Nous avons des chances tout à fait raisonnables d'y arriver". La majorité des départements de la Région s'inscrivent dans la même tendance ou la majorité socialiste résiste et où le Front National prend le pas sur la droite classique.
Dans le Gers, le FN provoquera quatre triangulaires, notamment chez le président sortant Philippe Martin (PS). En Ariège, la gauche a confirmé sa mainmise sur le département, mais le FN, pour la première fois sera présent au second tour dans cinq des treize cantons.
Dans le Lot, la gauche se maintient largement en tête et a désormais pour rival principal le FN.
Seuls départements réfractaires à la poussée FN, les Hautes-Pyrénées - qui devraient rester acquises à la gauche et où le parti d'extrême-droite ne peut se maintenir que dans deux cantons sur 17- et l'Aveyron.
Ce département est traditionnellement dominé par la droite parlementaire et le FN sera absent du second tour: L'union de la droite a déjà acquis 8 cantons au premier tour et n'a besoin que de quatre victoires contre la gauche dimanche prochain pour garder sa présidence. A l'échelle de la région, contre toute attente, on pourrait compter plus de vingt triangulaires et autant de duels FN-PS. "Aucun département ne basculera dimanche prochain si la Gauche se rassemble, si tous les républicains se retrouvent pour que nos conseils départementaux poursuivent leurs politiques de solidarité et d'aménagement du territoire, avec la détermination qui doit être la leur de faire échec aux thèses du Front National", a déclaré Martin Malvy (PS) président de la région dans un communiqué.
PACA
Le FN a confirmé, dimanche, son ancrage dans le Vaucluse et le Var, en remportant un canton dans chacun de ces départements. Dans les Bouches-du-Rhône, le patron du Conseil général depuis 18 ans, l'ex PS Jean-Noël Guérini vacille.
Dans le Vaucluse, le frontiste Joris Hebrard emporte largement le canton du Pontet (58,2%) devant l'UMP Claude Toutain (25,8%) qu'il avait battu aux municipales de mars 2014 et qu'il affrontera à nouveau après l'invalidation du scrutin municipal. Le parti de Marine Le Pen est en tête dans 10 autres des 17 cantons, et l'autre parti d'extrême droite, la Ligue du sud est en tête dans deux cantons. Le 2e tour devrait donner lieu à plusieurs triangulaires. "L'objectif est atteint", a déclaré la députée FN de Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen sans toutefois crier au triomphalisme. Le président PS sortant, Claude Haut, en tête dans son canton juge pour sa part que "la majorité départementale a parfaitement résisté". Deuxième victoire pour le FN, le canton de Fréjus (Var), ville que le mouvement frontiste avait gagnée aux municipales et aux sénatoriales.
"Les bons scores réalisés dans les villes gérées par le FN sont la preuve de la réussite de la gestion locale du FN", analyse Frédéric Boccaletti, secrétaire fédéral du FN du Var, lui même en tête à la Seyne. Dans le Var où il avait son unique conseiller général sur tout le territoire, le Front est en tête dans 14 des 22 cantons en ballottage. Le parti de Marine Le Pen affrontera des candidats UMP/UDI dans 20 cantons, des candidats de gauche ne se maintenant que dans deux cantons. Les meilleurs résultats du FN "se concentrent dans le quart Sud-Est, notamment dans les villes et dans la proximité des villes qu'il gère", constate le politologue Jean-Yves Camus. Mais "est-ce que ça ne va pas en faire une force qui aura un pouvoir de gestion dans le quart Sud-Est, qui au fond sera le faiseur de roi du quart sud-est, mais qui n'atteindra pas le même niveau sur le reste du territoire"? se demande-t-il.
Dans les Bouches-du-Rhône, la forte poussée du FN explique aussi en partie le recul de l'ancien homme fort du PS local, Jean-Noël Guérini, dont l'horizon s'est singulièrement assombri après l'élimination de plusieurs candidats de sa majorité dès le premier tour. Le FN est en tête du département avec 33,5% des suffrages et n'est absent que dans un seul des 29 cantons au second tour.
Dans les 27 cantons des Alpes-Maritimes, fief de l'UMP qui n'est pas menacé de basculer, ce parti a remporté dès le 1er tour quatre cantons. Le président sortant du Conseil général, le député UMP Eric Ciotti, a été réélu dès le 1er tour. Le Front national a toutefois réussi à se qualifier pour le second tour dans les 23 autres cantons. La gauche sera présente au second tour dans seulement deux cantons.
Dans les Hautes-Alpes, la droite confirme sa bonne implantation avec 8 élus (sur 30) dès le premier tour et un FN qui peine à percer (8,89%).
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le FN, avec des candidats dans 10 cantons sur 15, a fait de jolis scores et peut semer la zizanie au 2e tour avec des duels avec la gauche dans 8 cantons sur 15. Toutefois, le président sortant du conseil général, Gilbert Sauvan (PS) a dit à l'AFP avoir "bon espoir de garder la majorité de ce conseil général à gauche". L'ancien maire de Castellane n'a lui-même que 300 voix d'avance (2.200 à 1.900) sur Jacques Boetti (UMP) dans un canton où le FN a recueilli plus de 1.000 suffrages.
Haute-Normandie
Le PS, qui détient les deux départements de Haute-Normandie, semble en passe de perdre celui de l'Eure et est en difficulté en Seine-Maritime, à l'issue du premier tour des élections départementales. Le recul des socialistes dans la région s'accompagne d'une forte poussée du Front national, particulièrement dans l'Eure, comme lors des élections européennes. Au total, le parti de Marine Le Pen est qualifié au second tour dans 47 des 58 cantons de la région (35 en Seine-Maritime et 23 dans l'Eure).
Le reflux socialiste dans l'Eure est symbolisé par l'élimination au premier tour du président du conseil général, Jean-Louis Destans, qui, avec sa binôme Pascale Perraudin, ne recueille que 20,5% des suffrages exprimés dans son canton. Il est mis hors jeu par le Front national (31%) et l'Union de la droite (28,7%). "Je paye le prix fort de la désunion à gauche", a-t-il déclaré sur France 3. Sur les 23 cantons du département, le PS, qui détient l'Eure depuis 2001, ne compte que 10 candidats qualifiés pour le second tour. A Louviers, dont Pierre Mendès France fut maire, le PS se qualifie avec 26,5%, mais derrière la droite et le FN, au coude-à-coude avec chacun 30%. Avec des scores nettement supérieurs à 30%, et plus proches parfois des 40%, le FN arrive en tête dans une dizaine de cantons. "Nous prenons des voix dans toutes les catégories de population mais particulièrement dans les cantons ruraux", a affirmé à l'AFP Timothée Houssin, secrétaire général adjoint du FN dans l'Eure, précisant que dans certaines communes rurales sa formation réalisait "des scores époustouflants". Le fort recul du PS, qui avait déjà perdu toutes les plus grosses villes du département aux dernières municipales, et la poussée du FN, devraient faire le jeu de l'UMP, dont l'homme fort est Bruno Le Maire, député de ce département. "Nous remporterons dimanche le département de l'Eure", a assuré le challenger de Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP. En cas de victoire, on s'attend à ce qu'il pousse le maire UMP de Vernon, Sébastien Lecornu, à la présidence du département, mais le leader de l'opposition de droite actuelle, Jean-Paul Legendre (DVD), entend défendre ses chances.
En Seine-Maritime, le PS, qui gère le département depuis 2004, est en position difficile. La droite est en embuscade et le leader de l'actuelle opposition départementale, Pascal Martin (UDI) est le seul élu du premier tour dans le canton de Bois-Guillaume, en banlieue de Rouen. En revanche, la députée de Dieppe Sandrine Hurel, une des figures du PS dans ce département, est éliminée dès le premier tour, avec 22,7% des suffrages, devancée par le FN et la droite. Nicolas Rouly (PS), actuel président du conseil général, est en ballottage au Grand Quevilly, base électorale de Laurent Fabius, même s'il devrait l'emporter facilement au deuxième tour dans cette commune de la "ceinture rose", autour de Rouen. La droite est en bonne position notamment dans les cantons du Havre. Le maire UMP de la cité portuaire, Edouard Philippe, proche d'Alain Juppé, a répété qu'en cas de duel entre le FN et le PS, il appellerait au front républicain. Mais tout en progressant fortement, le FN ne semble pas en mesure, comme dans l'Eure, de remporter de canton en Seine-Maritime.
Basse-Normandie
Les départements bas-normands semblaient toujours ancrés à droite dimanche à l'issue du premier tour des élections départementales, marqué par la qualification de nombreux candidats FN.
Dans le Calvados, seul département bas-normand que la gauche a espéré un temps - en 2011 - voir basculer, la droite confirme ses positions après avoir ravi Caen au PS aux municipales. Le président du département, l'UDI Jean-Léonce Dupont, en ballottage favorable, s'est félicité d'avoir réalisé un meilleur score qu'en 2011. Avec sa colistière, il affrontera un binôme FN au second tour. Le parti d'extrême droite est en position pour se maintenir au second tour dans une dizaine de cantons sur 25 dans le Calvados, département bas-normand où il est le moins ancré historiquement. M. Dupont a appelé à lui faire barrage. Dans ce département qui compte un binôme DVD élu au premier tour, le FN réalise un score de 22,91% des voix quand Marine Le Pen avait fait 13,65% aux européennes.
Dans l'Orne, département où le FN fait traditionnellement ses scores bas-normands les plus élevés, "de très très nombreuses triangulaires" s'annoncent pour le second tour, selon le politologue de l'université de Caen Christophe Boutin sur France 3 Basse-Normandie. Le FN est en position pour se maintenir dans une quinzaine de cantons sur 21. Une douzaine de triangulaires sont possibles si tous les candidats se maintiennent. "Arrêtez avec votre barrage au FN. On n'est pas là pour dicter aux électeurs ce qu'ils ont à faire", a dit l'UMP Jérôme Nury sur France 3 Basse-Normandie, où il était interrogé sur le sujet. Le binôme de M. Nury, vice-président UMP du conseil général, a été élu au premier tour. Le département compte un second binôme élu, le conseiller général DVD Christophe de Ballore et Béatrice Métayer. Dans ce département, le FN réalise 26,21% des voix alors que Marine Le Pen avait fait 30,3% aux européennes. L'actuel président du conseil général, l'ex-ministre UMP Alain Lambert est de son côté en ballottage favorable. Son binôme arrive en tête avec 33,05% des voix. Une triangulaire avec le FN s'annonce au second tour si les candidats se maintiennent.
Dans la Manche, la droite reste également dominante, même si la gauche semble se maintenir dans ses bastions du nord du département. Le FN est au second tour dans 13 cantons sur 27 pour deux possibles triangulaires, dix duels avec la droite et un avec la gauche. Le président du conseil général, Jean-François Le Grand, ex-sénateur UMP, a appelé sur Tendance Ouest les électeurs à "faire barrage" au FN. Son successeur pressenti à la tête du département, le sénateur UMP Philippe Bas, est en ballottage. Il devrait affronter au second tour un binôme FN. Ce dernier pourrait toutefois saisir le tribunal administratif car la préfecture a confirmé dimanche que les bulletins de vote de M. Bas étaient "non conformes" car imprimés avec plus d'une couleur. Sur France 3 Basse-Normandie, M. Bas a rappelé que ses bulletins avaient été validés par une commission électorale. Le département compte un binôme élu, DVD, au premier tour. Dans ce département, le FN rassemble 23,85% des voix quand Marine Le Pen avait fait 26,01% aux européennes.
Champagne-Ardenne
En Champagne-Ardenne, la droite est en position favorable pour conserver les quatre départements à l'issue du premier tour des départementales marqué par une forte poussée du FN qui arrive en tête et remporte un canton en Haute-Marne.
Le Front national fait une percée dans la Marne où il enregistre 31,91% des voix sans pour autant menacer la droite qui recueille dans son ensemble 40,33% des voix alors que le PS chute à 15,21% dans une élection marquée par une forte abstention (50,96%). Le parti d'extrême droite sera présent au second tour dans 17 cantons sur les 22 encore en lice dont 7 où il est arrivé en tête. Dans le canton de Sermaize-les-Bains, le député et conseiller général UDI sortant Charles de Courson (46,35%), pourtant habitué à être élu au premier tour, devra faire face dimanche prochain à un binôme frontiste. Le duo intégrant la sénatrice DVD Françoise Férat remporte le scrutin dès le premier tour dans le canton de Dormans-Paysages-de-Champagne.
Dans l'Aube où l'abstention a atteint 49,86%, le FN est arrivé en tête avec 34,78% des voix et se maintiendra au second tour dans tous les cantons encore en lice dans des duels avec des binômes de droite sauf à Troyes-4 où il sera opposé à un duo DVG. La droite, qui reste favorite pour conserver le département, réunit 44,48% des suffrages et compte quatre binômes élus à l'issu du premier tour.
51,28% des électeurs se sont abstenus dans les Ardennes où le Front national recueille 30,70% des suffrages mais la droite réunie totalise 41,13% des voix et est en ballottage très favorable pour conserver le département. Le FN qui est arrivé en première position à Charleville-4 devant l'UDI sera présent au second tour dans la plupart des cantons dont celui de Revin où il sera opposé au Parti socialiste. La députée UMP Bérengère Poletti et son binôme Renaud Averty ont été élus dès le premier tour.
En Haute-Marne, où l'abstention a atteint 47,08%, le FN est arrivé en tête avec 35,13% des suffrages et créé la surprise en remportant dès le premier tour le canton de Eurville-Bienville avec 50,35% face à leurs seuls concurrents DVD. Deux binômes DVD ont également été élus dans les cantons de Nogent et Châteauvillain. Les binômes frontistes seront présents au deuxième tour dans tous les cantons restant en lice dont quatre en triangulaire. A Langres, le parti de Marine Le Pen sera opposé au PS. Malgré la poussée du FN, les forces de droite UMP et UDI sont avec 44,3% des suffrages en bonne place pour obtenir la plus large majorité au conseil départemental.
Bretagne
La gauche, notamment en Ille-et-Vilaine, a relativement bien résisté face à la droite et au centre, dimanche au premier tour des élections départementales en Bretagne, où seul le département du Morbihan voit sa majorité sortante de droite confortée.
En Ille-et-Vilaine, la gauche -arrivée en tête dans 19 des 27 cantons- a fait mentir les prévisions qui la voyaient en danger, malgré un binôme de droite élu au premier tour à Vitré, celui d'Isabelle Le Calennec, porte-parole de l'UMP, avec un FN à plus de 18% au total sur le département. Jean-Luc Chenut, successeur désigné du président socialiste du conseil général Jean-Louis Tourenne, a réuni avec son binôme 44,74% des voix dimanche, et devra attendre le second tour pour fêter une victoire à portée de main. La gauche finalement se présente en bonne position pour le second tour. Le grand perdant est le Front national, à l'image de sa tête de liste Gilles Pennelle, battu dès le premier tour sur le canton de Fougères. Le FN n'aura que cinq binômes candidats, en mauvaise position, le 29 mars.
Dans le Finistère, considéré comme un bastion de la gauche, droite et gauche sont au coude-à-coude. La droite a progressé, tout comme le Front national, qui fait cependant moins bien qu'au niveau national avec 15,73% des voix. Mais les socialistes pourraient bénéficier des reports de voix pour se maintenir. Il n'y aura pas de triangulaire dans ce département, où le Parti socialiste obtient au global 33,53% des suffrages, soit mieux qu'au niveau national, contre 33,32% pour la droite. Le Front national parvient à se hisser au second tour dans un seul canton, à Brest, avec 18,41% des voix, derrière les socialistes (31,66%). Le canton de Carhaix-Plouguer, dans le centre Bretagne, voit quant à lui le binôme de candidats régionalistes Christian Troadec et Corinne Nicole, figures du mouvement des Bonnets rouges, arriver largement en tête avec 35,56% des voix devant la droite (19,04%).
Dans les Côtes-d'Armor, un autre fief socialiste depuis la fin des années 70, le parti socialiste et ses alliés (45,43% des voix) ont également maintenu leurs positions, en dépit d'une poussée du Front national qui a remporté 18,99% des voix. Le FN sera présent au second tour dans un seul canton. La droite et le centre obtiennent pour leur part 35,58% des suffrages sur le département. Le binôme de Vincent Le Meaux, chef de file des socialistes et dauphin du président sortant - Claudy Lebreton, qui ne se représentait pas, jusqu'ici président de l'Assemblée des départements de France -, est arrivé en tête dans le canton de Bégard (45,30%), devant le binôme divers droite (25,63%) et le FN (20,04%). Quant à l'eurodéputé UMP Alain Cadec, il s'est qualifié au deuxième tour dans le canton de Plérin en engrangeant 34,64% des voix, derrière le PS à 35,30%.
Terre de conquête pour la gauche, le Morbihan a vu la droite républicaine conforter ses positions, en arrivant en pole position avec 44,12% des voix au total. Les partis de la gauche, qui se présentait divisée, sont en deuxième position (35,27% des voix), devant le FN (20,61%). François Goulard, le président UMP sortant du conseil général, a d'ailleurs raté d'un cheveu sa réélection dès le premier tour dans le canton de Vannes 1, avec 49,66% des suffrages. L'union droite/centre qu'il emmenait compte un binôme élu dès le premier tour dans le canton de Grand-Champ avec 57,44% des suffrages. Dans ce département, le Front national se qualifie au deuxième tour dans quatre cantons.
Auvergne
En Auvergne, l'Allier et le Puy-de-Dôme ont résisté à la vague bleue dimanche, tandis que la suprématie de la droite ne s'est pas démentie dans le Cantal et en Haute-Loire, département marqué par une forte poussée du FN.
Dans l'Allier, seul département encore présidé par le PCF avec le Val-de-Marne, le second tour promet des duels serrés entre la majorité départementale et la droite. Loin de s'effondrer, l'ensemble de la gauche a recueilli 40,11% des voix mais est talonné par la droite (38,37%). Le FN a réuni quant à lui 21,52% des suffrages. "On nous avait annoncé un basculement à droite dès le premier tour, il n'en est rien. L'élection va se jouer sur un deuxième tour où nous avons toutes nos chances. Rien n'est perdu", a déclaré à l'AFP le président communiste sortant du conseil général de l'Allier, Jean-Paul Dufrègne, élu dès le premier tour avec 54,7% des voix dans le canton de Souvigny. Au total, 13 cantons feront l'objet de duels entre la majorité départementale et le rassemblement de droite (sous l'étiquette +Union républicaine pour le Bourbonnais+), pour trois duels droite/FN - dont deux dans les cantons de Vichy - et deux triangulaires avec le FN dans les cantons de Lapalisse et d'Huriel.
Dans le Puy-de-Dôme, la majorité départementale rassemblant des élus DVG, PRG, PS et EELV obtient 39,21% des suffrages contre 30,61% pour l'Union de la droite et 18,49% pour le Front National. "Par rapport au dernier scrutin des européennes, le Front national a tendance à régresser, de même que la droite républicaine. Quant à la gauche, elle n'est pas menacée dans le département, elle est même confortée", a estimé le président sortant du conseil général, Jean-Yves Gouttebel (PRG). Selon lui, "la droite a voulu jouer dans ces élections le troisième tour des municipales. C'est un échec total", a-t-il estimé. A Clermont-Ferrand, l'union de la gauche est en ballotage favorable dans les six cantons que recoupe la capitale clermontoise.
Dans le Cantal, l'équilibre semble inchangé, la droite gardant la main-mise sur le territoire en remportant déjà quatre cantons sur quinze, dont celui du président UMP du conseil général Vincent Descoeur, élu avec 61,32% des voix au côté d'Isabelle Lantuejoul autour d'Arpajon. De son côté, le PS a remporté le canton de Saint-Flour 2 et un autre binôme, classé sans étiquette, celui de Neuvéglise.
Enfin en Haute-Loire, l'Union de la droite (39,73%) arrive en tête au premier tour, devant le Front national qui avec 20,99% des suffrages exprimés distance le Parti socialiste (16,79%). Au total, huit sièges ont été remportés dès le premier tour par l'Union de la droite dansles cantons des Gorges de l'Allier-Gévaudon, du Plateau du Haut-Velay granitique, du Velay volcanique et d'Yssingeaux.
Centre
La gauche pourrait perdre l'Indre-et-Loire et le Cher, les deux seuls des six départements de la région Centre-Val de Loire qu'elle détenait, tandis que le Front national est présent dans plus de la moitié des cantons en ballottage.
En Indre-et-Loire, la majorité sortante menée par le PS est en grande difficulté, comme en témoigne le score de 30,60% du binôme de droite qui vire en tête devant le PS (23,52%) dans le canton de Monts, ancien fief de la ministre de la Santé Marisol Touraine. Globalement, sur le département, les binômes du Parti socialiste recueillent 21,15%, contre 35,57% pour l'Union de la droite. Au second tour, où la totalité des 19 cantons sera encore en jeu, le FN sera présent dans neuf cantons, dont trois seront le théâtre de triangulaires.
Dans le Cher également, aucun binôme ne l'a emporté au 1er tour dans les 19 cantons. La majorité de gauche sortante peut encore espérer l'emporter dans 10 cantons, mais le second tour sera très serré pour elle dans quatre cantons. Le Front National sera présent dimanche prochain dans 13 cantons, dont quatre triangulaires.
Dans les quatre autres départements de la région, la droite devrait sans surprise conforter ses positions mais doit faire face à une montée en puissance du FN.
Dans l'Indre, trois binômes de droite ont été élus dès le premier tour, dont celui du président du conseil général sortant, Louis Pinton (UMP), dans le canton de Neuvy-Saint-Sépulchre. Le FN sera présent dans sept des 13 cantons en ballottage, dont 5 duels : quatre où il sera opposé à un binôme de droite, et un à deux candidats socialistes.
Dans le Loir-et-Cher, deux cantons ont été emportés dès le 1er tour par la droite, dont le binôme du président du conseil général sortant Maurice Leroy (UDI) à Montoire. Au second tour, le FN sera présent dans onze des quinze cantons encore en jeu. Le parti d'extrême droite sera opposé dans quatre duels à des adversaires de droite, dans trois duels avec la gauche, et devrait participer à quatre triangulaires, dont l'une où deux binômes de droite peuvent se maintenir face à lui.
Dans le Loiret, la droite a remporté dès le 1er tour le canton d'Olivet et le Front national sera présent dans 16 des 21 cantons toujours disputés. Le parti frontiste participera à trois triangulaires, et sera opposé en duel dans onze cantons à des candidats de droite.
En Eure-et-Loir, où deux binômes de droite ont été élus au premier tour, le Front National sera présent dans onze des 15 cantons en ballottage, dont trois triangulaires. Il sera opposé dans sept duels à la droite, et un seul à un binôme de gauche.
Aquitaine
En Aquitaine, la gauche a déjoué les pronostics les plus pessimistes dimanche et est en passe de pouvoir conserver quatre de ses cinq départements et notamment le plus important, la Gironde, laissant peut-être seulement filer les Pyrénées-Atlantiques.
Au deuxième tour des départementales, dimanche prochain, la gauche est en passe de préserver la Gironde à la faveur de la dizaine de triangulaires où se maintient le Front national, qui a fait une poussée notable, et du report de voix d'une gauche partie souvent divisée. L'union de la droite, partie en rangs serrés (UMP-UDI-MoDem-CPNT), ne dispose elle que d'un très faible réservoir de voix. Elle est en tête dans quatre cantons de Bordeaux et enlève le cinquième dès le premier tour mais le PS devrait garder deux cantons dans la métropole. Le PS sauve les meubles dans ses bastions (Mérignac, Pessac, Sud-Gironde, etc.), mais le Front national effectue une très forte poussée dans les secteurs ruraux et arrive en tête dans quatre cantons. La gauche, si elle arrive à mobiliser les voix des écologistes, communistes et divers au second tour, pourrait trouver un successeur au sénateur PS Philippe Madrelle, qui dirigeait le département depuis 1988.
La gauche pourrait bien n'avoir gardé les rênes des Pyrénées-Atlantiques que l'espace d'un mandat tant la droite, fortement imprégnée de centrisme dans ce département où François Bayrou a arraché Pau au PS en 2014, apparaît en bonne posture au soir du 1er tour. Dans ce département dirigé par le centre-droit de la Libération à 2011, le président sortant, le socialiste Georges Labazée, ne se représentait pas. Candidat de François Bayrou et soutenu par l'UMP, Jean-Jacques Lasserre, sénateur MoDem en ballottage plus que favorable dans son canton de Bidache, est bien parti pour lui succéder.
Dans le Lot-et-Garonne, la gauche limite les dégâts et devrait rester majoritaire dans un département qui a été durant des décennies dans le giron de la droite. Celle-ci y pâtit d'une forte poussée du FN dans un département rural et agricole, où le parti d'extrême droite obtient 27% des suffrages en moyenne et sera présent dans 18 des 21 cantons au second tour! Les nombreuses triangulaires devraient toutefois profiter aux binômes de gauche. Dans le canton de Villeneuve-sur-Lot-2, le secrétaire départemental du FN, Etienne Bousquet-Cassagne, arrive en tête avec 36% des voix, devant le maire PS de la ville et conseiller général sortant, Patrick Cassany (30%). Mais ce dernier devrait bénéficier d'un important report des voix de gauche et écologistes, ainsi que d'une partie des voix des candidats UMP et divers-droite qui ne peuvent se maintenir.
En Dordogne, terre historique de gauche, la majorité départementale sortante obtient un résultat au-delà de ses espérances malgré une poussée du Front national qui est en position de se maintenir dans 10 des 25 cantons. Dans la banlieue de Périgueux, le PS et le vice-président sortant du PC sont arrivés tous deux en tête et se départageront le 29 mars. La succession de Bernard Cazeau, sénateur et président du département depuis 1993, devrait être assurée par le député PS Germinal Peiro qui a frôlé l'élection au 1er tour.
Dans les Landes, le "baron" socialiste Henri Emmanuelli, nullement émoussé par ses 33 années de règne, a été réélu dès le 1er tour, repoussant l'assaut de la droite, pourtant pour une fois unie sous la bannière du maire MoDem de Mont-de-Marsan, Geneviève Darrieussecq.
Limousin
En Limousin, "le département du président" François Hollande, la Corrèze, est sur la corde raide, la gauche étant dans l'obligation de s'unir si elle veut le garder dans son giron.
Dans ce département que François Hollande n'avait emporté qu'avec une très courte avance en 2008 et qui lui avait servi de tremplin pour l'Elysée, le socialiste Gérard Bonnet, président sortant du Conseil général, est contraint à un second tour. Il en est de même pour Bernard Combes, maire PS de Tulle: il ne lui manquait toutefois que huit voix pour être élu dès le premier tour. En revanche, la droite, "Corrèze demain", obtient déjà quatre cantons à l'issue du premier tour, dont deux qu'elle arrache à la gauche (Argentat et Malemort). La droite est en ballottage favorable dans quatre cantons, parmi lesquels Brive-2, commune perdue lors des dernières municipales par le PS. A condition de parvenir à s'unir pour le second tour, la gauche est en ballottage favorable sur neuf cantons: Allassac, Brive-La-Gaillarde-4, Haute-Dordogne, Millevaches, Naves, Sainte-Fortunade, Seilhac-Monédières, Tulle et Yssandonnais. Deux cantons sont très incertains à Brive, à l'image de l'élection dans ce département que la droite avait dirigé sans discontinuer depuis 1970 avec l'arrivée d'un certain Jacques Chirac. Contrairement à de nombreux départements français, le Front national reste globalement en retrait et ne sera présent nulle part en Corrèze au second tour, un département qui détient la palme du plus gros endettement de France.
Surprise dimanche soir dans la Creuse, traditionnel bastion de la gauche, où trois binômes de droite ont été élus dès le premier tour et où le président socialiste Jean-Jacques Lozach, qui présidait le département depuis sa reconquête en 2001, jouissait d'une majorité écrasante.
En Haute-Vienne, le Parti socialiste restait dimanche soir la force politique dominante, avec 25,54% des suffrages, devant un Front national qui frise les 20% mais semble devoir être battu partout au second tour. Pour la ville de Limoges, bastion plus que centenaire du socialisme, la récente conquête de la municipalité par l'UMP ne semble pas avoir eu d'impact majeur sur les résultats de ces élections départementales. Le PS y conserve une majorité indiscutable et le second tour ne devrait pas changer l'équilibre gauche-droite de l'assemblée départementale à venir. L'effet de seuil des 12,5% des inscrits requis pour être présent au second tour place en effet mécaniquement le PS en pole position: sur les 21 cantons du département, deux seulement (Couzeix et Rochechouart) donneront lieu à des triangulaires opposant gauche, droite et FN. Le canton d'Ambazac pourrait même donner lieu à une quadrangulaire. Dans cinq cantons, les duels opposeront le PS au Front national et dans celui de Saint-Junien, fief historique du Parti communiste, c'est le Front de Gauche qui affrontera le parti d'extrême droite. S'il devrait conserver ce canton, le Front de Gauche devrait cependant être le principal perdant du scrutin dans ce département, où le nouveau découpage l'a privé de ses bases rurales. Car en Haute-Vienne, historiquement, les campagnes sont généralement plus favorables au Parti communiste et les villes au Parti socialiste. Le canton montagnard d'Eymoutiers assistera à un duel rare entre un binôme Front de Gauche et un tandem socialiste.
Poitou-Charentes
La droite semblait bien partie à l'issue du premier tour des élections départementales pour rafler la mise en Poitou-Charentes, région où elle contrôle déjà deux départements sur quatre (Charente-Maritime et Vienne) et où elle devrait arracher les Deux-Sèvres et a une chance de l'emporter en Charente.
En Charente-Maritime, l'ancien ministre UMP Dominique Bussereau, qui a frôlé l'élection au 1er tour (47,49%), devrait continuer à siéger à la présidence du département, la droite étant en ballotage très favorable. Si le FN a fait une percée notable en recueillant un quart des voix, les électeurs ont continué à sanctionner le Parti socialiste qui avait déjà perdu aux dernières municipales les villes de Saintes et Rochefort. A La Rochelle, où la gauche partait divisée avec les héritiers du duel entre Ségolène Royal et le député Olivier Falorni, la majorité municipale, exclue du PS, se maintient dans les trois cantons de la ville, où elle sera opposée au PS dans deux d'entre eux.
Dans la Vienne, présidée par l'UMP Claude Bertaud, la droite se retrouve en ballotage favorable dans de nombreux cantons ruraux face aux candidats d'union de la gauche, qu'elle affrontera dans 14 duels (sur 19 cantons au total). Le binôme emmené par le DVD Bruno Belin emporte même son canton de Loudun dès le premier tour. Dans les quatre autres cantons, la droite se battra contre des binômes du Front national, dont deux dans des cantons de Châtellerault où le parti d'extrême droite enregistre de bons scores. A l'échelle du département, le FN dépasse 20% des voix mais ne devrait pas pouvoir emporter le moindre siège. La ville de Poitiers reste globalement à gauche, les candidats socialistes et leurs alliés arrivant en tête au premier tour dans cinq des cantons urbains.
Dans les Deux-Sèvres, l'union de la droite est en ballotage très favorable pour reprendre un département que la gauche lui avait enlevé en 2008 pour la première fois de son histoire. La droite a emporté un siège dès le premier tour tandis que dans un autre canton se tiendra l'unique triangulaire du département où le FN, arrivé en troisième position, a décidé de se maintenir. Dans les 15 autres cantons se joueront des duels gauche-droite, la droite pouvant raisonnablement espérer en gagner neuf et donc remporter la majorité. Candidat UMP à la présidence du département, l'avocat Gilbert Favreau affrontera au second tour dans le canton de Parthenay, où le PS a été sorti dès le 1er tour, une autre avocate, Laure Blouin (DVG).
Il n'y a guère qu'en Charente, où le second tour s'annonce indécis, que la gauche peut encore espérer empêcher le grand chelem de la droite en région Poitou-Charentes. L'union de la gauche, qui dirige la Charente depuis 2004, a remporté un canton dès le 1er tour et est en ballotage favorable dans sept autres. Mais la droite semble, elle, en mesure de l'emporter dans dix cantons. En position d'arbitre, le FN participera à deux triangulaires et sera opposé dans trois duels à la droite et dans un duel à la gauche. Le président sortant (PS) Michel Boutant, qui n'a pu être élu dès le 1er tour faute d'avoir obtenu 25% des inscrits, s'est dit "serein mais conscient de la situation et déterminé à se battre".
Rhône-Alpes
Le Front national a fait une percée dans le Rhône et la Loire tandis que le PS est menacé de perdre, au profit de l'UMP, les départements de l'Ain, de la Drôme et surtout de l'Isère, fief d'André Vallini.
Arrivé largement en tête dans son canton de Tullins où il affrontera le FN au second tour, le secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale risque de voir le département qu'il avait conquis en 2001 revenir à la droite. Le PS est éliminé dans une dizaine de cantons, qui verront s'affronter l'UMP et le FN. Le président sortant du conseil général, le socialiste Alain Cottalorda qui a remplacé M. Vallini à la tête de la collectivité en juillet 2014, a été éliminé dès le premier tour dans son canton de Bourgoin-Jallieu, où il est devancé par l'UMP et le FN. "André Vallini et le PS ont perdu le département. Ce soir, on a tracé l'esquisse de la victoire", s'est félicité le député UMP Jean-Pierre Barbier, président pressenti du conseil général en cas de victoire de la droite.
Dans la Drôme où le président sortant Didier Guillaume (PS) ne se représente pas, l'UMP est également en bonne position pour reprendre le département. Le président du groupe socialiste au Sénat a critiqué la dispersion des voix de gauche au premier tour et appelé à "tout faire pour que l'extrême droite n'ait pas de conseillers" dans cet ex-bastion de la gauche. Le FN arrive en tête dans trois cantons du sud du département, à Montélimar 1 et 2 et dans celui de Grignan.
De l'autre côté du Rhône, l'Ardèche était elle aussi susceptible de basculer à droite mais le président sortant Hervé Saulignac, qui arrive en tête dans le canton de Privas avec 41,5% des voix, a pronostiqué une victoire du PS. "Dimanche prochain très probablement le conseil général restera à gauche", a-t-il déclaré sur France 3. Le Premier Manuel Valls qui s'était déplacé vendredi dans ce département rural pour son dernier meeting de l'avant-premier tour n'aura peut-être pas fait le déplacement pour rien même si le FN arrive là aussi en tête de toutes les autres formations politiques avec 23,97% des suffrages.
Désormais essentiellement rural depuis sa séparation au 1er janvier avec la Métropole de Lyon, le nouveau Rhône enregistre une forte poussée du Front national qui se maintiendra dans 12 cantons sur 13. Le parti de Marine Le Pen arrive en tête avec 28,61% des suffrages dans ce fief centriste qui pourrait néanmoins basculer dans l'escarcelle de l'UMP dimanche prochain compte tenu des duels et des triangulaires. "Le premier parti du Rhône, c'est l'UMP", a ainsi claironné le président du parti dans le département, Philippe Cochet. Le FN arrive néanmoins en tête dans trois cantons dont celui de Villefranche-sur-Saône.
Dans le département limitrophe de la Loire, le FN réalise également une percée historique avec 30,38% des suffrages, à la "surprise" du président sortant du conseil général, l'UMP Bernard Bonne. Secrétaire départementale du parti d'extrême droite, Sophie Robert a fait part de son "espoir" d'avoir des élus FN. Au second tour, le parti est en position de se maintenir dans 18 cantons sur 21 dont neuf duels.
A gauche seulement depuis 2008, l'Ain devrait rebasculer à droite dimanche prochain. Chef de file de l'opposition, le député Damien Abad a appelé sur France 3 à "transformer l'essai".
En Savoie, le président sortant Hervé Gaymard (UMP) est en ballottage favorable. L'éphémère ministre des Finances obtient 55,55% des suffrages dans le canton d'Albertville-1 mais ne réunit pas 25% des inscrits nécessaires pour être élu dès le 1er tour.
La Haute-Savoie enfin conserve son ancrage à droite.
Bourgogne
La droite, arrivée en tête dimanche au premier tour des élections départementales en Saône-et-Loire, pourrait ravir ce département à la gauche, tandis que dans l'Yonne, la Nièvre et la Côte-d'Or le FN a fait une large poussée.
En Saône-et-Loire, département qui fut dirigé par l'ancien ministre Arnaud Montebourg, le chef de file de la droite Alain Accary s'est targué d'avoir enregistré "de très bons scores" dimanche. La droite est seule à se maintenir au second tour dans sept des 29 cantons. Ce cas de figure ne se présente que dans un canton pour la gauche. Huit triangulaires, dans lesquelles s'opposeront des binômes de gauche, de droite et du FN, sont prévues dimanche. Le président PS sortant du conseil général Rémi Chaintron, lui-même en ballottage défavorable sur le canton de Louhans, a fait valoir dimanche soir sur France 3 que "sur les huit triangulaires, il y en a(vait) six où le PS (était) en tête". "Ce qui m'importe, c'est que la majorité reste à gauche et la majorité tient plutôt bien", a-t-il ajouté. Deux binômes de droite à Charolles et Chauffailles ont été élus dès le premier tour, ainsi qu'un binôme de gauche à Cluny. A Autun-2, le binôme socialiste a frôlé l'élection dès le premier tour. Dans le canton de Saint-Vallier, le binôme du Front de Gauche est le seul à pouvoir se maintenir au second tour.
Dans la Nièvre, ancien fief de François Mitterrand et bastion socialiste, le FN a devancé avec 26,14% des voix le PS (20,72%) et l'UMP (14,03%) sur le département. A Château-Chinon, le président PS de l'assemblée départementale Patrice Joly se trouvera au second tour face à un binôme frontiste. Sept autres cantons seront le théâtre de duels opposant le FN soit à un binôme de droite soit à un duo de gauche et cinq autres cantons donneront lieu à des triangulaires.
Dans l'Yonne, le FN sera présent au second tour dans 19 cantons sur 21. Le parti de Marine Le Pen est notamment assuré de remporter le canton de Saint-Florentin, où le binôme frontiste sera seul dimanche prochain. Outre les quatre triangulaires, le binôme FN sera opposé à un binôme soutenu par la majorité départementale de droite dans onze cantons. Trois duels confronteront le FN à la gauche. Sur le canton de Gâtinais-en-Bourgogne, le binôme UMP a été élu dès le premier tour.
En Côte-d'Or, la majorité de droite s'est hissé en tête du scrutin, où le parti frontiste est parvenu à se maintenir au second tour dans 14 cantons sur 23. Le président UDI du conseil général François Sauvadet partira en ballottage favorable face à deux candidats FN sur le canton de Semur-en-Auxois, considérant la percée du parti frontiste comme "l'expression d'une colère". "Le PS a là-dedans une large responsabilité", a-t-il déclaré à l'AFP, précisant que la gauche avait été "éliminée dans un tiers des cantons" en Côte-d'Or. "Je ne souhaite pas qu'il y ait de conseiller départemental FN en Côte-d'Or. Le vote FN ne conduit nulle part", a-t-il dit, appelant les électeurs à la "mobilisation" et la "responsabilité".
Alsace
Des face-à-face entre la droite et le FN: c'est le scénario qui s'impose dans la grande majorité des cantons alsaciens à l'issue du premier tour des élections départementales, marquées par un recul des socialistes.
Comme souvent, Strasbourg fait office d'exception électorale dans la région largement dominée par la droite: des candidats socialistes s'y sont qualifiés pour le deuxième tour dans les six cantons, face à quatre binômes de droite et deux binômes FN. Dans la périphérie du bastion socialiste strasbourgeois, deux élus PS sortants ont en revanche été éliminés dès ce premier tour à Illkirch-Graffenstaden et à Schiltigheim, poussés vers la sortie par le FN, qui affrontera au second tour des binômes composés de candidats centristes et UMP. Le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, a appelé "partout dans le Bas-Rhin où il y a un duel droite républicaine contre le FN, à se mobiliser et à choisir le candidat républicain". Dans la deuxième plus grande ville de la région, Mulhouse (Haut-Rhin), la poussée frontiste a aussi balayé les espoirs des candidats socialistes, tous éliminés dès le premier tour, imposant trois duels UMP/FN, comme dans les trois quarts des cantons de la région.
Au total, dans le Haut-Rhin, il n'y a guère que deux cantons sur 17 où des candidats de gauche pourront se présenter au second tour dimanche prochain. Un binôme de gauche (PS-EELV) pourra participer sans trop d'espoirs à une triangulaire à Sainte-Marie-Aux-Mines, tandis qu'à Wittenheim un binôme divers gauche affrontera un FN qui a attiré près de 40% des suffrages exprimés lors de ce premier tour. C'est dans le Haut-Rhin que se trouve le seul binôme élu dès le premier tour en Alsace, dans le nouveau canton de Brunstatt, où un candidat sans étiquette et une candidate UDI ont largement devancé leurs adversaires FN et PS. "Le premier enseignement que l'on peut tirer (de ce premier tour) est l'effondrement du Parti Socialiste", a commenté l'ancien ministre UMP Philippe Richert. Quant aux cantons où le FN est arrivé en tête, "c'est le plus souvent en raison d'une division de la droite", a estimé le président du conseil régional dans un communiqué. Le parti régionaliste Unser Land, qui avait présenté des candidats dans près de la moitié des cantons alsaciens, n'a pas réussi à se qualifier pour un second tour, mais ses scores ont souvent frôlé les 15% des suffrages exprimés.
Franche-Comté
Le Front national s'est qualifié dimanche pour le second tour des départementales dans la grande majorité des cantons de Franche-Comté, région où le PS pourrait céder à la droite trois des quatre départements qu'il détient actuellement. Dans l'ensemble des quatre départements franc-comtois, le FN effectue une très importante poussée, en se qualifiant pour des triangulaires dans 28 des 62 cantons. Lors des cantonales 2011, le PS avait emporté les quatre conseils généraux de la région. Mais au soir du premier tour des départementales 2015, les socialistes étaient en difficulté dans le Jura, le Doubs et le Territoire-de-Belfort. Seul le département de la Haute-Saône semblait en mesure de rester dans le giron du PS. En Franche-Comté, les électeurs se sont globalement plus déplacés aux urnes en 2015 qu'en 2011.
"Les choses sont assez nettes en Haute-Saône", avec des candidats PS qualifiés dans 15 sur 17 cantons, a constaté le président PS du Conseil général Yves Krattinger sur France 3 Franche-Comté. Dans les deux cantons de Vesoul, où le PS a été éliminé dès le premier tour, il a appelé à voter pour les "candidats républicains".
Dans le Doubs, le FN s'est qualifié dans 14 des 19 cantons, arrivant en tête dans quatre d'entre eux, dont celui d'Audincourt, principale commune de la 4e circonscription du Doubs où le FN était arrivé au second tour de la législative partielle de février. La gauche est arrivée en tête dans seulement quatre cantons, dont celui du nouveau député PS Frédéric Barbier, contre 11 pour la droite, qui espérait faire basculer le département dimanche prochain. Le FN sera également au second tour dans 13 des 17 cantons du Jura et prendra part à cinq duels. Un binôme divers droite a été élu dès le premier tour dans le canton de Champagnole (Jura), où la droite arrive en tête dans 12 des 16 cantons restants.
La gauche, qui sera absente de quatre cantons au second tour des départementales, risque de perdre la tête du Jura, qu'elle avait arraché de haute lutte à la droite en 2011.
Dans le Territoire-de-Belfort, le Front national se qualifie dans 7 des 9 cantons, terminant en tête à deux reprises. La gauche n'arrive en tête que dans un canton, contre six pour la droite. "Nous sommes en mesure de reprendre le conseil général", affirme le candidat et député-maire UMP de Belfort, Damien Meslot. Mais selon le président de l'assemblée sortante, Yves Ackermann, "la gauche peut l'emporter", si "les républicains se ressaisissent" au 2e tour.
Lorraine
Le PS a subi dimanche une déroute au premier tour des départementales en Lorraine, mais garde néanmoins l'espoir de conserver son unique bastion lorrain, la Meurthe-et-Moselle, sur fond de forte percée du Front national. La droite UMP/UDI semblait pour sa part en mesure de conserver sa majorité dans les trois autres départements lorrains.
En Moselle, la droite s'est qualifiée dans 20 cantons sur 27 - la plupart dans le cadre d'un duel avec le FN, qui a recueilli 32% des voix dans l'ensemble du département. Le parti de Marine Le Pen s'est qualifié dans 24 cantons sur 27, dont 15 où il est arrivé en tête. Il peut espérer plusieurs victoires dimanche prochain, dont celle du maire de Hayange Fabien Engelmann, qui a frôlé les 40% des voix et affrontera au second tour un candidat divers gauche. Dans ce département à forte tradition ouvrière, la gauche ne s'est qualifiée que dans neuf cantons sur 27 et a été éliminée dans plusieurs de ses bastions historiques. Le maire de Metz, Dominique Gros, sauve toutefois l'honneur du PS: arrivé en tête dans son canton de Metz-1, il est bien placé pour l'emporter face au FN.
La gauche a bien résisté également en Meurthe-et-Moselle, un département qui lui est acquis depuis 1998. Elle s'y maintient dans 21 cantons sur 23, en particulier dans l'agglomération de Nancy. Le jeune président sortant du conseil départemental, Mathieu Klein, 39 ans, qui succédait à Michel Dinet, part en position favorable à Nancy-2, où il a recueilli 43% des voix, contre 29% à un binôme UDI. Pour autant le deuxième tour s'annonce très ouvert dans ce département que les états-majors des partis estiment "basculable" à droite: la future majorité ne devrait tenir qu'à un ou deux sièges. Mais le FN, qui talonne ou devance souvent la droite unie UMP-UDI-MoDem, pourrait jouer les trouble-fête: dès le premier tour la droite a ainsi été éliminée dans 9 cantons sur 23, notamment à Toul, le fief de Nadine Morano.
Dans les Vosges, une terre de droite dirigée pendant près de 40 ans par l'ancien président du Sénat Christian Poncelet, trois cantons ont été conquis par des binômes divers droite dès le premier tour. La gauche, de son côté, ne peut se maintenir que dans 5 cantons sur 17. Le FN, qualifié dans 12 cantons, peut espérer au moins une victoire.
Enfin, dans le département rural de la Meuse, la droite a conquis deux cantons sur 17 dès le premier tour, et s'est qualifiée dans tous les autres pour le second tour. La gauche, en revanche, n'est qualifiée que dans neuf cantons sur 17, dont cinq dans le cadre d'une triangulaire avec la droite et le FN.
Source AFP